En entrevue, celle qui est également présidente du Conseil régional des partenaires du marché du travail du Saguenay–Lac-Saint-Jean explique les différents enjeux auxquels sera confrontée la région. Évidemment, la pénurie de main-d’oeuvre est au coeur des défis de demain, mais elle s’accompagne des défis géopolitiques, numériques et des impacts des changements climatiques.
Géopolitique
« Dans les défis géopolitiques, c’est toute la question d’approvisionnement. Nous sommes dans une période d’inflation, où tout coûte plus cher. Il faut diversifier nos fournisseurs, notamment en matière première, c’est essentiel », mentionne Mme Rossignol.
Elle fait d’ailleurs mention des impacts de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. « Investissement Québec travaille beaucoup pour que nos entreprises québécoises trouvent des fournisseurs au Québec, ou du moins au Canada, quand c’est possible, ou dans des pays où c’est géopolitiquement plus stable que l’Europe de l’Est, par exemple. »
Numérique et productivité
Selon Sandra Rossignol, le virage vers le numérique est un défi important qui attend les entreprises d’ici, notamment en raison de la mécompréhension du concept. « On a fait un sondage au printemps, dans le cadre d’un projet avec le Regroupement des chambres de commerce et l’une des choses qui ressortait, c’est que, pour certaines entreprises, notamment dans le commerce de détail, le virage numérique, ça voulait dire avoir une page Facebook. Il y a vraiment une mécompréhension », raconte la PDG de la CCISF.
Elle note que le « retard » de la transition est plus important dans le secteur du commerce de détail, mais soutient qu’il est important d’agir même pour les entreprises de plus grande envergure. « On est déjà en retard, on n’a pas le choix, parce qu’on n’aura pas plus de monde », ajoute-t-elle.
En lien avec ce retard, Mme Rossignol croit qu’il s’agit d’un bon moment pour se lancer et pour commencer cette transition. « La pandémie a permis quand même à certaines entreprises d’avoir de bons revenus. Certaines ont eu beaucoup de misère et certaines ont eu de bons revenus. Profitons-en pour faire ce virage-là, pour conserver nos entreprises. »
À cela, elle ajoute les défis de littératie. Elle réfère à un rapport publié en octobre 2021 (La littératie au Québec : un regard local sur les enjeux), dans lequel on peut constater que dans certains endroits du Québec et du Saguenay–Lac-Saint-Jean, une grande proportion des gens ne peuvent lire un texte complexe.
« Pour les employeurs, c’est un défi si les employés ne sont pas capables de lire les dossiers complexes. Il faut absolument qu’on entre dans le numérique, d’autant plus que pour les jeunes employés, la vidéo est très présente, et moins la lecture. »
Main-d’oeuvre
La pénurie de main-d’oeuvre commence à être un phénomène extrêmement répandu, autant à l’échelle provinciale que régionale. Mme Rossignol assure qu’il s’agit d’un grand défi à long terme pour les entreprises. Elle évoque comme solutions l’immigration et le fameux virage vers le numérique. « L’immigration est l’une des solutions, mais la transformation numérique qui augmente la productivité est la plus importante », souligne-t-elle.
Si elle met de l’avant la transition vers le numérique, c’est aussi parce qu’elle rappelle qu’il y a certains enjeux en lien avec l’immigration. « Ce n’est pas évident, l’immigration, c’est complexe. Cela vient avec des problématiques d’intégration, et la main-d’oeuvre que tu fais venir, ça ne veut pas dire qu’elle va rester avec ton entreprise », précise Sandra Rossignol.
Changements climatiques
Le dernier enjeu, mais non le moindre, soulevé par Mme Rossignol est l’impact des changements climatiques sur l’emploi. « Le gouvernement est très conscient des enjeux. Il y a des travaux présentement qui sont faits et on n’a pas encore les résultats parce que c’est en cours de mandat, mais les emplois d’aujourd’hui ne sont pas les emplois de demain et le gouvernement est très au fait de cela », assure-t-elle, en ajoutant que les entreprises devront s’inscrire dans la transition verte.
Sandra Rossignol conçoit que les défis sont grands, mais souligne que les solutions sont connues. « Les solutions sont là. Il faut les utiliser. »