Chronique|

Une ligue, deux réalités

Le TD Station de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, avec son Tim Hortons à l’intérieur de l’aréna pendant les matchs des Sea Dogs.

CHRONIQUE / La Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) compte six équipes dans les Maritimes. Elles s’insèrent au sein de la douzaine basée au Québec, mais la qualité des installations et le mode de vie de l’Atlantique nous laisse quasiment croire qu’il y a deux ligues dans une ligue.


J’étais du voyage des Saguenéens il y a bientôt deux semaines, qui s’est amorcé le mardi à Rimouski pour se terminer à Sydney, sur l’île du Cap-Breton, le dimanche. Le contexte géographique, des milieux anglophones, des villes qui ont vécu de grands moments sportifs. Les raisons sont bonnes ou mauvaises, mais dans l’Est, c’est différent.

L’ambiance n’est pas tout à fait la même, alors que les partisans sont nombreux, mais relativement respectueux envers les officiels. J’ai senti qu’ils étaient plus « calmes », qu’ils assistaient à un événement du « jeu » du hockey. Au Québec, ce qui inclut bien sûr et surtout Chicoutimi, on sent l’intensité des partisans. Pendant les matchs, mais aussi avant et après, quand chaque décision ou chaque défaite est analysée et décriée sur les réseaux sociaux.

Et c’est bien correct ainsi, ça prend de la passion. Je ne dis pas qu’il en manque dans les Maritimes, mais c’est simplement différent. Et ça aussi, c’est bien correct.

Le coup de cœur du voyage est sans contredit Halifax. Sa magnifique ville, ses 17 degrés Celsius un vendredi ensoleillé de novembre et son centre Scotiabank. Wow ! Cet amphithéâtre, hôte du prochain Championnat mondial de hockey junior aux Fêtes avec le Centre Avenir de Moncton, n’a pas manqué d’amour au fil des ans et ça paraît.

On me disait que depuis que le commanditaire Scotia est associé à l’édifice (c’était le Metro Centre jusqu’en 2014, et ce, depuis son ouverture en 1978), des sommes importantes ont été investies pour rajeunir les infrastructures. L’ambiance est chaleureuse, les loges sont spacieuses, le tableau indicateur est gigantesque et les vestiaires sont vastes et nombreux pour les joueurs.

Le centre Scotiabank de Halifax a été traité aux petits oignons au cours des dernières années. Et ça paraît.

Près de 400 kilomètres à l’est, le Centre 200 de Sydney, malgré son nom douteux, est aussi doté de loges dignes des arénas professionnels. Ces espaces représentent une entrée d’argent importante pour les organisations. Aucun mauvais siège au Cap-Breton, les spectateurs sont gâtés.

Le premier arrêt était au Nouveau-Brunswick, à Saint-Jean pour être précis. J’avais déjà vu trois matchs au TD Station en 2017, quand les Saguenéens avaient atteint la demi-finale des séries éliminatoires. Un vaste amphithéâtre de plus de 6600 places avec un Tim Hortons à l’intérieur. Un café et un beigne pour débuter le match, qui dit mieux ?

Il rôde une odeur constante de barbe à papa au TD Station et on se croirait parfois à une fête foraine, mais l’expérience client est sur la coche.

C’est fou de constater tout ça alors que chez nous, on essaie de se convaincre que le Centre Georges-Vézina est encore bon pour des décennies. Construit en 1947, il est à bout d’âge, point final. Mais ça, j’en ai déjà parlé. Et avant de partir en vacances, je suis de bonne humeur et je veux être positif...

« Chanceux », les Saguenéens

Ce qui m’a particulièrement marqué pendant mon passage dans les provinces atlantiques est la couverture médiatique offerte aux équipes. À Halifax et au Cap-Breton, j’étais le seul journaliste à recueillir les propos de l’entraîneur des équipes locales. Surprenant, non ?

Sylvain Favreau, sympathique franco-ontarien, dirige les Mooseheads de Halifax, tandis que Jon Goyens est à la barre des Eagles du Cap-Breton depuis le début de la saison. Lui aussi, un chic type, très généreux dans ses commentaires d’après-match. Je me serais attendu à une plus grande couverture en Nouvelle-Écosse et particulièrement à Halifax, un des plus grands marchés du hockey junior canadien, mais bon.

Les installations du centre Scotiabank de Halifax sont impressionnantes.

Chapeau toutefois au descripteur des Eagles, Patrick McNeil, qui est également le coordinateur aux communications de l’équipe. Il offre un produit bien garni sur les ondes de la radio locale CJCB en variant les entrevues. Dimanche dernier lors de la visite des Sags, il a discuté avec Marc-André Gaudet, défenseur numéro un de l’équipe. Un exemple parmi tant d’autres de ce qu’il accomplit comme boulot. Pas compliqué, il fait le travail d’au moins deux personnes.

J’étais accompagné d’un confrère à Saint-Jean, avec qui j’ai pu pratiquer mon anglais pendant le match. Le nouvel entraîneur des Sea Dogs, Travis Crickard, a été bien avenant, même quand j’ai eu à lui demander ce qu’il s’était passé pendant le match avec les entraîneurs des Saguenéens. Quelques discussions animées qui ont pimenté la soirée, en plus du jeu robuste sur la glace. Bref, un beau jeudi soir au Nouveau-Brunswick.

Tout ça pour dire qu’à Chicoutimi, les Saguenéens peuvent difficilement se plaindre de la couverture médiatique qui leur est offerte. À condition qu’ils aiment la visibilité, bien sûr. On dira ce qu’on voudra, un article de journal ou un reportage à la télévision, ça ne change pas le monde, sauf que ça peut permettre de vendre quelques billets supplémentaires.

Jon Goyens retrouve sa passion

Pour en revenir à Jon Goyens, je l’ai rencontré deux fois en sept jours alors que les Eagles étaient à Chicoutimi samedi. La veille, il retrouvait Baie-Comeau, ville où il a dirigé une première équipe junior en carrière, après 10 saisons à la barre des Lions du Lac-Saint-Louis, dans le M18 AAA. Goyens a quitté le Drakkar après un an sur la Côte-Nord, au terme de la campagne 2019-2020, celle brusquement stoppée par la pandémie.

Plusieurs choses se sont dites à propos de son départ, mais au final, Goyens n’a pas pris cette décision en raison d’une mésentente envers les dirigeants du Drakkar ni à cause d’une amertume quelconque.

« C’est la première place qui m’a donné une opportunité d’être entraîneur-chef (dans la LHJMQ) et quelques flèches ont peut-être été lancées à mon endroit, mais à la fin de la journée, c’était la pandémie ou ma famille, a mis en contexte Jon Goyens. J’ai choisi ma famille. Je me suis ennuyé de la game, mais j’ai eu différentes opportunités par la suite qui ont permis de demeurer en contact avec le hockey. »

Plus modeste, le Centre 200 de Sydney, au Cap-Breton, est spacieux et ses loges sont d’une grande qualité.

Il a notamment créé un forum pour les entraîneurs de hockey, le « Coaches Café », réunissant plusieurs entraîneurs de grande qualité comme Benoit Groulx, Jacques Lemaire, Scotty Bowman, Ken Hitchcock, John Cooper, Barry Trotz et autres.

« Travailler avec une équipe, vivre les bons moments comme les moins bons et travailler au développement des jeunes, c’est pour ça qu’on fait le travail d’entraîneur », a partagé Jon Goyens, heureux de renouer avec sa passion.