Une exposition pour clore la résidence de Charles Sagalane

Gabriel Marcoux-Chabot et Charles Sagalane ont procédé au vernissage de l’exposition <em>Les bulles maracons</em>, mardi, à la bibliothèque du Cégep de Jonquière. Elle témoigne des expériences menées depuis un an, dans le cadre du projet Un cégep au coeur des mots.

Écrivain en résidence depuis un an au Cégep de Jonquière, Charles Sagalane savait que son temps était compté. Lui qui a multiplié les échanges avec les étudiants et les membres du personnel, notamment les enseignants et les employés de la bibliothèque, arrive au terme de cette expérience avec un léger pincement au cœur, atténué par la satisfaction découlant de l’exposition Les bulles macarons.


C’est sa façon de remercier la communauté pour sa confiance et son ouverture d’esprit. Chaque fois qu’une idée folle lui passait par la tête, des gens l’aidaient à résoudre les problèmes techniques, alors que d’autres enrichissaient le contenu. C’est ainsi que des textes ont été créés collectivement, que des macarons ont abouti sur les murs, que des pages de romans ont été déchirées, puis transfigurées.

« Je ressens beaucoup de gratitude », a confié Charles Sagalane mardi soir, alors qu’on procédait au vernissage dans la salle d’exposition aménagée à l’entrée de la bibliothèque. Devant lui se déployait le fruit de ses deux sessions passées au cégep. Si les premiers murs témoignent de ce qu’il est, en particulier de ses racines, les autres donnent la parole aux étudiants.

Pendant qu’il a été écrivain en résidence au Cégep de Jonquière, Charles Sagalane disposait d’un bureau placé au coeur de la bibliothèque. C’est dans cette boîte que les étudiants et les membres du personnel pouvaient déposer des textes à son intention.

Au fond de la salle, par exemple, on remarque trois t-shirts noirs entourés de formes similaires en papier. Ils sont l’aboutissement d’un exercice réalisé cet automne, quand l’écrivain a demandé à des étudiants de produire des textes très courts, à propos d’un vêtement omniprésent dans leur garde-robe. Ça s’est appelé Le grand concours des t-shirts littéraires et trois propositions ont été imprimées sur la vraie affaire.

L’une d’elles, Élégant comme un éléphant, ferait un malheur si on l’offrait en magasin, d’autant que le graphisme rehausse la portée du message. Coresponsable du projet Un cégep au cœur des mots, l’enseignant Gabriel Marcoux-Chabot était manifestement fier de le porter. Quant à Charles Sagalane, il faisait honneur au slogan Brisé Taché Toujours aimé, qui exprime l’attachement que peut susciter un t-shirt.

Cette photographie montre ce que veut dire Charles Sagalane, quand il compare la mise en place de l’exposition Les bulles macarons à de l’écriture en 3D.

Tout près de là, un présentoir arborait ces mots : Attention ! Livres imprévus. On y a regroupé des livres dans un état de déstructuration plus ou moins avancé, le jeu consistant à imaginer des phrases en ne conservant qu’une poignée de mots. Ceux qui ont été effacés occupent tant d’espace qu’on a l’impression d’examiner un document caviardé à la demande de politiciens un peu trop cachottiers.

Ailleurs, on peut voir l’outil avec lequel Charles Sagalane confectionne des macarons. Examinez-le de très près et vous constaterez que le propriétaire précédent était le Mouvement raëlien canadien. Ça ne s’invente pas. Quelques macarons provenant de la collection personnelle de l’écrivain tiennent compagnie à ceux que les étudiants ont conçus dans les derniers mois.

C’est avec cette machine qui appartenait jadis au Mouvement raélien canadien que Charles Sagalane a réalisé les macarons imaginés par des étudiants du Cégep de Jonquière.

« Il s’agit de ma première exposition et ça me laisse avec une drôle d’impression, vu qu’elle prendra fin vendredi, à 16 h. Après, il ne va rien rester, alors qu’un livre, on sait qu’il sera toujours là. Par contre, j’ai aimé procéder à la mise en place, que je considère comme de l’écriture en 3D. Écrire sur des murs blancs, je suis devenu accro à ça », rapporte avec humour l’auteur originaire de Saint-Gédéon.

Pendant qu’il vivra son post-mortem, Gabriel Marcoux-Chabot planifiera la suite des choses avec ses collègues. « On travaille fort pour que l’automne prochain, il y ait un autre écrivain en résidence au cégep, laisse-t-il entrevoir. La personne choisie pourra fonctionner comme elle le souhaitera, puisque le cadre sera le moins contraignant possible. »