Les transitions scolaires, moments charnières dans la vie d’un étudiant

Les parcours atypiques ne sont plus les mêmes en 2022. Les institutions d’enseignement doivent s’outiller pour mieux accompagner les étudiants.

Plus d’une vingtaine de chercheurs de six universités québécoises, dont l’UQAC, unissent leurs forces pour rendre la transition des étudiants plus facile entre les études secondaires et collégiales, ainsi qu’entre le cégep et l’université. L’initiative, nommée « Transitions réussies vers les études supérieures: un défi interordres », jouit d’un financement de 3,75 millions $ sur trois ans de la part du ministère de l’Enseignement supérieur.


« Même si on a réalisé des avancées pour démocratiser les études, nous avons encore beaucoup de travail à faire pour augmenter la fréquentation dans les cégeps et les universités, ainsi que la diplomation », a mentionné lundi matin Johanne Jean, la présidente de l’Université du Québec.

Elle était accompagnée du président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, et du professeur au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal, Pierre Doray.



Ce projet est la troisième phase d’un vaste travail lancé il y a une décennie pour permettre à plus de jeunes de réussir leurs études supérieures. « La qualité des transitions est un vecteur déterminant dans la réussite, et ce dès la première entre le primaire et le secondaire », a souligné Mme Jean.

Malgré tout le travail accompli jusqu’à maintenant et les nombreuses initiatives, il y a toujours certains groupes de la population qui sont désavantagés face à la poursuite et la réussite scolaire. « On se préoccupe du sort des garçons, mentionne M. Tremblay. Les étudiants de première génération, dont les parents n’ont pas poursuivi d’études au-delà du secondaire, risquent également plus d’abandonner. »

Parmi ces groupes, il y a aussi les jeunes issus de familles à faible revenu ou monoparentales, tout comme ceux qui habitent dans des régions rurales éloignées ou qui sont d’origine autochtone. « Notre objectif est d’offrir des chances égales à tous », résume le PDG de la Fédération des cégeps.

Pour le chercheur Pierre Doray, les transitions peuvent devenir le moment où le jeune est fragilisé. « Lorsqu’on quitte le secondaire pour le cégep, on quitte un milieu connu dont on contrôle les règles et les habitudes pour aller dans un endroit complètement différent. La discipline collégiale n’est pas la même. »



L’accompagnement d’un élève est important dès le secondaire selon des chiffres amenés par Pierre Doray : 93 % des jeunes ayant débuté leur secondaire au Programme d’éducation internationale (PEI) iront au cégep par la suite, comparativement à 79 % des élèves au public enrichi et 44 % au régulier.

Le chercheur propose également de voir au-delà des dimensions éducatives et d’observer les ancrages sociaux, les conditions de vie et les relations sociales de l’étudiant.

Un jeune a décrit son parcours scolaire, lundi matin. Vincent Tremblay a terminé son secondaire à L’Île-Perrot. Il s’est inscrit par la suite au Collège de Valleyfield en génie mécanique et naturellement, à l’École de technologie supérieure (ÉTS) à Montréal. « Après deux sessions, ça s’est terminé abruptement avec la pandémie. Déjà que je devais y aller en train et que c’était long, je ne me sentais pas à ma place, alors j’ai pris une pause d’un an de mes études. »

Pendant cet arrêt, il a découvert le Bas-Saint-Laurent et aujourd’hui, il est inscrit à l’Université du Québec à Rimouski au BAC en développement des sociétés et territoires. Il pense poursuivre à la maîtrise.

Ce parcours, qui peut paraître atypique, ne l’est plus, souligne Pierre Doray. « Il y a beaucoup d’éléments propres aux nouvelles générations. C’est maintenant un parcours normal. Ce projet pourra nous permettre de mieux comprendre cette diversification. »