Ne pas empêcher la pratique des droits ancestraux des Innus et des autres Premières Nations, ne pas procéder à des actes de destructions des biens ou aménagements sur le territoire commun et ne pas affirmer que les autres nations ne détiennent aucun droit ou titre exclusif, ni titre aborigène sur le territoire, telles sont les demandes faites à la Cour par Mashteuiatsh envers la nation huronne-wendat, en lien avec les événements de vandalisme survenus en juin 2022, dans la Réserve faunique des Laurentides.
À l’époque, deux terrains situés dans un secteur où des familles innues prévoyaient construire des chalets ont été saccagés. Sur les lieux des méfaits, on pouvait lire un message identifié avec l’en-tête du conseil de bande de la nation huronne-wendat : « Veuillez prendre note que vous n’êtes pas autorisés à vous installer sur notre territoire, le Nionwentsïo. »
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Lorsque le chef innu, Gilbert Dominique, a posé des questions à son homologue de Wendake, ce dernier n’a pas nié les faits, référant à une lettre envoyée quelques semaines auparavant, qui stipulaient que la nation huronne-wendat allait prendre des actions pour faire respecter « son » territoire qu’il juge « exclusif ».
Des pourparlers ont eu lieu entre Wendake et Mashteuiatsh depuis les événements, mais la nation huronne-wendat a refusé de s’engager à faire des actes de réparation, a précisé Jonathan Gill-Verrault, le conseiller désigné Droits et protection du territoire de Katakuhimatsheta, le conseil des élus de Mashteuiatsh. « Avant d’entamer un dialogue de nation à nation sur le partage du territoire, on souhaite que les Hurons-wendat reconnaissent les torts commis, a-t-il mentionné en entrevue. Faute d’une réponse constructive, on n’a pas eu le choix de procéder avec le recours judiciaire ».
« Nous aurions préféré éviter les poursuites judiciaires, a mentionné le chef Gilbert Dominique par voie de communiqué. Nous avons déposé ce recours parce que nous devons nous assurer que les Pekuakamiulnuatsh sont respectés lors de la pratique d’ilnu aitun sur Nitassinan. Nous adhérons au principe de l’unité entre Premières Nations et nous espérons toujours régler ce différend. »
Dans ce communiqué, les Pekuakamiulnuatsh soulignent qu’ils ont toujours fait preuve d’ouverture envers la Nation huronne-wendat pour tenir des discussions sur les enjeux territoriaux, comme elle le fait avec d’autres Premières Nations ou nations. « Par contre, les actes de saccage sont inacceptables, peut-on y lire. Des excuses et un dédommagement sont réclamés à la nation huronne-wendat avant d’ouvrir un dialogue autour de ces questions territoriales. »
Dans le recours, Mashteuiatsh demande au juge d’affirmer que la nation huronne-wendat n’a aucun titre exclusif sur le territoire qu’ils appellent le Niowentisio et que ces derniers ne peuvent empêcher la pratique des activités ancestrales des Innus de Mashteuiatsh, Pessamit et d’Essipit sur cette portion de territoire, explique Jonathan Gill-Verreault. « On exige des excuses formelles, et un remboursement des frais encourus par nos membres pour réparer les terrains saccagés », a-t-il dit, ajoutant que les frais s’élèvent à près de 90 000 dollars.
Cette reconnaissance et ces indemnités sont nécessaires avant d’entamer des négociations territoriales. « On a fait la preuve qu’on est capable de s’entendre avec d’autres nations, comme ce fut le cas en 2018 avec les Cris et en décembre dernier avec Pessamit, a ajouté le conseiller. On est prêt à entamer un dialogue constructif comme à l’époque sans entremise, mais on doit s’assurer que toutes les parties sont de bonne foi. »