Le mythe des 1000 logements abordables de la mairesse de Saguenay

OPINION / La promesse de la mairesse de Saguenay, Julie Dufour, de construire des logements abordables sur la zone ferroviaire fait couler beaucoup d’encre. Outre les problèmes inhérents au choix du terrain, l’usage du terme « abordable » laisse croire qu’il s’agit d’un projet qui répondra à la crise du logement que nous connaissons actuellement et que ces appartements seront accessibles financièrement. La confusion que crée l’usage de ce mot sert uniquement certains politiciens et politiciennes. Le logement abordable n’est pas la solution à la crise. C’est avant tout de logement social dont nous avons besoin !


Cette lettre ouverte a été écrite par Claude Côté, chef d’Unissons Saguenay.

Le logement abordable est tout sauf accessible ! Selon la SCHL (Société canadienne d’hypothèques et de logement), un logement est considéré comme abordable s’il coûte moins de 30 % du revenu avant impôt. Ainsi, si l’on se fie au revenu total médian des ménages à Saguenay, qui est de 58 078 $ par année (2015), le coût de ces logements serait d’environ 1450 $ par mois. Une « abordabilité » qui exclurait bon nombre de Saguenéens et semble peu à la portée des étudiants et des ménages d’une personne à qui une partie du projet est censée s’adresser.

Miser uniquement sur ce type de logement, comme nous le voyons actuellement, ne réglera aucunement la crise du logement. Cela réglerait une partie de la pénurie de logements, mais on oublie l’élément le plus important de cette crise : le prix du loyer. Pour régler la crise du logement à Saguenay, il faut absolument investir dans le logement social. Bien qu’il puisse exister des similitudes entre ce type de logement et le logement abordable, il y a des différences non négligeables qu’il est important d’apporter dans le débat public.

En voici quelques-unes :

• Le logement social : « Le logement social, c’est du logement à but non lucratif. Il est en dehors de la logique du profit. Sa vocation est de loger les gens à revenus faible et modeste. Il appartient à la collectivité plutôt qu’à des intérêts privés… Il existe trois grandes formes de logement social : les habitations à loyer modique (HLM), les coopératives d’habitation (COOP) et les organismes sans but lucratif (OSBL) d’habitation. » (Source)

• Le logement abordable : « Un logement est considéré comme abordable s’il coûte moins de 30 % du revenu avant impôt du ménage. Bien des gens croient qu’un “logement abordable” désigne uniquement un logement locatif subventionné par le gouvernement. En réalité, ce terme générique peut regrouper les habitations fournies par les secteurs privé, public et sans but lucratif. » (Source) Et celui-ci s’adresse à plusieurs types de clientèles.

Dans le projet initial de la mairesse, celle-ci mentionnait que le terrain serait décontaminé à l’aide d’une subvention gouvernementale de 10 M$ et que celui-ci serait donné gratuitement ou à très peu de frais au secteur privé. À première vue, on voit tout de suite que ce projet ne répondra pas à la crise du logement actuel. On y entrevoit plutôt de la logique spéculative et de la future surenchère sur les prix des logements. Ce qui reviendrait plutôt à ajouter de l’huile sur le feu !

Unissons Saguenay le répète souvent : si ce projet se fait, malgré le désaccord d’une partie de la population et de différents organismes, il faudra que celui-ci comprenne une mixité de logements qui permettront de répondre à la crise. Exemple : 20 % de logements sociaux, 20 % de logements pour les familles, 20 % pour les étudiants, 20 % de logements adaptés et 20 % pour du logement abordable.