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L’impressionnant lion de montagne

Comme c’est le cas chez les autres félins, le cougar a une vue très développée. Ses larges yeux, dotés d’une membrane spéciale nommée le <em>tapetum lucidum</em>, lui permettent de chasser même de nuit. Lorsqu’ils les nourrissent du haut des passerelles, les gardiens animaliers s’assurent donc de bien capter leur attention, car les cougars risquent de gaspiller leur repas s’ils ne le voient pas.

CHRONIQUE / D’une région à l’autre, il arrive que l’humain donne différents noms aux animaux. On peut penser à la marmotte, que plusieurs vont surnommer siffleux, ou à la bernache du Canada, que l’on nomme parfois à tort une outarde. Afin d’éviter les confusions, lorsqu’ils veulent être certains qu’ils réfèrent au même animal, les scientifiques utilisent ce que l’on appelle un nom binominal, souvent surnommé « nom latin ».


Ce terme est utilisé, car souvent, en effet, il a des origines latines, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, certains noms binominaux peuvent avoir des origines grecques, ou même référer à des chercheurs. Dans tous les cas, cependant, ils sont composés de la même manière. Chaque nom binominal est formé de deux mots : le genre et l’espèce de l’animal. Par exemple, dans le cas de l’ours blanc, on parlera de Ursus maritimus. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il existe des règles lorsque l’on utilise ces noms ! En effet, la pratique veut que la première lettre du genre soit une majuscule, et que l’ensemble soit en italique.

Cela peut paraître complexe, mais c’est fort pratique pour bien classer les animaux. D’ailleurs, une espèce au Zoo sauvage est réputée pour avoir plusieurs noms. Il suffit de se tenir dans le secteur des Montagnes Rocheuses et de porter une oreille attentive pour entendre les différents noms que l’on donne à celle-ci : cougar, puma, lion de montagne, panthère… c’est un animal qui ne manque pas de surnoms. En fait, il a été nommé mammifère ayant le plus de noms par le célèbre livre des records Guinness !



Au final, tous ces noms réfèrent à la même espèce, Puma concolor, que nous nommons principalement cougar au Québec. On en trouve cinq individus au Zoo sauvage : trois mâles et deux femelles. Mais qu’est-ce que le cougar, exactement ? Il s’agit du plus grand félin au Canada. Les mâles peuvent peser jusqu’à environ 120 kg et faire plus de deux mètres de long en incluant la queue, qui compte pour environ le tiers de sa longueur totale.

Malgré sa taille, il est considéré comme un petit félin, appartenant à la même sous-famille que le lynx et le chat domestique, la sous-famille des félinés, par opposition à la seconde sous-famille de félins, celle des panthérinés, qui regroupe notamment le tigre et le lion. Parmi les distinctions que l’on va noter entre les deux, ce qui marque le plus est évidemment la capacité à rugir. En effet, alors que les gros félins comme le lion poussent de puissants rugissements, les « petits » comme le cougar en sont incapables.

Cela n’empêche pas le cougar d’être un excellent prédateur, et il peut s’en prendre à des proies qui font jusqu’à huit fois sa taille, comme l’orignal ou le wapiti. De manière générale, au Canada, il se nourrit surtout de cerfs de Virginie, de chèvres des montagnes ou de rongeurs, mais il a une diète assez variée et peut consommer de nombreuses proies. C’est un animal qui s’adapte à une grande gamme d’habitats, un trait qui l’a aidé à peupler une très grande partie de l’Amérique. Alors que l’on pense souvent aux montagnes d’Amérique du Nord, particulièrement aux Rocheuses, lorsque l’on parle de cougar, on le trouve en fait du nord du Yukon jusqu’au sud de l’Amérique du Sud. Il habite donc aussi bien les sommets enneigés que les forêts tropicales du continent.

Au Québec, le cougar a un statut particulier. C’est un sujet qui revient d’ailleurs souvent devant notre habitat ! En effet, alors que plusieurs rapportent le voir, peu de traces de sa présence sont retrouvées, si bien qu’il n’y a pas de consensus exact par rapport à sa situation précise. S’il demeure possible que certains individus aient foulé le sol de la province, une chose paraît claire : il n’y a aucune preuve scientifique qui démontre l’existence d’une population viable sur le territoire.



Une chose est sûre : c’est un animal méconnu et très subtil. Grâce à son pelage fauve et à sa furtivité, il est facile pour lui de passer inaperçu, d’autant plus qu’on le confond souvent avec de nombreux animaux. Au moins, on peut se consoler. Malgré la pluie de noms qui lui sont donnés, on peut toujours s’entendre pour le nommer Puma concolor.

Saviez-vous que?

Le cougar est un très proche parent du guépard. Comme lui, c’est un bon sprinteur et, bien qu’il ne soit pas aussi rapide que son cousin, il peut tout de même atteindre des vitesses allant jusqu’à 72 km/h, en plus d’être un excellent sauteur. Même s’ils n’ont pas à chasser au Zoo, on peut parfois observer leurs prouesses, notamment lorsqu’ils reçoivent des enrichissements en hauteur.

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David Pagé est directeur conservation et éducation au Zoo sauvage de Saint-Félicien.

Comme c’est le cas chez les autres félins, le cougar a une vue très développée. Ses larges yeux, dotés d’une membrane spéciale nommée le tapetum lucidum, lui permettent de chasser même de nuit. Lorsqu’ils les nourrissent du haut des passerelles, les gardiens animaliers s’assurent donc de bien capter leur attention, car les cougars risquent de gaspiller leur repas s’ils ne le voient pas.

+ EN VEDETTE

Nom : Vénus

Espèce : cougar



Nom binominal : Puma concolor

Ordre : carnivores

Famille : félidés

Sexe : femelle

Âge : 6 ans

Tempérament : ne s’en laisse pas imposer

Aliment préféré : capelan

Activité préférée : grimper

Secteur au zoo : montagnes Rocheuses