Des tarifs de garderies privées bientôt à plus de 50 $ par jour

Les parents dont l’enfant fréquente un service de garde non subventionné devront payer entre 25 et 30 $ de plus par semaine dès le 1er janvier.

Il restera très peu de places en garderies privées non subventionnées à moins de 50 $ par jour au Saguenay-Lac-Saint-Jean. À compter du 1er janvier, les tarifs quotidiens augmenteront en moyenne de 5 $. Un autre 1000 $ qui s’envolera de la poche des jeunes parents.


La pilule est difficile à avaler dans un contexte où l’inflation touche tous les pôles de dépenses des familles. « On les comprend, mais nous n’avons pas le choix et lorsque je l’ai annoncé aux parents, je me suis assurée de bien leur expliquer la situation », assure Virginie Cleary, propriétaire des garderies Les Étoiles.

Le tarif passera de 47 $ à 53 $. « En 2022, j’ai opéré toute l’année à 6 $ de perte par jour, par enfant. Mon nouveau tarif a été calculé par une firme comptable et on arrive à 53 $ », se justifie Mme Cleary.



Elle ajoute qu’au cours de la dernière année, elle a augmenté deux fois le salaire de ses éducatrices pour être au même niveau que dans le réseau des CPE.

À L’Univers Des Tout P’tits à La Baie, la propriétaire Nadia Boudreault n’a même pas été en mesure de hausser le salaire de ses employées en 2022. « C’était impossible financièrement. Les filles l’ont bien compris, mais là je n’ai pas le choix de le faire en janvier. Pour garder mon équipe, j’ai aussi ajouté des avantages comme un congé le jour de sa fête et une offre de télémédecine. »

À cela s’ajoute le prix des aliments qui explose. « Le cuisinier a voulu faire une salade César la semaine dernière. Il a oublié l’idée quand il a vu que deux sacs de laitue coûtaient 26 $ ! À ce prix, la vinaigrette et les croûtons n’étaient pas compris. »

À L’Univers Des Tout P’tits à La Baie, la propriétaire Nadia Boudreault dit être obligée d’augmenter les tarifs pour offrir une hausse de salaire à ses employés.

À La Baie, il en coûtera 55 $ pour tous les groupes d’âge. « Je laisse tomber le tarif pour poupon et celui pour les 18 mois et plus. J’ai voulu aller cherche une équité pour les parents qui ont plus qu’un enfant. »



Ils pourront utiliser le crédit d’impôt pour frais de garde, mais pour l’instant, on ne sait pas s’il s’harmonisera à l’inflation. Pour 2022, le ministère de la Famille basait son calcul sur un tarif quotidien de 40 $ avec un plafond de 10 675 $.

Vers un élargissement du réseau subventionné

« Je veux juste charger ce qu’il faut pour conserver la qualité à laquelle les parents et les enfants sont habitués. Je veux aussi être à niveau pour m’assurer d’être convertie en garderie subventionnée », souligne Mme Cleary.

Cette dernière, tout comme Nadia Boudreault, a bon espoir que la CAQ remplira sa promesse de convertir toutes les installations qui le voudront d’ici quatre ans. « On parle avec les députés et le ministère de la Famille qui nous disent tous qu’il ne faut pas lâcher, qu’ils doivent prendre le temps de faire un tri. J’ai confiance », précise Mme Boudreault.

Les entrepreneures sont toutes les deux en processus d’ouverture d’une nouvelle installation, cette fois subventionnée. Dans le groupe des Étoiles, il s’agira de la troisième installation où les parents payeront 8,70 $ par jour.

Elles jonglent donc avec des clientèles qui reçoivent le même service, mais qui ne payent pas du tout le même montant. Une fois le crédit d’impôt remboursé, le service privé coûte en moyenne 22 $ par jour aux parents.

Les parents espèrent que le remboursement anticipé du gouvernement québécois suivra lui aussi la courbe inflationniste.

« Chaque fois qu’on perd un enfant, c’est pour une question monétaire, se désole la propriétaire des Étoiles. C’est pour eux qu’on veut se convertir. »



Les familles attendent le grand chantier

Il y a un an, le gouvernement caquiste annonçait son grand chantier pour les familles qui regroupe 45 mesures. Le ministre Mathieu Lacombe l’avait fait à Mashteuiatsh en promettant de créer assez de places et en visant une plus grande équité financière.

Il a été remplacé par Suzanne Roy après les élections et la formation d’un nouveau conseil des ministres.

Co-porte-parole du mouvement Ma place au travail, Marylin Dion, ne perd pas espoir, mais force est de reconnaître qu’il y a peu de changements jusqu’à maintenant. Elle et ses consœurs ont tendu la main à la nouvelle ministre et attendent impatiemment de la rencontrer.

« Pour la conversion des installations, la promesse est d’ici 2025. C’est une bonne nouvelle, mais on veut savoir à quel moment ça va s’enclencher. On est content pour les enfants du futur, mais en ce moment il y a des conséquences réelles pour les familles qui ont de la difficulté à boucler les fins de mois. Certains payent plus cher de garderie présentement que d’hypothèque. »

Pour Mme Dion, et les autres intervenants, il est clair que le crédit d’impôt doit être ajusté à compter du 1er janvier 2023.

« Normalement, on doit calculer 25 ¢ par enfant pour la collation. Avec le prix des aliments qui explose, on est à 75 ¢ », explique Nadia Boudreault.