« Présentement, il manque entre 175 et 200 membres du personnel », a soutenu Nadia Tremblay, la directrice des ressources humaines du CSSPB. Sur ce nombre, une partie provient de besoins non comblés, d’autres de différents congés, par exemple de maladie ou parental, de retraites progressives ou de réductions de tâches. « Si on avait 75 ou 100 personnes qui postuleraient chez nous demain matin, on serait en mesure de les embaucher », ajoute-t-elle pour présenter à quel point les besoins sont criants.
De plus les listes de remplacement sont pratiquement vides dans toutes les catégories d’emploi, ajoute Patrice Boivin le directeur général. « Même la liste de suppléance d’éducation physique est vide », dit-il, alors qu’il y avait, il y a quelques années, une surabondance de professeurs sur le marché.
C’est pour faire preuve de transparence et mobiliser le milieu que ces derniers ont convoqué la presse, mardi matin, au siège social du CSSPB, qui compte près de 8000 élèves, dont 6800 au primaire et au secondaire sous son égide. « Ça surprend, ça peut même inquiéter, mais on veut mobiliser les professeurs, les parents, le milieu, les élus pour trouver des solutions pour les années à venir », a commenté Patrice Boivin.
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Manque de finissants en enseignement
« Il n’y a pratiquement plus de finissants en enseignement dans certains domaines », se désole Nadia Tremblay, en citant notamment les sciences et les mathématiques.
Au cours des dernières années, le CSSPB a donc commencé à embaucher de plus en plus de professeurs non légalement qualifiés (NLQ), c’est à dire qui ont une formation pertinente avec le cours donné, mais pas de formation d’enseignant. À l’heure actuelle, une centaine le CSSPB compte une centaine d’enseignants NLQ.
Il manque aussi beaucoup de professeurs de français et d’anglais, ainsi qu’en adaptation scolaire. Il existe aussi des besoins au préscolaire et au primaire, tout comme en conciergerie, au secrétariat, en éducation spécialisée, au service de garde et en psychologie. En bref, pratiquement tous les secteurs sont touchés.
Pas de bris de service
Pour l’instant, le CSSPB assure être en mesure de combler tous les services à l’interne en ayant recours à du dépannage de certains professionnels d’autres secteurs, soutient Patrice Boivin. Par exemple, une éducatrice spécialisée ou un membre du service de garde peut être sollicité pour surveiller une classe ponctuellement.
À l’heure actuelle, le CSSPB est confronté à la pire pénurie de main-d’œuvre dans la région. En 2023, près de 60 professionnels supplémentaires prendront leur retraite. Ce chiffre montera à 150 d’ici 2025 et à près de 400 d’ici 2030, ce qui représente près de 40 % du personnel total.
Des impacts réels
Pour éviter les bris de services, le CSSPB fait une vaste réorganisation des services offerts. Parmi les mesures les plus marquantes, le nombre de maternelles 4 ans sera réduit de 19 groupes à 8 ou 10.
Les services d’orthopédagogie seront revus et des élèves pourraient être transférés dans d’autres écoles pour limiter le nombre d’enseignants. Au secondaire, les profils des étudiants seront harmonisés pour synchroniser davantage certains cours afin de limiter l’ajout de périodes. Aucun nouveau groupe d’enrichissement en anglais ne sera créé.
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Trouver des renforts
Le CSSPB travaille aussi ardemment à trouver des solutions durables à la pénurie de main-d’œuvre, en misant notamment sur le recrutement international. Une mission réalisée en France devrait permettre l’ajout d’une quinzaine de ressources au secondaire et en psychologie au cours des prochains mois. Une autre mission sera réalisée en avril en Colombie, où l’on retrouve d’importantes communautés francophones. « On pensait d’abord aller au Maroc, mais les professionnels nous ont conseillé la Colombie, qui intéresse aussi d’autres centres de services scolaires », remarque Patrice Boivin.
Fait à noter, le CSS doit prévoir un montant de près de 5000 dollars pour recruter un professionnel à l’étranger qui aura un contrat fermé pour une période de trois ans. Pour favoriser l’intégration à long terme, des efforts sont réalisés pour accueillir les familles, en présentant des options pour les conjoints. Le CSSPB compte aussi louer quatre logements pour faciliter la venue de nouveaux professionnels.
L’organisation a aussi participé à différents salons de l’emploi au cours de la dernière année, mais les impacts ne se sont pas fait sentir, car très peu de candidats s’y présentent. « Avec le plein emploi, c’est très tranquille », note Nadia Tremblay.
Une nouvelle cohorte en éducation préscolaire et primaire sera aussi lancée à Saint-Félicien, en collaboration avec l’UQAC, à l’automne 2023. Cette formation, offerte en alternance travail étude, pourra être complétée en environ cinq ans, estime Nadia Tremblay.
Un appel aux retraités
Finalement, le CSSPB souhaite retenir davantage de retraités au sein de son organisation en leur offrant une grande souplesse de travail. « On veut changer la culture pour que l’enseignement devienne comme une mission sociale », lance Patrice Boivin. Pour l’instant, une quinzaine de retraités œuvrent au CSSPB et ce dernier espère faire monter ce nombre à 50 voire 75 au cours des prochaines années.