Ce n’est pas un petit exploit.
Dans toute l’histoire de la Ligue nationale de hockey, moins de 100 joueurs ont atteint ce plateau.
Giroux a 34 ans. On pourrait donc penser que ses plus belles années sont derrière lui.
Ce n’est pas le cas.
La Ligue nationale de hockey compile une statistique intéressante, depuis le début de la saison 2009-10. Elle calcule le nombre de points amassés par chaque joueur, en moyenne, durant une période de 60 minutes passées sur la patinoire.
Eh bien, l’an dernier, Giroux a été le huitième meilleur, à ce chapitre. Parmi les sept joueurs qui ont fait mieux que lui, on retrouve des stars: Connor McDavid et Leon Draisaitl, Auston Matthews, Patrice Bergeron, Sidney Crosby...
Giroux demeure, malgré son âge avancé, un joueur d’élite, capable de prendre le contrôle de certains matches.
Pourtant, quand il présente sa nouvelle acquisition, il parle très peu de ses aptitudes, sur la patinoire.
Dorion préfère parler des «petites choses» qui sont souvent invisibles à l’oeil de l’amateur. Il parle de sa prestance. Il parle de leadership.
«On pourrait faire le bilan de la carrière de Claude et constater qu’il a joué la presque totalité de ses matches à 100%. Il va donner l’exemple sur la glace et tout le monde va suivre. Sa simple présence va inspirer tout le groupe.»
Giroux sera donc un leader, la saison prochaine.
Il a même déjà commencé son travail.
Durant une courte conférence de presse d’une quinzaine de minutes, mercredi, il s’est efforcé de ramener les partisans des Sénateurs sur terre.
Juste un peu.
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«Est-ce qu’on va gagner la coupe Stanley, l’an prochain? Probablement pas», a-t-il mentionné.
En matière de franchise, on peut difficilement faire mieux.
C’était presque brutal.
Giroux s’est empressé de préciser sa pensée.
Les Sénateurs ne sont pas battus d’emblée. Comme tout le monde, quand la saison débutera, ils auront une chance.
Si on regarde les choses en face, il faut reconnaître qu’une jeune formation, en pleine ascension ne peut pas vraiment brûler d’étapes.
«Nous allons avoir toute la saison pour bâtir quelque chose. Nous allons travailler sur notre façon de jouer. Nous allons développer notre identité. Quand nous allons avoir développé notre identité, nous serons dangereux», a-t-il prédit.
«On peut difficilement développer une identité collective dans les 10 premières parties de la saison régulière. C’est le genre de projet qui prend du temps», a-t-il conclu.
Bien dit.
Les partisans des Sénateurs s’emballent.
On peut difficilement leur en vouloir.
Un jeune partisan a parfaitement résumé les émotions qui l’habitaient, en cette journée spéciale. Il se sentait comme un gamin de cinq ans, le matin de Noël. Sauf que Noël n’avait pas été célébré au cours des cinq dernières années. En plus, durant cette période de cinq ans, il a parfois cru que Noël ne reviendrait plus jamais.
L’enthousiasme a commencé à grimper, la semaine dernière, lorsque Pierre Dorion a fait l’acquisition d’Alex DeBrincat.
Dorion avait promis un attaquant capable d’évoluer dans un des deux premiers trios. DeBrincat est un double marqueur de 40 buts. Il possède certainement les qualifications professionnelles.
Giroux est tout aussi qualifié.
Un attaquant de talent, c’était déjà beaucoup, pour une franchise qui a été traînée dans la boue comme aucune autre, depuis cinq ans. Deux, c’est presque trop.
Les partisans ont le droit d’espérer de meilleurs jours.
Si certains veulent s’acheter des billets de saison, cet été, dans le but de réserver leurs sièges lors des séries éliminatoires de 2023, on va comprendre.
On ne peut cependant pas suivre ceux qui parlent de la coupe. C’est prématuré. Il y a des étapes à ne pas franchir trop vite. Il y a un processus à respecter.
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Claude Giroux a dit quelque chose d’autre d’important, mercredi. Quelque chose qui devrait faire plaisir aux partisans.
Le 28 avril dernier, les Panthers de la Floride étaient de passage au Centre Canadian Tire. En cette fin de saison régulière, pour éviter des blessures inutiles, à l’approche des séries, les entraîneurs avaient conseillé à quelques vétérans de passer la soirée dans la galerie de la presse. Giroux avait donc raté une belle occasion de jouer un match dans sa ville d’adoption.
Des fans des Sénateurs ont quand même apporté des écriteaux à Kanata, pour demander à Giroux de «rentrer au bercail» de façon définitive, en se joignant aux Sénateurs à titre de joueur autonome.
Giroux les a vus. Ils lui ont fait chaud au coeur.
À ce moment, il vivait un petit deuil. Il venait de quitter une ville, une organisation, des partisans auxquels il était attaché.
Ça lui a fait du bien de savoir que d’autres partisans, dans une autre ville, étaient prêts à l’accueillir.
Ces partisans ont le droit de croire qu’ils ont joué un petit rôle, dans toute cette histoire.