{"accessibility":"METERED","authors":[{"description":{},"name":"Emmanuel Bernier","source":"Collaboration spéciale"}],"channel":"Musique","chapters":[{"position":0,"text":"

En 2021, Québec avait pu entendre en primeur le concert d’ouverture du Festival, placé sous la direction du chef tchèque Václav Luks. Cette fois-ci, il s’agissait d’un concert de mi-festival présenté la veille à guichets fermés à l’église St. Andrew and St. Paul de Montréal.

Seul point commun entre 2021 et 2022: la présence de l’Orchestre et du Chœur du Festival, formés en 2018.

Au lieu des extraits de l’Oratorio de Noël entendus l’an dernier, les mélomanes de la capitale ont cette fois eu droit à la Suite pour orchestre no 1, BWV 1066, à la Cantate « Christen ätzen diesen Tag» (Chrétiens, gravez ce jour), BWV 63 et au Magnificat en ré majeur, BWV 243.

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À 68 ans, Masaaki Suzuki est un peu l’équivalent japonais du Néerlandais Tom Koopman, dont il a d’ailleurs été l’élève à Amsterdam. Les deux musiciens ont enregistré l’intégrale des cantates de Bach – ce qui n’est pas un mince exploit – et de nombreux disques de sa musique pour clavier.

Les deux font partie, avec le Britannique John Eliot Gardiner et le Flamand Philippe Herreweghe, des plus grands spécialistes de la musique du compositeur allemand. C’est donc une chance inouïe de l’entendre à Québec. Chance dont relativement peu se sont prévalus, puisqu’une bonne moitié des sièges étaient vacants.

Suzuki n’est pas aussi sanguin que Koopman ou Harnoncourt. Mais la longue fréquentation des œuvres du maître l’a amené à une compréhension profonde de son univers, et cela se sent. Tout suit une implacable logique, avec des tempos qui semblent à peu près toujours idéaux et un sens inné de la respiration.

On peut préférer une matière chorale un peu plus charnue, notamment du côté des sopranos. Il faut évidemment éviter de comparer le Chœur du Festival avec La Chapelle de Québec, qui compte environ un tiers de choristes de plus. Mais Suzuki est manifestement adepte d’une sonorité plus économe, qui a assurément ses adeptes.

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L’orchestre, avec instruments modernes, ne démérite pas. Chapeau au magnifique hautbois de Jean-Luc Côté (un habitué des Violons du Roy), en particulier dans le duo « Gott, du hast es voll gefüget » de la Cantate no 63.

Les cinq solistes sont d’un niveau assez égal. Des deux sopranos, l’Allemande Marie Luise Werneburg et la Québécoise Hélène Brunet (seulement dans le Magnificat), nous préférons la seconde pour sa voix plus charnue, même si sa collègue, qui chante sans vibrato, charme par la pureté de son timbre.

Le ténor Thomas Hobbs, qu’on aurait dû entendre aux Violons du Roy en février dernier si ce n’eut été de la COVID, se distingue aussi par une voix à la fois fine et solide, une description qui colle très bien aussi à la basse croate Kresimir Stražanač (très beau « Quia fecit mihi magna»).

Le contreténor britannique Alexander Chance a un peu plus déçu. Le timbre est beau, mais il ne semble pas trop impliqué par ce qu’il chante.

Dernier point : il aurait été intéressant d’avoir un programme un peu plus détaillé avec les biographies des solistes et la traduction des textes chantés.

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