Débat: «Et le caribou et les emplois»... et tout le reste [VIDÉO]

Adrien Guibert-Barthez (QS), William Fradette (PQ), Berry Zinga Nkuni (PLQ), Andrée Laforest (CAQ) et Tommy Pageau (PCQ) ont participé au débat.

« Le scénario de perte d’emplois n’est pas un scénario acceptable. Il faut absolument protéger et le caribou et les emplois. » Cette réponse est venue du candidat de Québec solidaire (QS) dans Chicoutimi, Adrien Guibert-Barthez, qui participait au débat organisé mercredi par la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord.


Il demande aussi une réforme du régime forestier pour intensifier le reboisement et augmenter la possibilité forestière.

Également questionnée sur ce sujet, la candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Chicoutimi, Andrée Laforest, a tout simplement rappelé qu’il fallait un équilibre. Argument repris par le représentant libéral dans Dubuc, Berry Zinga Nkuni.

De son côté, le représentant du Parti québécois (PQ) dans Lac-Saint-Jean, William Fradette, a demandé une mise à jour des chiffres, la dernière étude datant de 2019. « Ensuite, si la solution, c’est de protéger le caribou forestier, il faudra compenser les communautés forestières avec, entre autres, la requalification. »

Et le candidat conservateur Tommy Pageau a martelé qu’« aucun emploi ne sera sacrifié ».

Les quatre grands thèmes du débat étaient main-d’oeuvre et immigration, ressources naturelles et opportunités environnementales, développement régional et transport ainsi que leadership et accès aux programmes gouvernementaux.

La rareté de la main-d’oeuvre préoccupe particulièrement les entrepreneurs et gens d’affaires. « Dans la région, 25 000 départs à la retraite se feront d’ici cinq ans. Mathématiquement, ça ne marche pas », a indiqué la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord, Sandra Rossignol, animatrice avec Dominick Fortin pour l’exercice.

Elle a demandé aux participants quelles mesures ils comptent mettre en place pour soutenir les propriétaires d’entreprise.

La CAQ, le PQ et le Parti libéral du Québec (PLQ) proposent de suspendre les cotisations à la Régie des rentes du Québec pour les 65 ans et plus. Mme Laforest a d’ailleurs annoncé que si la CAQ est ramenée au pouvoir, des changements seront faits rapidement.

Les aspirants de QS et du Parti conservateur du Québec (PCQ) ont proposé d’autres avenues : l’amélioration des conditions de travail dans le domaine de la santé pour limiter les départs hâtifs pour le premier, le soutien aux entreprises pour la robotisation dans le deuxième cas.

Adrien Guibert-Barthez (QS), William Fradette (PQ), Berry Zinga Nkuni (PLQ), Andrée Laforest (CAQ) et Tommy Pageau (PCQ) ont participé au débat. Derrière eux se trouvent les animateurs, Dominick Fortin et Sandra Rossignol.

Un débat sans étincelles

Si quelques flèches ont été lancées vers la députée sortante Andrée Laforest et ses collègues, aucun réel débat ne s’est engagé au cours de l’exercice d’une durée de 90 minutes.

William Fradette, Adrien Guibert-Barthez et Tommy Pageau ont tout de même fait front commun en dénonçant la ligne de parti du gouvernement Legault. « Outre Mme Laforest, pouvez-vous me nommer un autre député caquiste ? On ne les a jamais vus en quatre ans », a mentionné ce dernier.

Mme Laforest a défendu le bilan de son équipe en ramenant sur la table les réalisations des dernières années, de même que la promesse de François Legault d’investir 117 M $ pour la zone industrialo-portuaire de Grande-Anse.

Le représentant de l’équipe Duhaime s’est à son tour retrouvé isolé lorsqu’il a été question de GNL Québec. Comme l’a promis son chef il y a quelques semaines, lors de sa visite dans la région, M. Pageau a mentionné que s’il est élu, il relancerait le projet.

« Vous êtes présents seulement pour parler de GNL dans votre parti. Nous, on est les quatre députés, plus Yannick Gagnon. On veut un caucus fort et voyez tous les projets qu’on a eus depuis quatre ans. C’est ça, un leadership régional. »

Tous les autres candidats sont aussi d’avis qu’il faut mettre de côté une bonne fois pour toutes le projet de GNL Québec et se tourner vers les autres projets, comme Métaux BlackRock et Arianne Phosphate, ainsi que les nouvelles filières, telles que les batteries et l’hydrogène vert.

« Le 21e siècle sera celui des énergies renouvelables et l’hydrogène vert va en ce sens. C’est l’énergie de demain et c’est pour cela qu’on s’oppose à GNL. Parce que ce n’est pas de l’énergie à long terme », a indiqué le candidat libéral.

Pour augmenter la main-d’oeuvre, William Fradette a rappelé que le PQ veut que la moitié des immigrants soit dirigée vers les régions. Chez QS, on évalue que 3 % des immigrants devraient s’installer au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Andrée Laforest a tout de même rappelé que ces gens doivent être bien logés. Crise qui a été créée par la CAQ, a répliqué le candidat de QS. En 2021, 295 immigrants se sont établis au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Berry Zinga Nkuni, qui vit au Canada depuis 13 ans, a critiqué la lourdeur administrative. « Nous voulons que chaque région puisse déterminer ses besoins. »

QUESTIONS PERSONNALISÉES

L’exercice s’est terminé par des questions personnalisées. Andrée Laforest a été cuisinée sur les 5000 emplois que la CAQ avait promis d’envoyer vers les régions aux dernières élections. Elle en dénombre finalement 1200, dont une quinzaine répartis à Chicoutimi et à Alma.

Pour sa part, Tommy Pageau a dû défendre la notion de liberté du PCQ. « On est libres, a-t-il répondu, mais durant la pandémie, il y a des mesures qui ont été mises en place à la va-vite, sans étude scientifique. On a eu un couvre-feu à 20 h. Si, au moins, elles avaient marché. »

Adrien Guibert-Barthez a été invité à préciser la taxe que QS veut imposer aux plus riches. Cette mesure vise les gens qui ont un million de dollars en actif net, a-t-il répondu. «Il y a seulement 5 % de la population dans cette tranche-là, en enlevant les dettes et l’hypothèque. C'est 0,1 %, donc à deux millions, ça représente 1000 $ pour ces gens. »

Et si William Fradette a espoir qu’il ne sera pas le seul élu du PQ le 3 octobre prochain, le candidat libéral, qui se qualifie lui-même de « parachuté », Berry Zinga Nkuni, admet que les électeurs ont perdu confiance envers sa formation. « Il y a un bris de confiance entre les relations du Parti libéral et les électeurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui doit être réparé. Il peut venir de promesses qui n’ont pas été tenues. Les électeurs ont pu se sentir blessés. »

Les animateurs, Dominick Fortin et Sandra Rossignol

Un débat sans spectateurs

Contrairement à la formule utilisée lors des dernières campagnes électorales, le débat de mercredi ne se tenait pas devant les membres de la Chambre de commerce. Aucun spectateur ou journaliste ne pouvait prendre place dans le petit studio de NousTV Le Fjord.

La directrice générale de l’organisation, Sandra Rossignol, a expliqué que les coûts auraient été beaucoup trop élevés dans une salle. « C’était beaucoup trop dispendieux de louer l’équipement et une salle. Certains ont été déçus, mais en somme, ça permet à tous les électeurs de la région de voir le débat virtuellement. »

Les Chambres de commerce de la région ont consulté leurs membres, a-t-elle assuré, précisant que 109 participants se sont prêtés au jeu et que plusieurs rencontres se sont tenues pour préparer les questions du débat.