Pour la province, la tendance est à la baisse. Dans les 30 derniers jours, le prix moyen du carburant a diminué progressivement de 2,17 $ le litre à 2,04 $. La Capitale-Nationale maintient une moyenne quelque peu supérieure à 2,09 $, selon les données de CAA Québec. Rappelons que l’an passé, le prix tournait autour de 1,34 $.
Si la nouvelle peut réjouir plusieurs automobilistes sur la route des vacances, il ne faut pas crier victoire trop tôt. Aucune prédiction factuelle ne peut être émise pour l’instant, prévient Normand Mousseau, spécialiste des questions énergétiques et directeur scientifique de l'Institut de l'énergie Trottier à la Polytechnique de Montréal. Toutefois, le retour redouté au record printanier à 223,9 $ le litre dans la région est peu probable selon lui.
«Je pense que ça va rester autour de ce que c’est actuellement. Ça me surprendrait que l’on connaisse une autre baisse importante», indique Normand Mousseau. Il admet cependant que rien n’est coulé dans le béton.
«Ces choses-là sont difficiles à dire. La baisse qu’on observe au Québec, comme un peu ailleurs en Amérique du Nord, est liée à deux choses : le prix du baril de pétrole et la marge de profit des raffineries. Le prix du pétrole a chuté légèrement. Et on a aussi vu une baisse significative des marges de profit des raffineries.»
Dans la dernière année, la marge de profit des raffineries a atteint près de 56 cents le litre «et normalement, c’est autour de 25 cents», précise Normand Mousseau. «La semaine dernière, c’est descendu autour de 45 à 46 cents le litre. Alors, nous avons quand même une baisse de 10 cents ici. Et ça a un effet direct sur le prix à la pompe.»
De plus, le mois de juillet est également le début des vacances pour des millions d’Américains. Et M. Mousseau souligne que si ces derniers décident de faire de grands déplacements, la demande sera en croissance. Et le prix du baril aussi.
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Le pétrole en chute
Mardi, le baril de Brent de la mer du Nord avoisinait les 103$. Une baisse de 10% en 24h. Et plusieurs autres indices pétroliers sont également en dégringolade. Selon un article de l’AFP, «les craintes d’une récession dans les pays consommateurs de brut» pourraient l’emporter sur la demande et donc, perturber l’offre, «entraînant dans leur chute les métaux de base.»
«On ne peut pas dire si le baril de pétrole va ou ne va pas redescendre à 50$, nuance Normand Mousseau. C’est difficile à dire [...], mais on peut voir que ces tensions vont rester pendant l’année. Donc, dans un avenir proche, il est peu probable que le prix baisse, à moins qu’on règle la guerre en Ukraine.»
Selon le spécialiste, les pétrolières et les raffineurs ne se voilent pas le visage quant à la popularité du pétrole. «[Ils] comprennent que la demande en essence est condamnée à diminuer. Que l’électrification du véhicule personnel est là et va se renforcer. Partout dans le monde, les grandes économies ont décidé de ne plus permettre la vente de véhicules à essence d’ici 2035-2040.»
Le gouvernement du Québec vise l’interdiction de la vente en 2035.
«Ce qu’on voit, c’est que les compagnies n’investissent pas dans de nouvelles infrastructures qui prendraient 30 ans à se rentabiliser [...] les risques sont trop grands. Donc, il y a une tension, où ils se demandent s’ils vont se retrouver avec un manque, car il n’y a pas eu d’investissement, ou en surplus, si les raffineries ne ferment pas.»