Déversements des eaux usées: un début d’été désastreux à Saguenay

À Saguenay, en 2022, on a enregistré 1153 débordements, seulement pour les mois d’avril, mai et juin.

L’année 2022 s’annonce mal en matière de déversements des eaux usées dans les cours d’eau de Saguenay. En avril, mai et juin, pendant qu’on enregistrait d’importants épisodes de pluie, Saguenay a dû effectuer 1153 déversements, ce qui correspond à trois fois plus que l’année précédente et cinq fois plus qu’en 2020 pour cette même période.


Ce n’est un secret pour personne, la majorité des villes du Québec est dans l’obligation de déverser leurs surplus d’eaux usées dans des cours d’eau chaque année. Il n’est pas illégal de le faire, mais chaque débordement doit être signalé au ministère de l’Environnement.

Saguenay figure souvent parmi les villes qui déversent le plus d’eaux usées au Québec. Les périodes de sécheresse limitent ces déversements, mais lorsqu’il pleut abondamment, la situation se corse.



Ç’a été le cas en début de saison. À Saguenay, en 2022, on a enregistré 1153 débordements, seulement pour les mois d’avril, mai et juin. C’est déjà la moitié de ce qui avait été enregistré pour les 12 mois de 2020.

Précisément, à Chicoutimi, Jonquière et La Baie, les trois principaux arrondissements qui déversent dans les cours d’eau, on signale 422, 366 et 332 débordements pour les mois d’avril, mai et juin. En 2021, ces données s’élevaient à 242, 153 et 91. En 2020, on en signalait 63, 174 et 15. L’année 2019 avait également été difficile, avec 332, 281 et 169. Mais pas autant que cette année, selon les données fournies au Quotidien par le ministère de l’Environnement.

Chicoutimi reste l’arrondissement qui déverse le plus, avec 422 pour avril, mai et juin 2022.

Ce nombre de déversements qui atteint des chiffres particulièrement élevés s’explique par les quantités records de pluie qu’a reçues le territoire. C’est un problème connu depuis longtemps ; les ouvrages actuels ne répondent pas au volume élevé d’eau.

« La problématique des débordements est connue et nous travaillons toujours à les réduire et les limiter », explique le responsable des communications à la Ville de Saguenay, Dominic Arseneau. D’ailleurs, il explique que 25 millions de dollars seront investis au cours des deux prochaines années, à l’usine d’épuration de La Baie.



« Cette réfection majeure est déjà en cours et se poursuit pour deux autres années encore. Elle est fonctionnelle en tout temps pendant les travaux. À terme, une usine neuve traitera plus d’eaux usées et cela réduira les débordements. Également, des travaux consisteront à la rénovation complète de sept ouvrages de pompage problématiques ; trois à Jonquière, deux à Chicoutimi et deux autres à La Baie, pour plus de 11 M$. Plus les stations de pompage sont neuves, plus elles peuvent charrier d’eau vers les usines d’épuration, et donc, la garder dans le réseau », explique Dominic Arseneau, lorsque questionné sur les moyens mis en place par la Ville pour améliorer le système.

Le ministère de l’Environnement constate évidemment une hausse du nombre de déversements en début d’été à Saguenay, comparativement aux années antérieures. Aucune loi ne serait néanmoins enfreinte.

« Pour le moment, aucun manquement à la Loi sur la qualité de l’environnement ou au Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux (ROMAE) n’a été constaté en lien avec les débordements survenus au cours de cette période », indique le ministère, par courriel.

À Saguenay, en 2022, on a enregistré 1153 débordements, seulement pour les mois d’avril, mai et juin.

Les milieux récepteurs des débordements des eaux usées à Saguenay sont la rivière du Moulin, la rivière Gauthier, la rivière Shipshaw et le Saguenay.

Fondation Rivières

En 2020, avec 2283 déversements de ses eaux usées dans les cours d’eau, Saguenay se classait au 4e rang du palmarès des grandes villes qui déversent le plus. En 2019, avec ses 2931 déversements, elle arrivait en 2e position.

« Ce n’est pas compliqué, certains systèmes ont été construits comme s’il ne pleuvait jamais », affirme le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger. L’organisme se veut un chien de garde en ce qui a trait au nombre de déversements que font les villes québécoises dans les cours d’eau, dressant des palmarès annuels du pire comme du meilleur. Le palmarès pour 2021 est d’ailleurs attendu prochainement.



L’idée derrière ce palmarès n’est pas de pointer du doigt certaines villes, mais surtout de signifier aux gouvernements les endroits où il faut agir en urgence.

Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en 2020, six villes étaient classées parmi celles qui déversent de façon « très élevée », selon les recensements de la fondation.

Des travaux sont en cours à la station de pompage du boulevard Grande-Baie Nord de La Baie.

On y retrouve Saguenay, Alma, Roberval, Dolbeau-Mistassini, Saint-Félicien et Albanel.

Rappelons que onze municipalités du Saguenay-Lac-Saint-Jean n’ont pas de traitements de leurs eaux usées ; L’Anse-Saint-Jean, Sainte-Rose-du-Nord, Sainte-Monique, Notre-Dame-de-Lorette, Labrecque, Saint-Élizabeth-de-Proulx, Saint-Eugène-d’Argentney, Saint-André-du-Lac-Saint-Jean, Saint-Edmond-les-Plaines, Saint-Ludger-de-Milot, Saint-Fulgence et Labrecque.