C’est d’abord deux chatons qui sont entrés dans notre famille après l’épopée de mon hospitalisation. Mon amoureux et moi ressentions le besoin de souligner cette victoire avec nos enfants et du même coup, s’offrir un peu de zoothérapie.
Au risque de décevoir les amoureux des félins et même si j’adore nos deux chats, je dois préciser que je suis définitivement plus dans le camp des chiens.
Connaissez-vous un seul chat qui guide les non-voyants? Un chat qui détecte les substances illicites? Un chat qui rassemble les moutons? Un chat qui est capable de diagnostiquer certaines maladies chez l’humain simplement en le reniflant? Un chat qui retrouve des victimes dans les décombres d’une explosion ou dans la neige à la suite d’une avalanche?
Nenni. C’est un saint-bernard qui, selon la légende, a transporté un tonnelet de whisky pour réchauffer 40 personnes prises dans les Alpes suisses en 1800. C’est Laïka, une chienne trouvée dans les rues de Moscou qui a été le premier être vivant à aller dans l’espace en 1957. C’est un berger allemand qui affronte les dangers aux côtés des policiers. C’est un dalmatien qui accompagne les pompiers.
C’est bien connu, le chien est le meilleur ami de l’homme. De la femme aussi. Des personnes en situation de handicap de surcroît.
Malgré ces incontestables arguments, on a quand même opté pour accueillir deux chatons d’une même portée. S’occuper d’un chien représentait à ce moment-là beaucoup trop d’ouvrage pour notre situation déjà si compliquée. Puis, les années ont renforcé notre expérience, délestant assez de fardeaux pour ajouter de nouvelles tâches au quotidien.
Déjà six ans que Boris, un golden retriever de 80 livres, est un merveilleux compagnon pour toute la famille. C’était d’ailleurs notre souhait plutôt que d’aller vers un chien d’assistance proprement dit. C’est donc mon conjoint qui s’est chargé de l’entraînement. Avec du temps, quelques récompenses gourmandes et beaucoup d’amour, Boris me rend toujours de fiers services.
Quand j’échappe un objet par terre, je n’ai qu’à lui demander s’il veut bien m’aider. Il se précipite alors avec une joie débordante pour le ramasser et me l’apporter en échange de quelques caresses.
Excellent gardien, je sais que je peux compter sur lui pour m’avertir lorsqu’un inconnu s’approche de notre maison, il ne jappe que pour cette raison.
Un chien reste un chien et il est toujours volontaire pour ramasser mes petits dégâts à la cuisine. Habitué à mes difficultés, Boris se tient prêt lorsque je sors un couteau et la planche à découper. Pour son plus grand bonheur, il y a toujours un champignon qui roule au sol ou une carotte qui s’élance du comptoir!
Lui et moi, on a une belle complicité. Même si je suis quadruple amputée. Bon, bien sûr, Boris ne peut pas compter sur moi pour aller jouer au parc. C’est que pour lui lancer la balle, j’ai littéralement perdu la main!
De toute façon, je me suis fait une raison. C’est trop dangereux de promener le chien. Si un écureuil vient le narguer, c’est assez pour que quelques instants plus tard vous l’aperceviez courir avec un bras accroché à sa laisse…
À la maison, il aime bien être près de moi. Tellement que très souvent, Boris a le don d’être «dans mes jambes». Il trouve toujours le moyen de se coucher là où je veux passer! Je ne calcule plus le nombre de fois où je dois lui dire: «Hop Boris, debout!» pour qu’il se lève et laisse mon fauteuil circuler.
Reste que si je dis «Boris, au pied!», il peut être mêlé. Surtout si j’ai retiré mes prothèses des jambes.
Mais malgré la terrible quantité de poils qu’il laisse sur notre plancher, sur nos vêtements et – si je cède aux demandes de caresses – sur mes prothèses de mains, Boris est un service essentiel qu’on n’échangerait pour rien au monde, pas même pour un chat. Sa présence, son regard intelligent et compréhensif, rempli d’amour inconditionnel est aussi un confident à qui l’on n’a même pas besoin de parler pour s’exprimer.
Qu’on soit heureux ou triste, homme ou femme, handicapé ou pas, le chien ne nous juge pas. C’est peut-être pour cela qu’il est le meilleur ami… de tous!