Une première série Web pour Mélanie Saint-Germain

C’est dans sa résidence de Dolbeau-Mistassini que la cinéaste d’animation Mélanie Saint-Germain crée sa première websérie, intitulée <em>Bon....</em> Ses cinq épisodes seront diffusés en avril, sur une plateforme opérée par Télé-Québec.

Il ne restera plus beaucoup de neige dans les rues de notre région, le jour où Télé-Québec diffusera la première websérie conçue par la réalisatrice Mélanie Saint-Germain. Intitulée Bon..., comme dans « Bon... Elle est féministe », cette production comprenant cinq épisodes d’environ deux minutes chacun sera en effet proposée en avril.


Comme ce fut le cas dans Elles, son court métrage sorti à la fin de 2021, l’adepte du cinéma d’animation produit toutes les images dans sa résidence de Dolbeau-Mistassini. Elle les crée à partir de photographies auxquelles se sont prêtés les comédiens Bruno Paradis et Émilie Gilbert-Gagnon. On n’entendra pas leur voix, mais d’une manière très originale, ils interprètent chacun des rôles.

« Émilie incarne toutes les femmes, tandis que Bruno fait les alliés des femmes et ceux que j’appelle les sans-dessein. Le tournage des images réelles a été effectué en juin et, depuis ce temps, je me consacre à la production des dessins. Je tenais à les faire à partir de vrais corps pour ne pas me laisser guider par des standards, y compris les miens. C’est une pratique que je dénonce », note Mélanie Saint-Germain.



L’objectif de la websérie consistera à divertir au moyen de touches d’humour, tout en donnant matière à réfléchir. « L’idée est de moi et j’ai préparé le scénario avec Simon Trottier, un homme allié des femmes. C’est également un humoriste, ce qui tombe bien parce que moi, dans la vie, je ne suis pas drôle », lance la réalisatrice d’un ton enjoué.

Il y aura donc une galerie de personnages, mais sa voix est la seule qu’on entendra, à travers les effets imaginés par le concepteur sonore Cédric Cadoret-Martel. Pour le moment, toutefois, c’est en solitaire que la Jeannoise fait avancer son projet, lequel bénéficie de l’appui du Conseil des arts et des lettres du Québec.

Même si elle met la dernière main au quatrième épisode (ils sont produits dans l’ordre), l’artiste ne voit pas encore la ligne d’arrivée. Trop de dessins restent à faire pour baisser la garde, ne serait-ce qu’un peu. « Je suis dans les temps, mais j’ai encore des vertiges. D’un autre côté, c’est tellement introspectif, le travail image sur image. J’aime ça au point qu’à la fin de la journée, je dois me forcer pour arrêter », confie Mélanie Saint-Germain.

Ce qui l’incite à étirer le plaisir, entre autres, ce sont les possibilités infinies qu’offre son approche au plan technique. Oui, les épisodes sont réalisés à partir de vrais corps, mais pas besoin d’effets spéciaux qui coûtent un bras pour transcender la réalité. « Il y a des scènes clownesques, grâce à la magie de l’animation. Si une personne se dégonfle, je peux la montrer en train de se dessouffler », donne la cinéaste en exemple.

Elle espère que ce projet générera autant de retombées qu’Elles, qui a élargi sa notoriété, tout en lui apportant la reconnaissance de ses pairs. Ça aidera à faire tourner la roue de la création, alors qu’un autre projet en animation retiendra bientôt son attention. « Dès que j’aurai complété Bon..., je pourrai amorcer la recherche en vue de l’écriture du prochain scénario », fait observer Mélanie Saint-Germain.