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D’abord, l’Université d’Exeter a publié son rapport sur le budget carbone, c’est-à-dire la quantité de CO2 que nous pouvons encore émettre avant de dépasser la limite qui permettrait d’atteindre l’objectif de l’accord de Paris (+1,5 °C). Au rythme actuel des émissions (2021 a rattrapé 2019 et 2022 sera pire encore), il nous reste moins de 10 ans pour rater cette cible. Attention ! Le budget restant doit être étiré jusqu’en 2050 pour arriver à zéro. Il faut donc plafonner avant 2025 et plonger rapidement au rythme de -8 % par an nous dit le Emission gap report, publié au début du mois. Si on pense que la pandémie a fait baisser les émissions de seulement 5 % en 2020, ce n’est pas étonnant que certains pays aient voulu éliminer la cible -1,5 °C de la déclaration finale. Si la tendance se maintient, on sera forcés de constater qu’à l’impossible nul n’est tenu.

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Secundo, on a soulevé la question du pétrole africain. On en a découvert tout plein dans les dernières années et les experts du climat nous disent qu’on devrait le laisser sous terre. « Pas question ! », disent les pays concernés, « c’est une ressource nécessaire pour notre développement économique ! » Ce droit est une pierre d’achoppement dans les négociations internationales depuis 50 ans. Et pas seulement pour le pétrole ! L’argument a été invoqué pour la protection des forêts, la création de parcs, l’application de normes, etc. Imaginez, c’est Indira Gandhi qui a amené cet argument lors de la Conférence de Stockholm sur l’environnement humain en 1972 et ça a été repris sans cesse depuis. « Si vous vous êtes développés et enrichis en exploitant la nature chez vous et chez nous, alors de quel droit voulez-vous nous empêcher de faire pareil ? » Et généralement, les négociations finissent par « Aboule le fric mec si tu veux que je protège l’environnement ! ». Bien sûr, on refuse que le pays donateur ait un droit de regard ou des exigences sur l’utilisation des fonds. Après tout, la souveraineté des pays, c’est sacré, peu importe le degré de corruption du gouvernement en place.

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Le pétrole n’est pas un passage obligé pour le développement économique, mais l’exemple vient de haut. Le Canada non plus ne veut pas qu’on cesse d’exploiter ses sables bitumineux. Le gouvernement fédéral veut plafonner les émissions de l’extraction de ce pétrole. Or la proportion des émissions qui y est attribuable représente moins de 15 % de celles de sa combustion.

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En termes climatiques, le seul bon pétrole doit rester sous terre. En revanche, les avantages du pétrole sont très évidents. L’infrastructure mondiale est en place pour l’acheminer vers le plus offrant d’un continent à l’autre. Les multinationales savent très bien y faire pour empocher des profits et utiliser les abris fiscaux tout en recevant les subventions, comme l’a bien montré la famille Irving au Nouveau-Brunswick. « Pourquoi ne pourrions-nous pas faire pareil dans les pays africains ? Et en profiter au passage pour engraisser le compte en Suisse du président ? » Pardonnez mon cynisme, mais même si cela n’est pas dit dans les négociations climatiques, c’est la triste réalité.

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À la COP 27, on affirme avec raison qu’il faut que les pays industrialisés, responsables de la majeure partie des émissions historiques, paient pour les pertes et les dommages qui affectent injustement les pays plus pauvres. Belle idée que celle de la justice climatique, mais si tout le monde réclame le droit de continuer de polluer pour se développer, on n’est pas sortis de l’auberge ! On a clôturé avec une entente de principe pour créer un tel mécanisme, mais sans dire qui va payer et qui pourra réclamer. Par exemple, les Chinois sont encore classés comme un pays en voie de développement. Seront-ils appelés à contribuer ? C’est une réponse qu’on ne connaîtra pas avant bien des années. De toute manière, même si on promet de payer… Le fonds pour l’adaptation existe depuis 2009 et il reste sous-financé avec moins de 10 % des sommes promises pour aider les pays en voie de développement. Édifiant…

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« Un jeu inventé par des tricheurs où chacun est présumé être honnête. » C’est comme cela que se définissent les négociations internationales. Malgré tout, on n’a pas le choix de passer par là.

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C’est à suivre l’an prochain à Dubaï. Il paraît qu’on y fait du ski à l’intérieur, même à plus de 40 degrés à l’extérieur… Quand on a du pétrole, pourquoi s’en priver !

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Biologiste, professeur titulaire au département des sciences fondamentales et directeur de la Chaire en Éco-Conseil de l'UQAC, Claude Villeneuve a été mainte fois primé pour son travail en environnement et sa contribution à l’avancement du développement durable au Québec comme à l'échelle mondiale. Auteur de 13 livres, il cumule plus de 500 chroniques au sein des Coops de l'information.

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