Chronique|

Pour plus grand que soi

Philippe Roussel et Jacob Labrecque ont relevé les deux grands défis de la journée, les montées du rang Saint-Joseph, à La Baie, et de Saint-Jean-Eudes, sur le boulevard du Saguenay.

CHRONIQUE / Samedi, j’ai fait une douce balade de près de cinq heures, de La Baie à Jonquière, à l’envers du courant de la rivière qui devient fjord. J’ai profité du beau temps, des paysages, ruraux comme urbains, d’une musique entraînante, des encouragements de proches venus de loin et de la compagnie de bons amis.


Pendant ce temps, d’autres fixaient le bitume, pour éviter ses cicatrices, suant à grandes gouttes, à bout de souffle et de muscle, devant des montées qui se succèdent et rivalisent d’intransigeance, dans un jeu que peu verraient comme tel, surtout sous un soleil sans merci.

Et dans l’ombre, pourtant si difficile à trouver en ce jour spécial, il y en avait certains qui célébraient. Une réussite. Financière comme humaine.



Les co-coureurs. Les coureurs. Les organisateurs, les bénévoles, les spécialistes, les bénéficiaires et les commanditaires.

En fait, les rôles importaient peu. Nous étions tous inclus dans une cause qui nous dépasse. Réunis pour plus grand. Plus grand que nous. Plus grand que soi.

C’était la seconde édition du Marathon partagé du Saguenay, une course inclusive au profit de la Fondation Santé Jonquière, de retour après le succès solidaire de 2019 et une pause on-sait-pourquoi.

Neuf souriantes personnes vivant avec un handicap, bien assises dans un ingénieux fauteuil de course Kartus, propulsées par quelque 70 coureurs admirables, depuis le quai d’escale de La Baie jusqu’au Cégep de Jonquière, en passant par la Zone portuaire de Chicoutimi et le Carré Davis d’Arvida. Un acte de partage sur 42,2 km.



J’ai ainsi pu revivre la sensation sportive de la course à pied, retrouvant une joie de l’avant-mobilité réduite. Entraîné par la bonté contagieuse d’un collectif qui se dépasse, soufflé par le bruit des semelles qui claquent. Pour plus grand soi.

L’exploit individuel est à souligner. C’est un parcours sinueux, en presque constante ascension, le cruel rang Saint-Joseph en guise de mise en bouche; la côte de Saint-Jean-Eudes comme épreuve principale.

J’étais le co-coureur de l’équipe Réfraco. M’ont propulsé Jacob Labrecque, Guillaume Charest, Pascal Dumaresq, Alexandre Arseneault et Philippe Roussel. Merci!

Mais le triomphe, lui, est communautaire. Partagé. Généreux. Complice. Solidaire.

J’ai co-couru, comme mes amies Marie-Michelle, Claudia et Audrey, de même qu’Anaïs, Dominic, Hélène, Martine et l’autre Marie-Michelle.

J’ai co-couru avec Alexandre, capitaine Guillaume, Jacob, Pascal et Philippe, pour l’équipe du commanditaire Réfraco. J’ai co-couru grâce à eux, surtout.

J’ai co-couru pour le maintien de soins et de services de qualité à Jonquière, un hôpital qui s’illustre notamment grâce à son centre de réadaptation. J’ai co-couru pour ma santé, celle de mon amie Andréanne et celle des autres personnes qui seront accueillies par cette équipe du tonnerre.



Je suis devenu un multimarathonien, avec cette seconde participation.

J’ai reçu une médaille; pas mes moteurs humains. Ils étaient « accessoires » à mon marathon, ose dire l’organisation. Les coureurs étaient là pour l’inclusion, pour la cause. Pour plus grand qu’eux.

Moi, j’étais leur outil de surpassement, pourrais-je répliquer. Un récepteur de générosité dur à traîner. J’étais là pour l’inclusion, pour la cause. Pour plus grand que moi.

L’initiative a été inspirée de Marie-Michelle Fortin, toujours prête pour une course partagée. Pour l’inclusion, pour la cause. Pour plus grand qu’elle.

Le Marathon partagé du Saguenay est là pour l’inclusion, pour la cause. Pour plus grand.

La Fondation Santé Jonquière est là pour l’inclusion, pour la cause. Pour plus grand.

Pour plus grand que soi.