La rentrée brassicole consiste donc à ranger le matériel pour les événements extérieurs, planifier la production de bière, organiser les ventes et se préparer à traverser une période de consommation plus faible. Plusieurs microbrasseries arrivent à étaler leurs ventes sur l’ensemble de l’année, mais la période automne-hiver est souvent la plus calme. On en profite également pour faire des changements et des rénovations.
Le monde de la bière au Québec subit des changements et ces changements se sont fait remarquer cet été. Tout d’abord, le nombre de brasseries au Québec ne cesse d’augmenter et met de la pression sur un réseau des ventes de plus en plus surchargé. Les conséquences commencent déjà à se faire sentir et plusieurs joueurs ont soit lâché prise, soit réorganisé leurs activités ou diminué leur production. Cet automne-hiver sera un excellent révélateur.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/Z2BSVWQBIZDEJEYBBWV5G4VIMI.jpg)
Du côté des consommateurs, de légers changements de comportement se sont également fait ressentir. D’abord, une présence moins marquée dans les festivals de bière autrefois porteurs de culture brassicole. Est-ce parce que la bière est de plus en plus disponible partout ? Est-ce parce que le consommateur préfère réaliser ses découvertes dans les bars ou à domicile ? Une tendance à surveiller pour les prochaines éditions, mais plusieurs brasseries m’ont avoué redessiner leur présence en festival pour l’année prochaine et se concentrer sur les plus payants, signe que l’argument de visibilité ne suffit plus, celui de la rentabilité doit également être présent pour bon nombre d’entre eux.
Côté bière, le raz de marée seltzer ne semble pas avoir été aussi grand qu’annoncé. Certes les ventes de seltzer ne sont pas négligeables, mais la bière de microbrasserie et les bières importées s’en sont bien tirées cet été. Ce sont plutôt les grands brasseurs avec les défauts d’approvisionnement qui ont subi une perte au niveau des ventes, les tablettes vides dans la section des bières premium et super premium auront fini de vous convaincre.
Côté style, la IPA, reine des bières contemporaines, continue sa domination dans les bars et les tablettes, mais force est de constater que la lager légère, de blonde à brune, fait un retour remarqué, surtout dans les bars et restaurants. Certains styles très tendance, comme les pastry stout et smoothie, n’ont pas généré assez de ventes pour devenir une référence. Certes, plusieurs brasseries en brassent, mais le cumul de la production de ce style est assez bas, si on le compare à d’autres styles plus classiques. D’ailleurs, des brasseries qui misaient sur l’organisation de journées dédiées à la vente de ces produits changent de stratégie et distribuent dorénavant dans le réseau des détaillants.
Le portrait de l’industrie brassicole du Québec change, il n’est plus rare de voir des microbrasseries proposer plusieurs gammes de produits et concurrencer différents segments de produits alcoolisés, ou non. Par contre, pour les microbrasseries qui se concentrent encore uniquement sur la production de bières, suivre les tendances n’est plus suffisant, il faut offrir de bons produits, mais surtout s’assurer que le consommateur choisisse son produit. Dans le monde de la microbrasserie, l’acheteur est fidèle à un courant de consommation et non à des marques, et c’est tout un défi que de l’inviter à acheter tout le temps la même bière.
Force est de constater qu’avec une part de marché proche des 20 % (estimation basée sur plusieurs critères, car aucun chiffre officiel n’est disponible), l’industrie de la bière de microbrasserie se retrouve dans une situation assez périlleuse : continuer à augmenter ses parts de marché et s’assurer que l’ensemble de ses membres profite de cette augmentation. L’été a démontré qu’on était en haut de la courbe, l’approche va donc changer, c’est définitivement la rentrée brassicole à surveiller.