C’est durant la crise sanitaire, au fil de la composition des chansons, que son instinct de chasseur est apparu, en même temps que cette envie de s’évader de son écran d’ordinateur. « J’avais le goût de partir dans la nature, de me transformer », image l’auteur-compositeur-interprète né « entre Laval et Alma ».
Sa transformation est bien amorcée dans le clip accolé à ce premier extrait, où on le voit, coiffé de bois, dans une forêt en noir et blanc – et vert –, chanter sur un arrangement dit minimaliste et réalisé, comme le reste, par son cousin, l’artiste Fred Fortin.
Cervidés, qui est en fait le nom choisi pour tout l’album, en est un riche de sens. « C’est un peu comme le mélange entre l’humain et l’animal. C’est l’idée de la chasse. […] L’idée de la famille aussi un peu, vu qu’on était quand même assez encloîtrés [durant la pandémie], mais qu’on avait la famille pour se tenir. Les cervidés, ça se tient toujours en famille, c’est ça qui les rend forts. »
Le territoire de chasse de Briche, délimité par les six autres chansons qui seront dévoilées le 24 février, ratisse large. Luap, comme dans Paul [McCartney] à l’envers, est par exemple née d’une étincelle suscitée par un documentaire sur les Beatles, mais parle d’amour. Mère guerre, à l’inverse, parle de l’Ukraine, « sans dire l’Ukraine », et d’un monde qui change.
Puis, entre ces deux extrêmes, il y a d’autres avenues explorées par l’auteur-compositeur-interprète, sans que les thèmes de l’amour et de la chasse ne soient jamais bien loin.
Cet album, qui sera symboliquement lancé trois ans jour pour jour après le EP précédent, 50 Milles, est plus long d’une chanson, et un peu « moins country ». Il se veut en quelque sorte « un moment capté », puisqu’enregistré sur une période de quelques jours seulement, au chalet de Fred Fortin.
C’est ce dernier qui réalisé le tout, « emballant » la voix et la guitare acoustique de Briche d’un peu de basse, de batterie et d’un soupçon de clavier.
« Il m’avait demandé de faire des plans d’agrandissement de son studio, alors on a fait du troc ! Ça s’est fait de même, c’est vraiment une affaire de famille », explique Briche en riant, lui qui travaille comme chargé de projet pour un bureau d’architectes à Montréal.
« Au début, je lui ai dit que je voulais faire un album quasiment guitare sèche-voix. Mais à partir de là, je l’ai laissé aller. Il écoutait les tounes et il partait. Il disait : “On fait ça, ça, ça.” Donc, il y a quand même un peu de lui là-dedans. »
Même s’il ne se décrit que comme un « gratteux » de guitare, la musique prend de plus en plus de place dans la vie de Dominique Potvin, depuis la sortie de son EP en 2020. « Là, c’est comme devenu égal à ma job », dit-il.
Celui qui est né à Laval, mais qui a grandi au Lac-Saint-Jean, compte d’ailleurs lancer son nouvel album comme il se doit, sur scène, alors qu’il proposera du même coup un vinyle réunissant d’un côté les titres de Cervidés et de l’autre ceux de 50 Milles.
« La pochette est dédiée juste à Cervidés, mais j’avais le choix, alors je me suis dit que ça valait la peine. »
Tout dépendant des réactions suscitées par son nouvel opus, Briche aimerait bien traîner ce trophée dans la région de son enfance, dans le coin d’Alma et de Chicoutimi, pour quelques spectacles. « Il y a de bonnes chances que j’y aille, mais je ne peux pas dire de dates. Peut-être en avril, au printemps, quand les bourgeons sortent », conclut-il.