Tourné en Jordanie, le film nous amène dans la ville sainte de Mashhad, où un meurtrier assassine des prostituées presque en toute impunité. Le féminicide est documenté, mais les autorités conservatrices ne semblent pas pressées d’arrêter celui qui clame faire le ménage dans ce haut lieu de pèlerinage.
À part des familles honteuses, pas grand-monde ne se soucie du sort de ces femmes «de peu de vertu», pour la plupart toxicomanes, qui disparaissent non sans laisser de traces.
Parce que le tueur est fier de ses crimes. Il s’en vante à un reporter local en disant accomplir la volonté de Dieu et défendre «le sang des martyrs».
Souhaitant mettre un terme au carnage, une journaliste (Zar Amir-Ebrahimi) part sur la trace de celui qui a été surnommé le tueur-araignée. Et elle ira loin. Très loin.
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Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, Les nuits de Mashhad n’est pas passé inaperçu. En acceptant le Prix d’interprétation féminine, Zar Amir-Ebrahimi, actrice iranienne exilée en France, a souligné que ce film noir d’Ali Abbasi montre tout ce qu’il est impossible de présenter en Iran.
À Téhéran, Les nuits de Mashhad a d’ailleurs été qualifié d’«insulte» à la religion musulmane par le ministre de la Culture au printemps dernier.
Difficile de contredire la comédienne. Même pour un public qui en a vu d’autres, certaines scènes ne sont pas pour les âmes sensibles.
À commencer par l’introduction, qui nous plonge dans le quotidien d’une jeune mère prostituée. Le réalisateur lui aussi exilé en Europe (sa dernière création représentera d’ailleurs le Danemark dans la course à l’Oscar du meilleur film international) n’est visiblement pas là pour mettre des gants blancs.
Ça se voit dans les scènes de meurtres filmées frontalement. Ça s’exprime également dans le cynisme qui fera écho aux crimes commis contre des femmes considérées comme des moins que rien.
L’acteur de théâtre Mehdi Bajestani brosse un portrait troublant de ce meurtrier dévot jusqu’à l’obsession et menant une double vie.
Dans un personnage animé d’une détermination qui en vient à défier les limites de la vraisemblance, Zar Amir-Ebrahimi prête âme à une femme forte en quête d’une émancipation encore loin d’être gagnée.
Les nuits de Mashhad est présenté au cinéma.
Au générique
Cote : 7,5/10
Titre : Les nuits de Mashhad (en version originale sous-titrée)
Genre : Suspense criminel
Réalisateur : Ali Abbasi
Distribution : Zar Amir-Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani
Durée : 1h58