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Une fois traversée la Réserve faunique des Laurentides, le constat est, avouons-le, beaucoup plus désolant que réconfortant.

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Le pire est que, pendant que tous les autres conseils municipaux font des arabesques pour maximiser le potentiel de leur territoire, à travers des labyrinthes de bâtiments existants, à Saguenay, on lance un appel d’offres pour la construction d’un millier d’appartements sur un site vierge, exceptionnel, qui borde l’un des plus beaux cours d’eau du Québec. Le slogan n’aura jamais été si tristement approprié : « Ici, c’est possible. »

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On le sait pourtant, c’est dans la différence qu’on construit l’identité d’une ville.

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À Sherbrooke, ça sent le monde universitaire. À Gaspé, ça sent le homard et les pétoncles. À Trois-Rivières, ça sent le 21e siècle à plein nez.

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Et à Saguenay, ça sent quoi ?

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Comment Saguenay se distingue-t-elle du lot ?

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Parce que l’accent et la tourtière ne suffisent plus à faire de notre coin de pays un top-10 dans la bucket list des voyageurs ou dans celui des gens qui souhaitent s’exiler des grands centres. Surtout en saison estivale, où une majorité de touristes partent à la chasse aux plus beaux statuts Facebook.

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L’identité d’une ville ou d’une région, c’est souvent ce qui la rend attractive ou non.

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Ici, par exemple, pourquoi ne pas capitaliser sur le lien qui nous unit à l’aluminium et en faire une figure imposée ? C’est un mariage naturel. Donc pourquoi pas une salle de spectacle qui mettrait en valeur le métal gris sous ses multiples alliages ? Quelque chose comme l’Amphithéâtre Cogéco de Trois-Rivières, où se produit le Cirque du Soleil depuis quelques années… Pourquoi pas des chaises longues d’aluminium sur la Zone portuaire de Chicoutimi, afin que les gens puissent regarder la rivière, le temps d’une crème molle ?

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À tout cela se grefferaient rapidement des terrasses, des commerces locaux, des microbrasseries, un marché public… Bref, à tout cela se grefferait enfin un peu de vie.

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Au milieu des années 2000, Saguenay a raté le train en choisissant d’investir dans un auditorium désuet plutôt que d’aller de l’avant avec une salle de spectacle moderne, au centre-ville de Chicoutimi. Par contre, les élus de l’époque ont eu la sagesse de ne pas mettre n’importe quoi juste pour « remplir » les espaces vacants de la Zone ferroviaire.

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Cette fois-ci, on dit non au projet d’amphithéâtre de l’ancienne administration Néron. Un projet intéressant qui, rappelons-le, était défendu bec et ongle par le conseiller Michel Potvin. On dit non, sauf qu’aujourd’hui, on donne le site pour des logements. Pour un millier de logements !

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Il existe tellement d’autres solutions pour remplir cet engagement électoral… Par exemple, le long du boulevard du Saguenay, de la rue Racine jusqu’à Rivière-du-Moulin. Ou à Chicoutimi-Nord. Ou ailleurs… Mais pas sur la zone ferroviaire, de grâce ! Sacrifier un tel site au nom de la densification relève de l’hérésie.

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Il n’est pas encore trop tard. Beaucoup d’eau va couler sous le pont Sainte-Anne avant que la Ville cède le terrain à un investisseur privé. Et d’ici là, espérons-le, d’autres voix dissidentes se feront entendre.

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Car une fois le premier coup de pelle effectué, il ne sera plus jamais possible de soigner cette mycose au pied de la côte Racine.

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