Les conférences et les ateliers d’art que nous présentons un peu partout nous amènent, mon conjoint et moi, à emprunter les routes du Québec. En ma qualité de passagère, je suis aux premières loges pour constater les comportements de tout un chacun.
D’abord, je dois dire que j’adore la conduite de mon amoureux. Il est très vigilant et ne relâche jamais son attention sur tout ce qui entoure notre voiture en mouvement. Ses départs et ses arrêts sont exécutés doucement et sa vitesse est constante et toujours de circonstance.
Bref, je me sens en sécurité.
Mais comme la route relève du domaine public, ce sont les autres qui m’apparaissent plus potentiellement dangereux. Des comportements à risque peuvent à tout moment causer un accident et le film d’horreur «Destination ultime» me revient souvent en tête. Surtout si l’on suit un camion semi-remorque qui transporte de lourds et imposants billots de bois (ceux et celles qui ont vu le deuxième film de la série s’en souviendront sans doute).
Dans le top du palmarès des conduites déplorables, on retrouve assurément celui qui colle les pare-chocs arrière pour faire comprendre qu’il faut immédiatement lui céder la voie. Vous en avez sûrement déjà fait l’expérience sur l’autoroute. Vous roulez à bonne vitesse sur la voie rapide. Un beau 119, 120 kilomètres à l’heure. Parfait pour dépasser la série de camions de transport de marchandises. Soudainement, un véhicule apparaît dans votre rétroviseur. Les phares du nouveau venu pressé plus que tout le monde se rapprochent à grande vitesse. Il suffirait qu’un chevreuil décide de se pointer sur la chaussée pour qu’un carambolage survienne. La seule façon de se débarrasser de l’intrus est de changer de voie pour le laisser passer.
Imaginons maintenant la même scène à l’épicerie.
Vous faites tranquillement vos emplettes, quand tout à coup, vous entendez derrière vous un panier d’épicerie qui semble se rapprocher rapidement. Le client ralentit brusquement, juste avant que les petites roues de son carrosse ne touchent vos talons. En poussant un soupir, le malotru vous force à arrêter pour mieux vous dépasser. Pire, il brandit le doigt majeur pour vous signifier son impatience.
Pas sûr que quelqu’un oserait…
De la même façon qu’à l’épicerie personne ne dépasse dans la file qui s’est allongée pour payer. Vous savez? Cette manœuvre d’opportuniste qu’on voit souvent à Montréal? Engagées dans une voie qui roule lentement en raison du dense trafic, plusieurs voitures vous dépassent pour se faufiler le plus près possible de la sortie convoitée. Et vous devez freiner, encore, car la file doit s’immobiliser pour laisser le malpoli s’insérer dans votre allée.
Or, c’est justement à cause de ces comportements d’égoïstes que le flot de voitures n’est plus aussi fluide!
Drôlement, lorsqu’un commis s’affaire au remplissage des produits sur les tablettes, il n’a pas besoin de mettre des cônes et d’afficher une limite de vitesse. Qui ne laisse pas naturellement une distance raisonnable avec l’employé d’épicerie comme il est demandé de respecter le corridor de sécurité sur l’autoroute? Je vois fréquemment des automobilistes qui ne changent ni de voie ni de vitesse pour laisser les véhicules d’urgence effectuer leur travail. Et le portrait n’est pas plus reluisant dans les zones de construction.
Cette façon de se cacher derrière un volant est agaçante. Pareil pour les utilisateurs des réseaux sociaux qui se cachent derrière leur écran. Et si vous aviez remarqué que j’utilise le genre masculin dans cette chronique pour décrire les fautifs, c’est seulement pour alléger le texte à la lecture. Car, ne vous méprenez pas, certaines femmes sont tout autant de piètres conductrices que certains hommes!
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Artiste peintre, conférencière, auteure… et quadruple amputée, Marie-Sol St-Onge partage sa façon de voir les choses qui l’entourent. Un angle de vue différent, mais toujours teinté d’humour et de positivisme.