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Lundi, le Parti libéral du Québec a perdu près de... 410 000 électeurs par rapport au scrutin de 2018.

Amorcée depuis longtemps, la chute du Parti québécois a été plus contenue. N’empêche qu’elle s’est encore poursuivie cette année. Le PQ a recueilli environ 87 300 votes de moins qu’il y a quatre ans.

Québec solidaire a vécu sa première glissade avec un déficit de près de 15 000 votes depuis le précédent scrutin.

De son côté, la CAQ, qui avait déjà récolté plus de 1,5 million de voix en 2018, a pu compter sur le soutien de 176 000 électeurs supplémentaires. C’est un exploit après quatre ans de pouvoir.

Le Parti conservateur du Québec, qui partait du fond du baril électoral, a vu son nombre de votes croître de près de 472 000. Le fait est marquant.

Après le tournis, le vertige : par rapport au scrutin de 2014, les libéraux ont perdu... 1 166 000 votes lundi. Plus de 1,1 million en huit ans seulement!

Puisque la culbute du Parti québécois a commencé bien avant celle des libéraux, remontons aux élections de 1998 en ce qui le concerne — des élections qui ne constituaient même pas un sommet pour lui. Depuis cette année-là, les péquistes ont perdu pas moins de 1 143 000 électeurs. Presque autant que les libéraux, mais sur une plus longue période de temps.

Faut-il préciser ici que le nombre d’électeurs n’a jamais cessé de croître au cours de ces années?

Devant des tendances aussi lourdes, et devant une CAQ si populaire pendant son premier mandat, Dominique Anglade et Paul St-Pierre Plamondon ne pouvaient pas opérer de miracles lundi.

Encore une donnée pour élargir la perspective : le bond effectué par le Parti conservateur du Québec est remarquable, certes. Avec ses quelque 530 000 électeurs, le PCQ d’Éric Duhaime décroche toutefois, à peu de chose près, ce que l’ADQ de Mario Dumont avait obtenu à sa dernière présence électorale, en 2008.

Après le match…

Ces données étalées, il n’en demeure pas moins malsain que notre système électoral ait joué lundi un aussi mauvais tour au Parti québécois et au Parti conservateur — ainsi qu’à Québec solidaire, bien que dans une moindre mesure.

Que les suffrages du PQ et du PCQ soient aussi mal pris en compte quant au nombre de sièges à l’Assemblée nationale est anormal.

On ne compte plus le nombre de voix entendues cette semaine pour dénoncer notre mode de scrutin et en appeler à une proportionnelle. C’est très bien, quoiqu’il serait complètement fou de passer d’un système à l’autre.

Il faudrait plutôt parler d’un scrutin contenant des «éléments de proportionnalité», tendre vers un système «ajusté».

N’empêche qu’il aurait été préférable que toutes ces voix s’élèvent ces dernières années. Pas une fois la partie terminée! On peut bien dire qu’il n’est jamais trop tard. C’est vrai. Sauf que le scrutin est passé.

Tout aussi nécessaire soit-elle, la mise en place de différents éléments figurant dans les projets de réforme parlementaire présentés au fil des ans ne sera qu’un pis-aller. Mais il faut évidemment au moins aller dans cette direction. Il le fallait déjà de toute façon.

Les gouvernements se défont

D’ici les prochaines élections, les libéraux auront peut-être changé de leader, même si Dominique Anglade n’a pas démérité. Ils ne changeront pas ce qu’ils sont, toutefois. Et pourquoi le feraient-ils? Pour singer un autre parti, pour ne plus être eux-mêmes?

D’ici les prochaines élections, les solidaires ajusteront certains boulons, mais ils resteront ce qu’ils sont. Il le faut.

D’ici les prochaines élections, le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon aura peut-être défini les contours de son projet souverainiste. Mais il va sans dire qu’il ne changera pas de cap. Il perdrait son âme s’il le faisait.

Ces partis analysent et continueront d’analyser ce qui n’a pas bien été pendant la campagne, ainsi que ces dernières années. Ils ne resteront pas les bras croisés.

Il faut bien qu’ils puissent dire à l’«opinion publique» qu’ils ont entendu «le message»…

Et il faut de toute façon sans cesse remettre son ouvrage sur le métier, comme le veut le dicton.

Mais les «post-mortem» ont des limites. Ces grandes cogitations auront relativement peu d’impact sur l’électorat. Les changements qu’adopteront ces partis seront limités — exception faite, peut-être, de l’arrivée d’un éventuel nouveau chef au PLQ d’ici le prochain scrutin, en 2026.

Cela pour rappeler ceci : les gouvernements ne se font pas battre par un parti d’opposition; ils se défont d’abord eux-mêmes. C’est ce qui arrivera un jour à celui de la CAQ.

Le temps charrie toujours son lot de difficultés. Il fait croître le nombre de mécontents.

Dans le cas du gouvernement caquiste, une autre variable pourrait apparaître d’ici 2026 si François Legault décide de ne pas se représenter devant l’électorat, malgré ce qu’il a déjà dit.

Quelle tendance caquiste émergera après lui? Celle des souverainistes en son sein? Celle des fédéralistes?

L’équipage caquiste survivra au départ de son créateur, mais dans quel état sera-t-il? À quoi ressemblera-t-il?

La conjoncture

Pour les partis d’opposition, il n’y a pas seulement la perspective d’un gouvernement finissant par se défaire lui-même qui existe. Il y a aussi la conjoncture politique, économique, sociale. Elle peut changer et rebattre des cartes.

Cette conjoncture, ils ne la contrôlent jamais tout à fait, cela étant. Ils ont peu de prise sur elle. Elle les dépasse.

Mais elle peut défavoriser un gouvernement en place. Les partis d’opposition ont la responsabilité d’être prêts pour ce moment-là.

Plus que les «post-mortem» dans lesquels ils s’engagent, ce sont des éléments extérieurs aux partis d’opposition qui pourront un jour permettre à l’un d’eux de compter davantage sur l’échiquier électoral.

Les partis à la traîne ont d’ailleurs déjà tout essayé ces dernières années.

Le PQ et le PLQ n’en seront pas à leur premier «post-mortem».

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