Parlons santé maintenant. Partant du principe que l’être humain n’a pas de garantie du constructeur, quels gestes devrions-nous poser pour la conserver en bon état?
Contrairement aux plus récentes voitures qui sont dotées d’un ordinateur permettant de connaître avec exactitude le nombre de kilomètres restants avant le prochain rendez-vous pour une vidange d’huile, la personne derrière le volant n’est pas équipée d’un tableau de bord avec témoins lumineux ni de détecteurs d’angles morts dans les rétroviseurs.
C’est à chacun de faire sa propre inspection afin de prévenir les problèmes de santé qui peuvent surgir de nulle part. À ce propos, Sébastien Perron propose un manuel du propriétaire pour nous éviter des visites chez le garagiste... ou plutôt chez le médecin.
«Je ne suis pas mécanicien; en fait, je ne connais rien à la mécanique automobile. Malgré tout, je sais comment utiliser ma voiture pour prévenir les difficultés. J’emploie de l’essence de qualité, je fais les entretiens recommandés, j’ai parcouru sommairement mon guide du fabricant et j’applique ce qui est conseillé. De plus, j’évite les usages abusifs: ainsi, je comprends que tirer un bateau avec une petite voiture ne peut qu’engendrer des ennuis. Pour le corps humain, c’est aussi simple...», écrit-il avant de nous aider à comprendre les besoins de l’organisme et la bonne façon de s’en servir.
Âgé de 44 ans, Sébastien Perron est spécialiste en médecine interne à l’Hôpital du Centre-de-la-Mauricie, à Shawinigan. «Je me concentre sur les organes vitaux: coeur, reins, poumons, foie, sang, système nerveux, etc.», énumère celui qui est également chargé d’enseignement clinique à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.
Il vient d’ajouter une autre corde à son arc, la rédaction d’un livre intitulé «Ton médecin ne te guérira pas». Cet ouvrage de près de 300 pages a un sous-titre tout aussi évocateur: «Comment vivre longtemps sans maladie chronique, sans médicament et bien dans sa peau».
Ça donne envie d’en apprendre davantage sur ses observations découlant de son quotidien auprès d’hommes et de femmes souffrant de maladies qui sont généralement incrustées pour de bon, comme les traces de rouille sur la carrosserie.
L’interniste fait de son mieux pour soulager les symptômes de ses patients et prévenir des complications, mais l’auteur se permet aujourd’hui de poser cette question au lecteur: est-ce que tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour accorder la priorité à ta santé?
Le docteur Perron s’inspire entre autres d’Hippocrate, le père de la médecine, qui disait: «Avant de guérir quelqu’un, demande‐lui s’il est prêt à abandonner les choses qui le rendent malade.»
Durant une consultation où il sera surtout question de médicaments ou de traitements, le médecin manque de temps pour expliquer à son patient que la meilleure façon de ne pas être malade... est de ne pas le devenir.
«Il faut remettre la personne au centre de sa santé. C’est une responsabilité individuelle. Si on faisait juste quatre choses très simples, bien manger, bouger, ne pas fumer et ne pas abuser de l’alcool, personnellement, je serais au chômage», affirme le médecin en précisant que ces bonnes habitudes de vie permettent de diminuer de 80% le risque de faire une crise cardiaque et un AVC et de 40% celui de développer un cancer.
En prime, on améliore sa santé mentale.
L’idée d’écrire un livre lui est venue au fil de sa pratique et de ses propres lectures sur l’histoire de l’humanité.
«Pendant cinq millions d’années, le corps s’est développé dans un contexte où les famines se succédaient, où l’humain devait être actif pour survivre. Et là, à l’intérieur d’un siècle ou deux, on vient chambarder ce bel équilibre», fait-il remarquer en pointant du doigt les effets néfastes de la sédentarité et la consommation d’aliments hautement transformés.
On le sait tous même si on préférerait ne pas le savoir, il y a beaucoup trop de sel, de sucre et de gras dans nos assiettes et, par la force des choses, dans notre organisme.
«Les maladies dont on souffre actuellement n’existaient pas, ou à peu près pas, il y a une centaine d’années. Ce sont des maladies nouvelles qui sont dues au fait que le corps n’est pas adapté à l’environnement auquel on le soumet», souligne Sébastien Perron en martelant son message: «Si on explique bien aux gens les bénéfices qu’ils peuvent aller chercher en changeant leur mode de vie, je pense qu’il y a de l’espoir.»
Le père de quatre enfants de 6 à 14 ans parle avec enthousiasme de son livre qu’il a écrit au cours des deux dernières années, en soirée et dans la chambre de sa petite dernière qui réclamait sa présence pour s’endormir. Le docteur Perron a su joindre l’utile à l’agréable en rédigeant un guide pour tous qui lui a fait un grand bien à lui aussi.
«C’est psychologiquement difficile d’être un professionnel de la santé. Systématiquement, les gens qui arrivent dans mon bureau, je ne réussirai pas à les guérir. Je vais essayer de les améliorer, mais j’aimerais ça agir avant...»
D’où son manuel du propriétaire. À défaut de guérir, il veut prévenir.
«Ta santé est une histoire dont tu es le héros», écrit l’auteur qui sait se montrer convaincant. «Elle est d’ailleurs ta mission la plus importante, puisque tu n’as qu’un corps, avec des options de réparation limitées et sans pièces de rechange. L’état de celui‐ci peut déterminer si tu auras une vie libre et heureuse ou une existence misérable et pleine d’entraves...»