Premier concert à la maison pour Élisabeth Saint-Gelais

Pour sa première apparition à Chicoutimi, la soprano Élisabeth Saint-Gelais interprétera les Wesendonck lieder de Richard Wagner aux côtés du Quatuor Saguenay et du pianiste Johan Jager. 

Elle a chanté à Berlin l’été dernier, pour la première fois de sa jeune carrière. La semaine prochaine, ce sera à Toronto, tandis que le 31 mars, c’est au Théâtre Paradoxe de Montréal, qu’on pourra l’entendre dans l’opéra Orphée et Eurydice de Gluck. Élisabeth Saint-Gelais est une femme d’autant plus occupée qu’elle complète une maîtrise en interprétation à l’Université McGill. Pour rien au monde, cependant, la Chicoutimienne n’aurait fait l’impasse sur son rendez-vous du 22 novembre, avec le Quatuor Saguenay.


Dans la programmation de musique de chambre proposée par l’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean, cet événement tenu mardi à 17 h, à la Salle Jacques-Clément du Conservatoire de musique de Saguenay, a pour titre Étoile montante. Il reflète le statut conféré par son talent à l’artiste de Chicoutimi, tout en cernant l’importance de cette première collaboration avec une formation qu’enfant, déjà, elle admirait.

« C’est la première fois que je chante à la maison et je me sens honorée d’avoir été invitée par l’orchestre et le Quatuor Saguenay. En plus, c’est complet depuis la semaine dernière. Il y aura donc une belle salle dans laquelle se trouveront plusieurs de mes proches. Je suis contente de leur donner cette occasion et de partager ça avec les gens de ma région », a souligné Élisabeth Saint-Gelais au cours d’une entrevue accordée au Quotidien.

Une première répétition a eu lieu dimanche, peu de temps après son arrivée au Saguenay. Une autre a suivi lundi, ce qui lui a permis de constater que sa voix se moulait agréablement au son que produit la salle. « Il y a aussi le fait que le public sera proche de la scène. Ce sera plus facile de communiquer les émotions contenues dans l’œuvre que je vais interpréter, les Wesendonck-Lieder de Wagner », indique la soprano.

Livrée avec le Quatuor Saguenay, de même que le pianiste Yohan Jager, cette composition d’une durée de 25 minutes prend sa source dans l’amour impossible que le grand Richard vouait à Mathilde Wesendonck. Étant mariée, celle-ci ne pouvait quitter son époux afin de répondre aux élans de son cœur, un tourment exprimé dans ses poèmes, ainsi que dans la musique écrite par celui qui fut l’homme de sa vie.

« À l’origine, c’est de la musique d’orchestre, mais il existe une réduction pour quatuor, piano et voix, celle que nous ferons à Chicoutimi. L’histoire est pleine de tension, la musique riche en émotions, et moi, ça met dans un mood d’orchestre. Je me vois comme la spectatrice d’une relation amoureuse qui va de la douleur à la sensualité, en se rendant même jusqu’à la sexualité. On sent également la rage, la tristesse et la déception face à ce destin qui ne pouvait pas aboutir », énonce la Chicoutimienne.

Le programme sera complété par la Sérénade italienne de Wolf et le Quatuor no. 3 de Respighi. Il faudra donc patienter avant d’entendre Élisabeth Saint-Gelais aborder d’autres œuvres du répertoire lyrique dans notre région, mais sans vendre la mèche, elle laisse entrevoir que des apparitions pourraient se matérialiser dans un proche avenir. « J’espère que je recevrai d’autres belles invitations comme celle-ci, mais là, je ne peux rien confirmer », mentionne la soprano.

Ce qui ne fait pas de doute, en revanche, c’est que l’équipe qui l’entoure prépare méthodiquement ses débuts officiels dans le métier. Elle a décroché une audition importante à New York, au début de décembre, tandis que d’autres la ramèneront en Europe l’an prochain. L’expérience vécue l’été dernier à Berlin a été si gratifiante que le désir de poursuivre ces fréquentations constitue une puissante source de motivation.

Rappelons qu’elle avait été invitée à chanter dans La chauve-souris de Johann Strauss par la Berlin Opera Academy. Sur scène autant qu’à l’extérieur, cette première incursion l’aura marquée positivement. « Berlin est une ville où la scène classique est tellement bouillonnante. J’en ai aussi profité pour améliorer ma diction en allemand », rapporte la chanteuse originaire de la communauté innue de Pessamit.