Quelques minutes auparavant, en prolongation, le capitaine des Cataractes a obtenu une superbe chance de marquer. Il est débarqué  hors l’aile avec de la vitesse, il avait un peu de temps et d’espace à sa disposition. À une quinzaine de pieds du filet, il a laissé partir un tir des poignets.

Habituellement, c’est le genre de scène où le petit morceau de caoutchouc noir termine sa route sous les cordages.

Cette fois, c’est le gardien qui a eu le dessus, le frustrant du bout de sa jambière. Puis les Bulldogs ont profité d’un jeu savant de leur as défenseur Nathan Staios, qui a été complété par Jan Mysak et la belle aventure des Cataractes s’est terminée.

***

Un tournoi de champions, c’est cruel. Ils ont gagné le titre de leur ligue, mais ils terminent néanmoins dans les larmes. Les Oil Kings d’Edmonton ont vécu pareille situation il y a deux jours. Cette fois, ce sont les Cataractes qui doivent accepter leur sort.

Dans quelques jours, c’est la fierté qui va ressortir. Bien avant la déception. Après tout, cette équipe a procuré à Shawinigan sa première coupe du Président en 53 ans.

Elle a vendu chèrement sa peau à ce rendez-vous national. Quand les arbitres ont refusé un but aux Bulldogs en troisième en raison d’un sifflet trop rapide, Dame Chance semblait une fois de plus de son côté. Les Cataractes ont ensuite pris l’avance en troisième, tout le monde au Harbour Station croyait alors qu’une finale entre les deux clubs de la LHJMQ se préparait.

Les Bulldogs avaient d’autres plans. Ils ont forcé la tenue de la prolongation. Encore là, les Shawiniganais étaient confiants. Après tout, ils étaient parfaits en pareille situation depuis le début des séries avec sept gains d’affilée. Mais ces sept gains n’avaient pas été acquis contre des champions. Les Bulldogs ont eu le dernier mot, renvoyant les Cataractes à la maison.

«Ce n’est pas la fin de rien. Ces jeunes ont la vie devant eux», philosophait Daniel Renaud. «C’est juste la fin d’un chapitre. Ce sont de bons joueurs, de bonnes personnes. Peu importe ce qui va se passer dans leur vie, je suis convaincu qu’ils vont accomplir de belles choses dans leur vie.»

***

Renaud avait sorti un lapin de son chapeau en début de soirée. Plutôt que de livrer un discours avant la première mise en jeu, il a remis à chacun de ses joueurs une lettre écrite de la main d’un proche. Il a touché la cible, les joueurs ont amorcé le match avec le couteau entre les dents. Ils ont ensuite donné tout ce qu’il restait dans le réservoir.

Ce fut insuffisant pour battre les Bulldogs, une équipe plus mature. Mason MacTavish a livré une grande prestation. Entre les poteaux, Marco Constantini a tenu tête à Antoine Coulombe.  Puis Jan Mysak, très peu visible à ce tournoi, a eu le dernier mot. Du coup, les Bulldogs s’en vont en finale, les Cataractes terminent un cycle.

Les trois vétérans de 20 ans ont fini leur parcours dans le junior. Mavrik Bourque et Xavier Bourgault s’en vont chez les pros, peut-être dans la LNH dès cet automne. D’autres vont quitter par voie de transactions, c’est inévitable pour accélérer la construction du prochain cycle.

Tous se souviendront toutefois toute leur vie des derniers mois. Du parcours en montagnes russes. De l’adversité en fin de saison. Puis de la folle épopée des séries, et de cette expérience d’une carrière au tournoi de la coupe Memorial.

Quand la rondelle va retomber sur la glace en août au prochain camp d’entraînement, il restera une dizaine de joueurs qui ont vécu tout ça, et qui auront le mandat de transmettre cette culture qui a été développée sous le thème Ubuntu.

Ça ne peut qu’accélérer les choses. Surtout que Martin Mondou s’est gardé des munitions, cette fois. La suite s’annonce intéressante pour les fans. Et, attachez votre ceinture, ça va débouler rapidement puisque le prochain repêchage est dans six jours!