Chronique|

PQ, le piège du roi

Paul St-Pierre Plamondon

CHRONIQUE / La volonté de Paul St-Pierre Plamondon de faire fi du serment d’allégeance à la monarchie lors de son assermentation comme député est juste et légitime. Cette obligation est anachronique. Il faut bien, par ailleurs, parfois tester les pratiques.


Le combat du chef du Parti québécois est populaire, qui plus est.

Mais, à trop vouloir tout gagner tout de suite, il arrive que l’on prenne de très gros risques.

À la volonté du chef péquiste et de ses deux députés de ne prononcer que le serment d’allégeance au peuple du Québec, le secrétaire général de l’Assemblée nationale a répondu que ce n’était pas suffisant.

Le gardien de l’institution s’est vu dans l’obligation de rappeler que la prestation des deux serments prescrits constitue une condition «préalable» à l’exercice des fonctions parlementaires. Point à la ligne.

Il a toutefois ouvert la porte à une solution. Il a précisé qu’un «acte» des parlementaires pourrait changer la donne.

Un «acte»? Ce pourrait être un projet de loi ou une simple motion parlementaire.

On comprend Paul St-Pierre Plamondon de privilégier une motion, puisque cette procédure est ultra-rapide.

Si une motion ad hoc était adoptée, lui et ses deux députés ne seraient pas empêchés d’exercer leurs fonctions parlementaires trop longtemps — une fois que tous les autres députés auront repris leurs travaux au parlement, à la mi-novembre. Tout pourrait aller très vite.

Sinon, les trois péquistes pourraient devoir patienter plus ou moins longuement avant d’exercer pleinement leurs fonctions.

Or, le risque qu’ils restent longtemps dans une espèce d’antichambre est réel, puisque le deuxième gouvernement Legault semble privilégier la voie d’un projet de loi en bonne et due forme pour rendre enfin facultatif le serment à la monarchie.

C’est d’ailleurs aussi cette voie législative que privilégie Québec solidaire plutôt qu’une simple motion.

Mais justement! Ce réengagement de deux des trois autres partis représentés à l’Assemblée nationale — et surtout du gouvernement — en faveur d’une modification des conditions d’entrée à l’Assemblée nationale aurait dû suffire au Parti québécois pour effectuer un pas de côté et affirmer que ce dossier bougera enfin grâce à lui.

Ce réengagement aurait pu lui suffire pour dire qu’il a obtenu la garantie que les assermentations de cette semaine seront les dernières lors desquelles des péquistes seront obligés de prononcer ce foutu serment à Sa Majesté. Car, au fond, c’est ce qu’il vient d’obtenir de la part du gouvernement. Ce n’est pas rien.

Ce serment disparaîtra à terme.

Le PQ aurait intérêt à constater plus tôt que tard qu'il vient d'obtenir une victoire politique.

Il doit veiller à ne pas se piéger lui-même, à ne pas être hors jeu pendant des semaines, voire des mois. Gare au piège du roi!