{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F63c387b1-1c78-40bc-8548-e71e3cfc700b.png&width=1024&stripmeta=true","description":{"fr":"Chroniqueur"},"email":"rblackburn@lequotidien.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Ffaf014c7-3e82-459a-9a2d-576183a27b1f.png&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","location":"","name":"Roger Blackburn","source":"Le Quotidien","twitter":"RBlackburn2"}],"channel":"Roger Blackburn","chapters":[{"position":0,"text":"

Deux oeufs tournés, rôties au pain de sole ; je mange toujours la même chose depuis 40 ans. Aussitôt assis, aussitôt arrive une serveuse avec un café. Elles connaissent leurs clients par leur prénom. « Même chose que d’habitude ? », me demande-t-elle en déposant le café sur la table ?

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Le Café Mont-Royal, c’est la binerie du centre-ville de Chicoutimi, c’est là que les oeufs passent de la poêle à la table, sans passer cinq minutes sous un réchaud et que les « bines », les meilleures « bines » en ville, ont toujours le même bon goût.

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Quand de la visite se pointe à Chicoutimi, on les amène au Café Mont-Royal pour déjeuner. Ce restaurant fait partie de notre paysage urbain depuis près de 50 ans. C’est là que se retrouvent plusieurs travailleurs à compter de 5 h le matin avant d’aller au boulot. Ça jase en masse de toutes sortes de choses et les gens se parlent de table en table avec ceux assis au comptoir.

Pour les juges et les itinérants

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Quand il y a des événements majeurs comme des élections, par exemple, c’est au Café Mont-Royal que se pointent les caméras des grands réseaux de télévision pour prendre le pouls de la population. On y rencontre une clientèle de tous les milieux, les juges comme les itinérants, les jeunes comme les vieux.

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L’endroit est tout petit, il n’y a que 35 places. Je me rappelle, un matin, nous étions quatre à la porte et le restaurant était plein. À une table (banquette pour quatre), il y avait une femme qui sirotait un café, seule sur la banquette. Elle aurait pu aller s’asseoir au comptoir, mais elle n’a pas bougé. Dans les jours suivants, j’avais écrit une chronique racontant que c’était dommage pour les propriétaires de perdre quatre clients pour déjeuner à cause d’une seule personne qui sirote un café en monopolisant une banquette. La chronique avait été affichée au babillard pendant plusieurs semaines.

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Le restaurant est à vendre

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Je l’avoue, c’est mon restaurant préféré pour déjeuner à Chicoutimi, sans vouloir faire ombrage aux autres.

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J’apprends cette semaine que mon restaurant préféré est à vendre. J’espère qu’on va continuer de faire vivre cet endroit qui fait partie du patrimoine de Chicoutimi. Les copropriétaires, les soeurs Louise et Annie Lalancette, les deux filles de Maurice, qui a fait rouler le restaurant pendant 18 ans (c’est à cause de lui le « Spécial Maurice » sur le menu) avant qu’elles reprennent l’entreprise il y a 17 ans, ont décidé qu’elles voulaient passer à autre chose.

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« Je me suis blessée à une hanche, l’an passé, et c’est plus difficile de travailler debout toute la journée. Ma soeur Annie aimerait aussi passer à autre chose. Nous sommes rendues là », m’a confié Louise au téléphone.

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« Nous aimerions bien vendre à quelqu’un qui veut continuer dans le même esprit que nous pour la restauration. C’est un commerce de proximité, je connais 70 % de ma clientèle. Je les appelle par leur petit nom et je sais ce qu’ils vont commander », raconte la restauratrice qui compte 30 ans d’expérience au Café Mont-Royal.

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Elles sont prêtes à vendre la recette de « bines » que leur père Maurice avait achetée de l’ancien propriétaire, Claude Larouche, il y a plus de 35 ans. Parions qu’il y a pas mal de lard salé dans cette recette secrète.

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Il me semble que c’est une maudasse de belle opportunité pour quelqu’un qui rêve de se lancer dans la restauration et, en plus, c’est une méchante belle adresse au centre-ville de Chicoutimi. À qui la chance ?

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Merci à Maurice, Louise et Annie Lalancette pour ces belles années de restauration typique. Je vais pouvoir raconter à mes petits-enfants que dans mon temps, à Chicoutimi, on pouvait aller aux bleuets, aller aux framboises et aller aux « bines ».

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