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La recrue la plus importante, c'est Søgaard

Mads Søgaard sera le joueur à suivre, ce week-end, au Tournoi des recrues. Ça ne fait aucun doute, dans mon esprit.

CHRONIQUE / Une grosse année débute pour le Grand Danois.


Mads Søgaard sera le joueur à suivre, ce week-end, au Tournoi des recrues. Ça ne fait aucun doute, dans mon esprit.

Oui-oui, tout le monde a hâte d’enfin voir Jake Sanderson à l’oeuvre, dans son maillot rouge et noir des Sénateurs. Sanderson fait ses premiers pas dans le hockey professionnel. S’il n’est pas prêt pour la Ligue nationale, il ira faire un tour à Belleville. Personne ne sera scandalisé. Il a tout le temps du monde devant lui.

Shane Pinto? Les prochains jours nous permettront de découvrir à quel point il a été affecté par son année passée loin de la patinoire.

Pinto a quand même eu le temps de prouver qu’il est un joueur de la Ligue nationale. Tôt où tard, il rattrapera le temps perdu.

Shane Pinto

Dans son cas non plus, il n’y a pas vraiment de presse. D.J. Smith peut s’appuyer sur d’autres centres, en l’attendant.

Parenthèse. Smith peut même compter sur Derick Brassard, parce que Pierre Dorion vient de lui accorder un contrat d’essai. Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à me péter les bretelles. J’ai, en revanche, beaucoup de gratitude. Merci de m’avoir écouté, Pierre. C’est vraiment chic de ta part.

Parlons de Søgaard, maintenant.

À compter de maintenant, et jusqu’au printemps prochain, chacune de ses présences devant le filet sera d’une importance capitale.

Selon le plan de l’organisation, les Sénateurs atteindront leur plein potentiel quelque part entre 2024 et 2025.

Qui sera leur gardien, à ce moment-là?

Cam Talbot a déjà 35 ans et quelques cheveux blancs. Disons que le temps joue contre lui.

Anton Forsberg est un peu plus jeune, ça pourrait l’aider. Sera-t-il capable de répéter ses exploits de l’hiver dernier? Ce n’est pas certain.

Søgaard a 21 ans. On l’a repêché durant la longue et pénible phase de reconstruction de l’équipe. À six pieds et sept pouces, il possède la principale qualité qu’on cherche, chez les gardiens d’aujourd’hui. Il est l’héritier du trône laissé vacant par Craig Anderson.

Dans le sport, les couronnements se font rarement automatiquement.

Søgaard a connu de bons et de moins bons moments depuis le moment où il a quitté son Danemark natal pour tenter sa chance au Canada.

C’est pourquoi la saison qui débute sera déterminante. Quel visage Søgaard montrera-t-il?

J’ai posé une seule question à Troy Mann, jeudi.

L’entraîneur-chef des Senators de Belleville n’est pas trop du genre à protéger ses «petits gars». Il donne toujours l’heure juste.

Troy Mann

Il se permet même de critiquer les gardiens, lorsque c’est mérité.

C’est rare ça. Règle générale, dans le hockey, on protège coûte que coûte le gardien.

«Tu veux savoir ce que je pense de Søgie? Mon opinion, c’est que ce jeune homme est un vrai de vrai», a-t-il lancé.

C’est une déclaration qui ne laisse pas vraiment place à interprétation.

Mann, on vous le rappelle aime les choses claires. Il s’est donc permis de préciser sa pensée.

«Cette saison, j’aimerais par-dessus tout qu’il reste en santé. Il a été blessé, l’an dernier. Il a également traversé la tempête de la COVID-19. Ça n’a pas aidé.»

Mann parle ici de l’éclosion que nous avions presque oubliée, et qui a contaminée 18 membres des Senators, en décembre. L’équipe se trouvait alors à Syracuse. Le pauvre Søgaard, qui n’est pas citoyen canadien, n’a pu rentrer au pays. Il a passé 14 jours en isolement, tout fin seul, dans une chambre d’hôtel aux États-Unis.

À ce moment-là, tout allait comme sur des roulettes. Il avait alloué seulement 16 buts au cours de ses huit dernières sorties. Durant cette séquence, il avait conservé un taux d’efficacité de 93,6 %.

Il a passé, en tout, un mois - moins deux jours - loin de son filet.

Après une si longue absence, disons que les choses étaient plus difficiles.

À la toute fin de la saison, les choses ont commencé à se replacer. Avec sa fiche de 8-3-1, dans les 12 dernières parties, il a donné un gros coup de pouce aux Senators, dans la course vers les séries.

C’est peut-être juste ça, au fond.

S’il n’y avait pas eu les blessures, et la pandémie, la saison aurait sans doute été différente.

Mads Søgaard ne cherche pas d’excuses. Au contraire.

Dans sa brève rencontre avec les journalistes, dans le très bruyant Sensplex de Kanata, il a dit quelque chose d’intéressant pour la suite des choses.

«L’an dernier, j’ai compris qu’une saison de hockey, ça peut être très long. On va jouer 72 matches dans la Ligue américaine. Dans la Ligue nationale, le calendrier régulier comporte 82 parties. Je sais maintenant qu’il est impossible d’être au sommet de sa forme aussi souvent. Chaque année, il y aura forcément des passages où je ne me sentirai pas très bien. Dans ces moments, je devrai trouver des façons de faire gagner mon équipe quand même.»

Une grosse saison débute. C’est évident.

Søgaard sera devant le filet, vendredi, lorsque les recrues des Sénateurs affronteront celles des Bruins de Boston.