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Ce serait une incroyable surprise si, au terme du 18e Sommet de la Francophonie, qui se déroule ce week-end en Tunisie, on pouvait lancer autre chose que ce poncif. Ou si l’on pouvait au moins y croire pleinement.

Parce que l’on doit s’interroger sur la pertinence de tenir cette grand-messe en Tunisie, où le régime du président Kaïs Saïed s’est octroyé tous les pouvoirs.

88!

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) est pleine d’imperfections — en plus d’être un objet difficile à cerner.

Elle regroupe 88 États et gouvernements (54 membres, sept membres associés et 27 observateurs).

Elle s’est éparpillée en accueillant des États qui n’ont pas (ou plus grand-chose) de francophone. Pensons seulement au Laos, à l’Albanie, à Chypre, à la Bulgarie ou à la Pologne.

Comme dans toutes les grandes organisations internationales, les intérêts en son sein y sont souvent très divergents.

L’hiver dernier, l’OIF a mis un temps fou à condamner l’agression russe sur le sol ukrainien et à faire valoir des principes élémentaires — bien que l’Ukraine soit membre (observateur) de la Francophonie. On a pu constater les effets de l’implantation russe dans des pays de l’Afrique francophone.

Comme bien d’autres grandes organisations internationales, l’OIF accueille de plus dans ses rangs des pays qui ne sont pas des modèles de démocratie.

Le pays hôte du 18e Sommet illustre parfaitement cette situation.

Québec/Canada

Au Québec, la Francophonie a été célébrée quand elle a servi d’outil d’affirmation politique; lorsque les gouvernements québécois ont pu prendre place autour de cette table internationale (après une lutte épique avec Ottawa).

L’OIF a déjà eu un passé assez glorieux. Emmenée par le Québec, le Canada et la France, elle a défendu la «diversité culturelle» dans le monde.

Le premier ministre François Legault est bien entendu présent au 18e Sommet de la Francophonie, à Djerba, en Tunisie, tout comme Justin Trudeau.

Des reculs

Au minimum, ce sommet devra être l’occasion de rappeler aux chefs d’État et de gouvernement membres qu’eux et leurs représentants doivent s’exprimer en français dans les organisations internationales. On observe des reculs incessants à cet égard.

Chacun des pays membres doit par ailleurs aussi contribuer à la vitalité de la francophonie sur son territoire et dans le monde. Ainsi en est-il du Canada vis-à-vis des étudiants africains francophones.

Ottawa rejette une proportion très élevée de demandes de permis d’études en provenance de ces étudiants. Cette injustice doit être corrigée.

Enfin, ce sommet doit être une occasion supplémentaire pour certains de parler de démocratie et du respect des droits de la personne.

Se dire les choses

Dimanche soir, on risque de devoir encore une fois se contenter de noter que les sommets de la Francophonie constituent des lieux de rencontres et d’échanges, y compris avec des potentats.

Et se dire qu’il faut malheureusement prendre la Francophonie telle qu’elle est, en tentant de la changer de l’intérieur, un peu comme il faut prendre l’ONU, qui regroupe des démocraties et d’épouvantables dictatures.

Car le dialogue vaut toujours mieux que l’absence de dialogue — pour autant qu’on se dise les choses. C’est une mince consolation, mais c’en est une.

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