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Le Cirque revient à la maison [VIDÉO]

Lydia Bouchard assure la mise en scène de Vive nos divas, qui prend l’affiche à l’Amphithéâtre Cogeco le 20 juillet prochain.

CHRONIQUE / Voilà une scène qu’on n’avait pas vue depuis longtemps à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières. Une trentaine d’artistes du Cirque du Soleil qui prennent possession des lieux, qui envahissent la scène pour répéter, qui se promènent à travers les coulisses et les loges pour bien s’approprier l’espace. Le Cirque du Soleil n’avait pas remis les pieds à Trois-Rivières depuis la fin de sa dernière prestation exclusive, en 2019. C’était avant que tout ne bascule en mars 2020, que le monde ne s’arrête. Mais cette fois, c’est la bonne: le Cirque revient à la maison.


C’est d’ailleurs le sentiment qui était partagé par toute l’équipe, a confié la metteuse en scène du nouveau spectacle, Vive nos divas, Lydia Bouchard. Ayant elle-même pris part aux premières représentations du Cirque à Trois-Rivières lors des premières années, elle sait de quoi elle parle. 

«Il y a quelque chose de spécial, de familial avec ce lieu. On a vraiment l’impression de revenir à la maison, d’être chez nous. Les artistes qui viennent passer l’été ici, plusieurs en sont à leur deuxième ou troisième spectacle ici. Certains viennent avec leurs enfants, leurs familles. Avec l’esplanade derrière, on voit les enfants qui se promènent pendant que nous on répète. Il n’y a pas grand-chose qui ressemble à ça», explique celle qui s’est notamment fait connaître du grand public ces dernières années par sa participation à la compétition télévisuelle de danse, Révolution.

En novembre 2019, on annonçait en grande pompe que Lydia Bouchard prendrait la barre de la mise en scène du prochain spectacle du Cirque du Soleil à Trois-Rivières, après avoir confié ce rôle pendant cinq ans à Jean-Guy Legault. Pour honorer les divas québécoises, ça allait de soi qu’on confie ce mandat à une femme, mais surtout à cette femme qui avait convaincu le Cirque de par sa vision, son expérience et ses idées.

Le travail était bien amorcé, les artistes avaient été choisis, les tableaux commençaient à prendre vie sur papier, la musique résonnait déjà au coeur de la danseuse et chorégraphe de métier. Puis, est arrivée la pandémie. Tout s’est mis sur pause, et Vive nos divas ne faisait pas exception. Lydia Bouchard n’a pas pour autant posé un couvercle sur le projet. Ça a toujours continué de l’habiter, mais différemment.

Depuis, la vie a repris son cours, et le Cirque a continué de lui faire confiance. Et ce, même si le spectacle a évolué de sa formule originale.

«J’ai revu le show presque complètement. En deux ans, j’ai changé, nous avons tous changé. Ça amène aussi un changement dans la vision. C’est teinté de celle que je suis maintenant, c’est teinté aussi de ce que nous avons vécu collectivement. C’est impossible de faire un tel spectacle sans que ça porte cette nouvelle vision», explique celle qui, plusieurs fois au cours de l’entrevue, résumera ainsi sa démarche: elle a poussé sa luck!

D’abord en proposant une distribution de 31 artistes sur scène, soit la plus grosse distribution du Cirque qui aura foulé les planches de l’Amphithéâtre Cogeco. Mais aussi en remaniant non seulement la conception du spectacle, mais également les arrangements musicaux des 22 pièces de divas québécoises qui seront à l’honneur lors de ce spectacle de 75 minutes qui sera présenté exclusivement du 20 juillet au 20 août.

«Plusieurs fois, j’ai poussé ma luck. Je l’ai fait aussi avec Jean-Phi (Goncalves, le directeur musical du projet) pour revoir plusieurs parties musicales. Mais ça marche, ça prend vie dans la vision que je voulais amener», constate-t-elle.

De ces pièces musicales, on ne connaîtra pas tout de suite la totalité de la trame musicale. Toutefois, on sait déjà que des clins d’oeil seront faits à Renée Claude (C’est le début d’un temps nouveau), Céline Dion (J’irai où tu iras) et Marie-Mai (Cobra). Chacune à leur façon, les trois femmes ont inspiré Lydia Bouchard pour lui permettre de présenter un visage de la société québécoise, une génération qui s’inscrit dans un moment précis, qui a défini une époque autant qu’un style, une manière de vivre autant qu’une manière d’évoluer.

Une manière de changer le visage de la société québécoise, ce que les femmes, et les artistes parmi elles ont toujours su faire de main de maître.

C’est donc dans cette optique que tous les artistes ont fait leur arrivée au cours des dernières 48 heures à Trois-Rivières, en débutant les répétitions en salle, suivant un horaire de moine géré au quart de tour. «Aujourd’hui, c’est le premier jour d’école», lance Lydia en éclatant de rire.

Jusqu’à la première du spectacle, ils travailleront sans relâche pour peaufiner la prestation qui sera certainement accueillie comme une bouffée d’air frais, après cette pandémie qui en a fait baver à plusieurs, notamment dans le domaine artistique. De par son pouvoir d’attraction, le Cirque du Soleil à Trois-Rivières renaît non seulement après cette période trouble, mais il deviendra une nouvelle fois un véritable poumon économique pour les commerces, restaurants et sites d’hébergement du centre-ville.

Rien de surprenant pour Lydia Bouchard, qui a toujours su que l’art, dans toutes ses formes, se devait d’être considéré comme un moteur économique, un agent social mobilisateur qui va bien au-delà du simple spectacle. «La pandémie, ça a frappé fort pour tout le monde. Chez nous, on ne parle pas juste des acrobates, mais de l’ensemble des artisans du spectacle. Ça va de l’artiste qui se produit sur scène jusqu’à la couturière qui fait des retouches aux costumes. C’est un paquet de gens qui sont essentiels à ce qu’on veut faire vivre au public. Je souhaite qu’on reconnaisse l’art comme moteur économique. Là où on valorise l’art, on voit des communautés qui s’épanouissent. C’est ce que je nous souhaite collectivement», évoque Lydia Bouchard.