18?

Bravo, c’est le bon chiffre… si on se fie au classement.

Mais dans les faits, si on regarde la qualité des alignements, il faut en ajouter une 19e, qui patine dans la Ligue junior AAA du Québec!

Laissez-moi vous présenter les Cobras de Terrebonne, présentement répertoriés cette semaine au 2e rang de la centaine d’équipes junior A au pays!

Les Cobras ont gagné 30 de leurs 32 premiers matchs cette saison.

Ils viennent de coller 18 victoires d’affilée.

Tout ça, c’était avant d’ajouter Nikolas Hurtubise, Zachary Cardinal, Nicolas Pavan et Genaro Fronduto, tous des joueurs qui évoluaient dans le junior majeur il y a quelques jours à peine! À ce tableau, il faut aussi inclure Maximilien Ledoux, qui a gagné la coupe du Président avec les Cataractes l’an dernier et qui sort de sa retraite de quelques mois pour se joindre à la fête.

Le pilote Robert Dubuc est rendu avec 12 joueurs qui ont évolué dans le majeur sous ses ordres. La moitié a choisi de jouer à Terrebonne plutôt que dans le circuit Courteau.

Certains pensent que les Cobras pourraient chauffer les fesses des Sea Dogs de Saint John, des Islanders de PEI et même des Eagles du Cap-Breton. Après tout, les Saguenéens sont venus piger dans la cour des Cobras pour rapatrier Romain Rodzinski dans le majeur, eux qui sont pourtant au milieu du classement général. «Je ne veux pas embarquer dans un débat comme celui-là. Mes joueurs m’en parlent mais honnêtement, je ne pense pas qu’on battrait un club junior majeur. On pourrait jouer contre des clubs sans problème, ça c’est sûr. Mais les battre? De toute façon, ça ne donne rien de parler de ça, on ne peut pas jouer contre eux. On a d’autres objectifs sur lesquels se concentrer», souligne Dubuc.

Il fait référence à la coupe Napa, qui couronne les champions de la ligue junior AAA et qui donne accès à la Centennial Cup, le championnat canadien junior A.

Ça fait sept décennies que ce championnat existe, le Québec ne l’a jamais gagné. «C’est l’objectif, et il n’est pas secret. On veut réaliser quelque chose d’exceptionnel. J’ai perdu en demi-finale en 2017 face à l’équipe de Cale Makar, j’ai retenu une leçon : on a besoin d’une équipe avec beaucoup de profondeur pour gagner. C’est ce que nous avons assemblé. Du moins, sur papier. Reste à faire le travail. Ça ne se fera pas tout seul», prévient Dubuc. «Il faut y aller une étape à la fois. Là, c’est la préparation vers les séries de notre ligue. Personne ne nous fera de cadeaux. D’autres équipes ont bien manoeuvré à la dernière période de transactions. Je regarde des clubs comme Princeville, Longueuil et Saint-Jérôme, il va y avoir de l’adversité.»

Aucune n’a toutefois un alignement aussi étoffé. Dans la LHJMQ, voir les Cobras sortir une couple de vétérans de la ligue n’a d’ailleurs pas été apprécié! Dubuc assure que ce n’est pas ses dons de persuasion qui ont mené ces vétérans vers Terrebonne. «Il y a un ensemble de raisons. Pour certains, c’est attrayant, car l’engagement est moins important. Pour d’autres, le rôle sur la glace est plus intéressant. L’opportunité de gagner a un magnétisme. Et des fois, les gars veulent simplement rentrer à la maison et voir plus souvent leur blonde», sourit-il. «En bout de piste, le plaisir est une notion importante. Le mot se passe, les joueurs se parlent. Chez nous, cette année, les gars ont du fun et ils peuvent vivre quelque chose de spécial.»

C’est pour ça que Dubuc se retrouve notamment avec un gardien qui a mené deux équipes juniors différentes à des championnats lors des deux dernières saisons dans la LHJMQ! Hurtubise a gagné la coupe du Président avec les Tigres au printemps 2021, puis il a aidé les Sea Dogs à gagner la coupe Memorial le printemps dernier. Il avait demandé aux Sea Dogs, en lourde reconstruction, de l’échanger. Trevor Georgie n’a pas trouvé preneur, alors Hurtubise a fait ses valises et il s’est amené à Terrebonne. Même si ça implique de partager le filet avec Alexandre Marchand, meilleur portier du circuit. Imaginez, Marchand n’a pas perdu un seul match depuis le début de la saison, compilant 23 victoires en autant de décisions. 

Et ce n’est pas juste parce que le club devant lui est puissant, puisqu’il affiche le meilleur pourcentage d’efficacité de la ligue. Marchand aurait pu lui aussi jouer dans le majeur en deuxième moitié de saison. Il a disputé un match pendant les Fêtes avec les Cataractes, il a signé un blanchissage. Les Cataractes lui ont offert un casier, il a poliment décliné, même avec l’arrivée d’Hurtubise.

«Je m’étais assis avec Marchand avant le début de la période de transactions pour lui expliquer notre volonté d’aller chercher un deuxième gardien de qualité. J’ai vu les Tigres gagner la coupe du Président avec Iacobo et Hurtubise il y a deux ans, les Cataractes ont fait pareil l’an dernier avec Coulombe et Lavallée. De nos jours, je pense que ça prend ça. Ce n’est pas un manque de confiance envers Marchand, bien au contraire. On ne veut juste pas voir nos plans dérailler à cause d’une blessure, de la Covid ou d’un pépin du genre. Marchand est sur la même longueur d’onde que le groupe, il est en mission», explique Dubuc, qui croit que son poulain pourrait traverser la saison sans perdre. 

Il reste 16 matchs aux Cobras, qui devraient partager le travail équitablement entre Marchand et Hurtubise. Ça lui laisse plus ou moins huit départs. «Je lui souhaite de réussir ça, je n’ai jamais vu ça dans notre ligue», lance le vieux routier. 

«C’est une saison comme ça. On tente de réussir des choses qui n’ont jamais été faites. On est sur la bonne route, mais on ne doit pas ralentir, il y a encore des progrès à faire. On sait qu’il y a de l’adversité qui nous attend», conclut Dubuc.