Cette lettre ouverte a été écrite par Robin Boulianne, ingénieur, de Jonquière.
John F. Kennedy disait lors d’un de ses discours : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. » Par extension, nous pourrions nous demander ce que nous pouvons faire sans Hydro-Québec, plutôt que ce qu’Hydro-Québec peut faire de plus pour nous. Cela ouvre la porte sur une tout autre stratégie.
Le réseau électrique d’Hydro-Québec est un système d’une grande complexité et la complexité ne va pas de pair avec la fiabilité. La multiplication des véhicules à batterie ajoutera une bonne couche de complexité, alors notre dépendance ne sera que pire. Qui plus est, les changements climatiques n’ont pas fini de nous conscientiser sur la fragilité de notre modernité. Enfin, la rareté de la main-d’oeuvre exacerbe la capacité d’intervention. Devant cette situation, il serait peut-être sage de viser une certaine autonomie, plutôt que de réclamer une plus grande dépendance.
L’idée n’est pas de viser une indépendance permanente, mais bien d’être en mesure de survivre quelques jours ou semaines sans les services de l’État. Il faut en outre être parés à un plan B en tout temps.
De son côté, l’État devrait aussi faire son examen de conscience. Forcer la conversion du chauffage résidentiel et convertir le transport vers l’électricité, c’est le reflet d’un manque de vision dangereux. Plutôt que d’investir des milliards dans l’enfouissement des lignes électriques, ne serait-il pas mieux d’exiger que la population ait accès à une source d’énergie alternative d’appoint sur le territoire ?
Dans le contexte de réduction des GES, il est vrai que les choix nationaux ne sont pas légion, mais il y en a. Certaines compagnies offrent des solutions intéressantes en ce sens. Quand ça fait quatre ou cinq jours que l’électricité fait défaut, on est prêts à payer une petite fortune pour se réchauffer, alors ça multiplie l’ouverture à l’acceptation. La population gagnerait à être informée sur les moyens à prendre pour mettre ces solutions d’appoint en place.
En tout cas, n’est-ce pas un peu inconcevable que quelqu’un meure parce que dame Météo malmène nos infrastructures? Après tout, nos aïeux ont bâti ce pays sans elles, alors on devrait bien être en mesure de vivre quelques jours sans.