Le Comité aimerait d’ailleurs travailler, dans les années à venir, avec la Ville de Saguenay pour mettre en place un colloque international sur le patrimoine municipal et sur les villes de compagnies, telles qu’Arvida.
« Accueillir ça en 2026 aurait des retombées économiques et touristiques importantes », note le président de l’arrondissement de Jonquière et président du CORPA, Carl Dufour.
Il en a fait l’annonce mardi matin, en compagnie de la professeure Lucie K. Morisset, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’UQAM. Un comité provisoire composé de Danielle Godet, qui a longtemps travaillé pour la Ville, de Jessica Desloges, une femme d’affaires impliquée et d’Annie Tremblay, ancienne directrice générale de KYK, a été créé pour gérer ce dossier.
« Aujourd’hui, on comprend que ce n’est pas seulement un dossier qui concerne Arvida et c’est même plus qu’une histoire de ville, c’est un projet aussi pour le gouvernement canadien », a mentionné Lucie K. Morisset.
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Quatre experts internationaux en patrimoine industriel se sont également déplacés en fin de semaine pour assister à la fête du patrimoine d’Arvida et pour visiter les installations du secteur : le Dr Miles Oglethorpe, président du Comité international pour la conservation du patrimoine industriel (TICCIH), M. Barry Gamble, professionnel internationalement reconnu dans le domaine du patrimoine mondial, la Dre Katarzyna Piotrowska, directrice adjointe au Département de la Culture de la ville de Cracovie (Pologne), ville membre de l’Organisation des villes du patrimoine mondial et Florence Quint, directrice stratégique du bassin minier au Pas-de-Calais, en France.
Un patrimoine exceptionnel
Les experts ont ainsi pu découvrir Arvida et sa communauté très mobilisée, ils ont été admirer le pont d’aluminium, visiter quelques quartiers du secteur et une grande partie de l’usine de Rio Tinto, puis se sont rendus à la centrale Shipshaw 2.
« Ils ont été impressionnés par la mobilisation de la population lors de la fête du patrimoine dimanche, et ont réaffirmé à quel point Arvida était exceptionnelle et ont tenu à souligner la qualité de la préservation du patrimoine industriel », d’indiquer Lucie K. Morisset.
La présence d’experts de mouture internationale est un plus pour Arvida afin de savoir ce qui la distingue des autres sites patrimoniaux. « Il faut construire un réseau international sur lequel s’appuie la reconnaissance d’Arvida afin de la refaire exister sur la scène internationale », continue Lucie K. Morisset.
Les experts n’ont pas tari d’éloges sur le potentiel que représente Arvida. Ils ont apprécié l’accueil chaleureux de la communauté, ont été impressionnés par l’histoire et le paysage d’Arvida et ont trouvé formidables les archives qui permettent de documenter la préservation du secteur.
« La prochaine étape logique, c’est d’accéder à la liste indicative des sites du patrimoine mondial du Canada », a laissé entendre Barry Gamble.
Démarche
Une demande pour inscrire Arvida à la liste indicative du Canada avait déjà été déposée en 2017, mais le secteur n’avait malheureusement pas été retenu.
À l’époque, le comité qui s’occupe des sélections était très divisé sur le dossier d’Arvida, le milieu industriel au Canada étant difficile à faire reconnaître comme patrimonial. « On pense que la fenêtre sera ouverte dans 4-5 ans », estime Carl Dufour.
Seulement 200 pays sont signataires de l’UNESCO et environ 1000 sites patrimoniaux ont été répertoriés. Pour que le site industriel d’Arvida les rejoigne, il faut figurer sur la liste indicative pendant un an avant de présenter une demande à l’UNESCO. L’inscription prend ensuite dix-huit mois. « Il faut donc deux ans et demi au total, on se rapproche du centenaire », de mettre en avant Lucie K. Morisset.
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Pour monter ce dossier, le CORPA doit avoir le support de la communauté et de la municipalité (ce qui est déjà le cas) et ensuite convaincre la province et le gouvernement fédéral.
« Julie Dufour est vraiment partie prenante pour ce projet, elle est vraiment sensible à ce dossier et c’est quelque chose qui l’intéresse depuis le début », de confirmer Carl Dufour.
Mais la reconnaissance d’Arvida comme joyaux du patrimoine industriel peut prendre plusieurs années. À titre d’exemple, le bassin minier dans le Pas-de-Calais a dû attendre 15 ans avant de faire partie de la liste indicative de la France.
« C’était un dossier complexe qui alliait histoire industrielle, histoire globale et histoire sociale, a commenté Florence Quint. Le site avait été retiré de la liste au profit d’un autre, ce sont vraiment des choix politiques. Mais ici, il y a une volonté de reconnaissance sociale et le souci d’être toujours dans la modernité avec le pont en aluminium par exemple. »
Il n’existe aucun site industriel en aluminium répertorié dans les listes indicatives, ce qui rend la candidature d’Arvida encore plus pertinente, selon elle.
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Le bassin minier fête ses dix ans au programme de l’UNESCO et a permis de diversifier l’économie et le tourisme grâce à des offres hôtelières et gastronomiques particulières, ce qui a ainsi permis le développement d’un nouveau tourisme de proximité.
Un programme qui pourrait facilement être adapté à Arvida.