Chronique|

Zub vous aime aussi!

«Bien sûr! C’est très important pour moi. Je sais que les partisans sont derrière moi. Et c’est la même chose avec mes coéquipiers! Tout me plaît, dans cette ville. Je suis très heureux, ici (à Ottawa)», soutient Artem Zub.

CHRONIQUE / Artem Zub préférerait qu’on ne parle pas trop de son prochain contrat. 


«Vous devriez poser vos questions à mon agent. Ou à Pierre», me dit-il, avec un sourire timide.

On bavardait depuis sept longues minutes, déjà. Il s’agissait, peut-être, de sa première «grande entrevue» avec un journaliste sportif d’Ottawa.

On m’avait prévenu. Il était un peu nerveux. Son anglais n’est pas parfait. Ça fait naître chez lui quelques complexes.

Aussi bien régler quelque chose, dès le départ. L’anglais de Zub est fort correct. Il est capable de se faire comprendre.

L’entrevue tirait à sa fin. Je l’ai prévenu que la question la plus difficile s’en venait.

Êtes-vous suffisamment heureux, à Ottawa, pour avoir envie de prolonger votre association avec les Sénateurs pendant trois, quatre ou même cinq années de plus?

C’est là, précisément, qu’il m’a conseillé de parler avec son agent.

«Moi, j’essaie juste de me concentrer sur ma saison. J’essaie de travailler chaque jour, sans penser à toutes ces histoires. Je dois vraiment me concentrer sur mon travail, vous savez.»

Je lui avais dit que ce serait ma dernière question. J’ai changé d’idée. J’en ai posé une autre.

C’est important, pour vous, de faire carrière dans une ville où vous sentez qu’on vous apprécie? C’est important de jouer dans une ville où les partisans vous aiment, sincèrement?

«Bien sûr! C’est très important pour moi. Je sais que les partisans sont derrière moi. Et c’est la même chose avec mes coéquipiers! Tout me plaît, dans cette ville. Je suis très heureux, ici», a-t-il soutenu.

«Je ressens tout le soutien des partisans depuis l’an dernier. Je les entendais, durant nos matches, quand j’avais la rondelle sur mon bâton. C’est vraiment bien. Je suis toujours content quand je les entends», a répondu Zub au sujet du privilège qu'il a d'être aimé par les partisans des Sénateurs.

••••

J’avais envie d’écrire cette chronique depuis un mois, au moins. Alors que s’écoulaient les derniers jours de mon congé estival, je gardais un oeil sur les réseaux sociaux. Je voyais Zub partout.

Les partisans des Sénateurs, avec un optimisme renouvelé, ont pris d’assaut le Sensplex de Kanata pour assister aux entraînements improvisés des pros de la Ligue nationale. Ils attendaient chaque jour les joueurs, dans le stationnement, dans le but d’obtenir une photo ou de leur faire signer un bout de papier.

Zub apparaissait sur mon fil, chaque jour.

Thomas Chabot et Brady Tkachuk étaient pourtant là, tout comme Josh Norris et Claude Giroux. Pas important. Le roi des égoportraits, en cette fin d’été, c’était Zub.

Je voulais lui parler précisément de tout ça.

En fait, j’avais deux questions. Je voulais savoir s’il sait à quel point les partisans des Sénateurs l’aiment.

Surtout, j’étais curieux de savoir si Zub comprend à quel point il est privilégié.

Les fans ont pour lui cet amour inconditionnel, proche du culte. Ailleurs, on voit ça chez les superstars qui marquent 50 buts. Les défenseurs à caractère défensif, comme lui, existent presque tout le temps dans l’anonymat.

D’abord, Zub est bien conscient de sa chance. «Je ressens tout le soutien des partisans depuis l’an dernier. Je les entendais, durant nos matches, quand j’avais la rondelle sur mon bâton. C’est vraiment bien. Je suis toujours content quand je les entends.»

Zub sait qu’on l’aime, alors. Il est reconnaissant.

Il n’a pas l’air de parfaitement comprendre tout cet amour qu’il reçoit.

«Je ne me sens pas comme... C’est quoi, déjà, le mot que vous utilisez? Superstar! C’est ça, je ne suis pas une superstar. Je suis juste un gars qui travaille fort, chaque soir. Je travaille fort parce que je veux que mon équipe gagne.»

En somme, Zub aime son public, autant que son public l’aime.

••••

Inutile d’aller voir Pierre Dorion pour lui parler du prochain contrat d’Artem Zub. Sa position, on la connaît. On la devine. Il cherche par tous les moyens d’améliorer sa brigade défensive. Il cherche depuis des mois à faire l’acquisition d’un joueur - préférablement droitier - capable de passer une vingtaine de minutes par match sur la patinoire.

C’est une grosse tâche, de toute évidence. C’est la seule tâche qu’il n’a pas été capable de compléter durant l’été le plus productif de toute sa carrière.

Il n’a donc pas les moyens de laisser filer Zub.

Si Zub décide d’aller voir ailleurs, Dorion se retrouvera dans l’obligation de trouver deux défenseurs droitiers. Il se retrouverait alors à reculer, alors qu’il préférerait avancer.

Dorion ferait bien, alors de ne pas trop traîner. Ça ressemble presque à un conseil d’ami, au fond.

Vers la fin de notre conversation, mardi, Zub nous a dit qu’il nourrit de grandes ambitions pour la saison 2022-23.

Il fêtera ses 27 ans, en début de semaine prochaine. Il est donc un peu plus vieux que les autres joueurs qui forment le noyau des Sénateurs.

À l’instar de Drake Batherson, Josh Norris et Tim Stützle, il croit qu’il est encore capable de grandir.

«Je suis capable de faire mieux. Je devrais être capable d’atteindre de nouveaux sommets.»

On ne sait pas exactement ce que ça signifie. Il n’a pas chiffré ses objectifs. Je ne parierais quand même pas contre lui.