Cette lettre ouverte a été écrite par Yvan Roy, président, et les membres du conseil d’administration du Centre de prévention du suicide Saguenay–Lac-Saint-Jean/Chibougamau-Chapais.
Lundi, à 15:30 du début du 45e épisode : stupeur. Le criminaliste Léo Macdonald découvre madame Panepinto sans vie. Deux pieds qui pendent dans le vide. En un instant, on a tout compris… Mais le réalisateur en rajoute. Une interminable séquence de madame Panepinto, de face, qui remonte jusqu’au visage blafard de celle qui s’est enlevé la vie, en gros plan, un fil électrique étranglant son cou. Cinq secondes insupportables, parfaitement gratuites et inutiles. Et puis hop, on passe à la publicité.
Dans un monde où tant de médias ont appris, depuis des années, à être attentifs à ce genre de traitement graphique qui peut perturber et avoir un impact sur des personnes fragiles, soit parce qu’elles vivent de la détresse et qu’elles pensent à des scénarios du genre, soit parce qu’elles ont vécu des situations similaires avec un de leurs proches.
Ce n’est pourtant pas parce qu’il manque de scénaristes qui peuvent sonner l’alarme avant qu’un tel traitement graphique perturbant ne se retrouve en ondes : on en dénombre huit à écrire les textes, deux en script-édition, trois à la réalisation et quatre à la production ! Et personne n’a jugé bon de lever un petit fanion rouge avant l’enregistrement et la diffusion de cette séquence inutile ? Inconcevable !
En cette ère où on est de plus en plus sensible – avec raison – à la réalité des femmes qui font face à la violence conjugale, que les auteurs choisissent d’amener cette victime de violence conjugale au suicide est déjà critiquable. Mais bon, c’est leur choix d’auteurs. Mais qu’on montre une telle insensibilité, sans aucun avertissement, envers des auditeurs qui peuvent être perturbés par le traitement graphique frontal de ce geste irréversible et très violent, c’est incompréhensible. Pas d’avertissement préalable – hormis l’habituel et générique « cette émission comporte des scènes de violence, nous préférons vous en avertir », qui, pourtant, ne mentionne nullement le suicide, en tout début d’épisode – ; même pas de référence en fin d’épisode, comme c’est de plus en plus la norme chez les diffuseurs – même chez Netflix –, invitant les personnes à contacter des services d’aide ou de prévention du suicide s’ils en sentent le besoin. Rien, nada.
Pour un diffuseur grand public comme TVA, qui a souvent montré une grande sensibilité face à l’enjeu social du suicide, diffuser cette séquence est irresponsable.
Pour nous, dans les organismes qui font quotidiennement de la prévention du suicide, cette séquence est indéfendable.
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