Chronique|

Jouer en équipe pour gagner

Les députés bloquistes Alexis Brunelle-Duceppe et Mario Simard

ÉDITORIAL / « Je le disais à l’équipe aujourd’hui, nous serons toujours plus forts collectivement qu’individuellement. Nous essayons de bâtir un jeu d’équipe, une culture. Et même si nous perdons des joueurs importants, le gars suivant va pouvoir rentrer dans la structure », a commenté l’entraîneur-chef du Canadien de Montréal, Martin St-Louis, après la victoire de mardi contre les Jets de Winnipeg.


Ce soir-là, David a battu Goliath au compte de 4 à 1, même si la liste des blessés venait de s’allonger pour la peine. La cohésion retrouvée après le calamiteux voyage des Fêtes a permis au club de renouer avec le succès dans les derniers jours, face à de puissantes formations. Une leçon propre au monde du sport, mais qu’on peut transposer chez nous.

Dans la déclaration de Martin St-Louis, en effet, on retrouve l’essence même de l’appel lancé par les députés bloquistes Mario Simard et Alexis Brunelle-Duceppe, mercredi, à la faveur d’une conférence de presse tenue à Arvida. Il suffit de remplacer le mot équipe par région, les Jets par Rio Tinto, pour que le message se moule à la réalité avec laquelle le Saguenay-Lac-Saint-Jean est confronté en ce début d’année.

Les enjeux touchant l’industrie de l’aluminium sont tellement importants pour notre avenir, qu’il suffise de mentionner la mise au rancart des cuves précuites d’Arvida en 2025, l’ajout potentiel de 80 cuves AP60 à cet endroit, de même que le projet d’expansion promis et sans cesse repoussé à l’usine Alma, où on teste présentement le procédé Élysis. D’immenses attentes, mais peu de résultats à ce jour.

L’un des problèmes identifiés par les députés résulte de notre aveuglement collectif, qui n’est qu’à moitié volontaire. Face à l’optimisme flou exprimé par les ministres provinciaux et les dirigeants de Rio Tinto, face aux propos de fin du monde émanant de Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada, comment ne pas se sentir un peu étourdi ?

Dans le monde du rock, ces gens seraient champions quand viendrait le temps d’enfumer une scène, au point où on ne saurait plus si c’est Mick Jagger ou Lucien Francoeur qui vient d’émerger des coulisses. Les conditions pour investir sont semi-mauvaises, presque pas pires ou semi-bonnes, au gré de leurs humeurs. Autant de variations sur le thème de l’attente, ce qui, à la longue, produit un effet narcotique.

C’est pour sortir de ce brouillard artificiel que les députés Simard et Brunelle-Duceppe souhaitent que les élus du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de même que les représentants des syndicats, se rencontrent aussi rapidement que possible. Ce faisant, ils pourraient poser un geste significatif en créant un observatoire indépendant centré sur le métal gris.

« Les sorties sur l’industrie de l’aluminium dans la région s’accumulent, depuis un an, sans qu’il y ait de lieu commun pour recenser l’information et valider les suites à donner. (…) Il n’y a pas d’espace pour y faire la lumière, échanger et se mobiliser si besoin est », a déploré Mario Simard par voie de communiqué. Dans un monde idéal, un organisme comme la regrettée Conférence régionale des élus assumerait cette mission, mais puisque le temps presse, autant couper au plus court.

Juste de démêler le vrai du faux, de cerner ce qu’il est réaliste de demander dans le contexte actuel, ça rendrait service à tout le monde. C’est ce que ferait l’observatoire indépendant que les députés appellent de leurs voeux, un outil essentiel pour que notre région ait voix au chapitre.

Si nous étions vraiment informés plutôt que « spinnés », les élus locaux pourraient promptement passer à l’étape suivante, celle de la concertation avec les syndicats, ouverts à la recherche d’un consensus. Il y aurait une structure, de la cohésion et la volonté ferme de remporter ce combat en équipe et en connaissance de cause, comme le Canadien l’a fait mardi.

Ça vaudrait nettement mieux que d’espérer qu’un maire ou un ministre aux pouvoirs magiques convainque Rio Tinto de voir la lumière.