C’est ce que fait Danielle Dubé dans son nouveau roman intitulé Les anges de Sarajevo, publié aux Éditions de la Pleine Lune. Cet ouvrage qui arrivera en librairie le 29 novembre est centré sur une femme que connaissent les gens qui ont lu son premier livre, Les olives noires. Elle se nomme Christiane, exerce le métier de journaliste et file un mauvais coton, alors qu’on la retrouve en 1992.
« Elle vient de traverser une rupture et sa fille musicienne est installée en Asie quand on l’invite à se rendre à Sarajevo pour couvrir le conflit avec la Serbie. Christiane voit les missiles tomber sur la ville, est témoin des tirs des snipers, des ravages que ça cause », a décrit Danielle Dubé au cours d’une entrevue accordée au Progrès.
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Aux antipodes de l’horreur, il y a les personnes qui se dévouent dans un orphelinat visité par la journaliste, les anges qui donnent son titre au roman. La lumière qui émane de leur action montre que la guerre — toutes les guerres, en définitive — constitue une étude de contrastes. Ce fut le cas également dans sa région natale, le Bas-Saint-Laurent, pendant la Deuxième Guerre mondiale.
C’est l’autre versant du roman, puisqu’il relate aussi l’histoire de la mère et des deux tantes de Christiane. Elles qui coulaient des jours heureux à Métis ont perdu leur paradis quand la résidence familiale a été donnée à leur frère, en 1942, comme c’était la coutume après le décès des parents. Pour assurer leur subsistance, deux de ces femmes doivent travailler pour Elsie Reford, la fondatrice des Jardins de Métis.
« On voit de quelle manière elle accueillait les visiteurs, à quel point son jardin était magnifique, ce qui crée un contraste par rapport aux destructions provoquées par la guerre, ainsi que l’inquiétude causée par la présence de sous-marins allemands dans le fleuve, auxquels s’ajoutaient des espions », met en relief Danielle Dubé.
Son intention première était d’écrire uniquement sur cette période, mais ses échanges avec des personnes ayant produit des reportages, ainsi que des films, à Sarajevo, l’ont amenée à modifier ses plans. Il fallait que les deux époques cohabitent entre les couvertures, le trait d’union étant la correspondance de Christiane avec sa mère et ses deux tantes.
« Elle les rencontre aux funérailles de son père et leur demande d’écrire leur histoire. C’est ainsi que par le truchement des Jardins de Métis, on fait le lien entre les deux guerres », explique l’écrivaine originaire de ce village, mais qui vit depuis longtemps au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Elle ajoute cependant que ni cette démarche ni l’arrivée de Christiane en Provence ne marquent la fin de l’histoire.
Il y aura d’autres déplacements, en effet, d’autres choix à faire, parce qu’il en est ainsi avec cette femme. « Chez elle, le mouvement physique correspond au mouvement intérieur, ce qui est également le cas pour moi avec mes voyages. Ils ont donné lieu à des rencontres extraordinaires, comme celles avec des gens qui ont couvert la guerre à Sarajevo », confie l’écrivaine.
Elle ajoute qu’un deuxième tome est en chantier. Le texte existe à l’état brut et deux années pourraient s’écouler avant qu’il soit à la hauteur de ses attentes. Le cas échéant, il s’agira de son dernier roman, laisse entendre Danielle Dubé. « C’est tellement exigeant. Après, je ferai des haïkus, des récits. Je vais y aller un jour à la fois », assure-t-elle.