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En cette deuxième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, des membres des Premières Nations ressentent toujours de la «colère». C'est le cas de Cindy Vollant, qui a vu ses aînés souffrir en silence.

«Pour ceux qui ont vécu ça, les pensionnats, comme mes oncles et mes tantes, je pense que les blessures ne se refermeront jamais, confie-t-elle. Mais il faut en parler. On parle plus de vérité que de réconciliation en ce moment.»

La mère de deux enfants espère que le gouvernement du Québec emboîte le pas au fédéral et reconnaisse une fois pour toutes le racisme systémique.

«Les gens de nos communautés qui ont vécu les pensionnats n'avaient pas confiance au système d'éducation. C'est un cercle qu'il faut arrêter. Cette situation de racisme a freiné plusieurs gens de ma génération d'aller a l’école. Heureusement, on voit des changements. Je le vois au primaire avec mes deux enfants. Il y a une ouverture que je ne voyais pas à mon époque», se réjouit Mme Vollant, qui vient d'entamer sa première année au baccalauréat en littérature, à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

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«À 36 ans, je sens que je suis enfin à la place où je devrais être», admet avec émotion l'étudiante qui espère devenir une professeure qui fera une différence pour les gens de sa communauté.

«Je ne le sentais pas au primaire ni au secondaire. On me traitait de noms. J’ai arrêté l’école. Mais plus tard, j’ai décidé d’y retourner après avoir fait quelques DEP et eu différents emplois. J’ai commencé à me sentir à ma place, grâce à un professeur au Cégep à Sept-Îles qui a fait une différence dans ma vie.»

Une victime collatérale

Également étudiante à l'UQAC, Nemnemiss Mckenzie croit aussi que sa guérison sera longue. Sa mère et son père se sont rencontrés dans l’un des pensionnats, qui visaient à «tuer la culture» des autochtones, mais qui ont aussi été le théâtre de sévices sexuels et de violence physique et psychologique.

«Lorsque j'étais jeune, j'ai entendu ma mère et mon père dire qu'ils étaient allés au pensionnat. J'ai longtemps pensé que c'était un pensionnant comme celui de Québec où j'allais moi-même. Mais ce n'était pas ça. Ils ne parlaient pas de ce qui s’était passé là-bas. On l'a su lorsque le sujet est sorti publiquement», raconte la mère de cinq enfants qui étudie en enseignement préscolaire primaire, au campus de Sept-Îles.

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Bien qu’elle n’ait pas vécu les sévices de ses parents, elle se considère comme une victime collatérale. «Même moi, je ne suis pas guérie de ça. Ça va pendre du temps. Ma mère m'a transmis des choses que j'ai aussi répétées. Par exemple, le seul modèle qu'elle a eu, ce sont les prêtres et les sœurs des pensionnats. Elle a vécu dans les critiques verbales toute sa jeunesse. Elle nous a bien élevés, on n'a manqué de rien. Mais elle a aussi reproduit ce modèle de critique. Et moi aussi d'ailleurs. Depuis la commission (de 2015), on a réussi à mettre des mots sur ce qu'on vivait. On travaille beaucoup en ce sens, je communique avec mes enfants, ils m'ont pardonné des choses», confie-t-elle, dans une entrevue téléphonique.

Sa mère caressait le rêve de devenir enseignante. Un rêve que Nemnemiss est en train de réaliser. «Je veux revenir dans ma communauté, enseigner aux enfants, préserver ma langue», mentionne celle qui croit que de parler peut aider à panser certaines plaies.

Nemnemiss Mckenzie a d'ailleurs réalisé un court métrage animé sur l'histoire de sa mère, en collaboration avec Wapikoni mobile, un studio de création qui donne une voix aux jeunes des Premières Nations.

«Le film, c'était une lettre à ma mère. Quand je lui ai lu, elle a réagi, comme si ça avait éveillé quelque chose en elle. Ç’a été le point de départ de nos discussions. Elle est décédée en 2018, quelques années avant la première Journée de vérité et réconciliation», soupire Nemnemiss, dont le père est quant à lui décédé des années avant les premières discussions à ce sujet.

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