Nous sommes en 2022. Mine de rien, l’équipe va fêter le 30e anniversaire de son arrivée dans la Ligue nationale.
M. LeBlanc, le président (des opérations commerciales) du club, s’est lui-même mis à parler des prochains numéros qui pourraient être retirés de la circulation.
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Des numéros, dit-il. Au pluriel.
«Nous avons déjà quelques idées», avance-t-il.
Voilà qui est fort intéressant.
Personnellement, je vois un seul joueur qui mériterait de faire l’objet d’un tel traitement, à l’heure actuelle: Chris Neil.
Je sais. Certains lecteurs sont déjà sur le point d’abandonner la lecture de cette chronique. L’envie de m’envoyer un courriel de bêtises doit être forte.
Depuis quand retire-t-on le numéro d’un redresseur de torts?
Je suis d’accord avec vous. Ce n’est pas conventionnel.
Les équipes de la LNH ne retirent généralement pas le numéro d’un défenseur à caractère défensif, non plus. Et les Sénateurs l’ont pourtant fait.
Lorsque Chris Phillips a reçu cet honneur, juste avant la pandémie, il a déclaré qu’il a vite compris les partisans des Sénateurs.
«Tout ce qu’ils demandent, c’est qu’on livre un effort honnête», a-t-il déclaré, au tout début de la cérémonie où on lui rendait hommage.
Ce soir-là, au fond, on le remerciait de sa grande loyauté. Il a passé 17 saisons à Ottawa, à faire tout ce qu’on lui demandait. Sans jamais se plaindre.
Chris Neil, quand on y pense, c’est la même chose. Dans son cas, il s’agit de 16 saisons de très loyaux services. Dans un rôle ingrat. Et quand son directeur général a songé à le laisser partir, il s’est lui-même pointé dans son bureau, en pleurs, pour le supplier de le garder.
Je vous entends composer vos courriels de bêtises, en vous défoulant sur les touches de vos claviers. C’est bien beau, la loyauté! Mais Neil reste un bagarreur, qui a marqué seulement 112 buts, et qui a passé plus de 2500 minutes au banc des pénalités, durant sa carrière.
Au fait, savez-vous que le numéro 3 est retiré, au New Jersey?
Savez-vous qu’on a fait cette fleur à Ken Daneyko, un défenseur qui a passé 2516 minutes au cachot?
Dans les environs du Prudential Center, à Newark, on le surnomme «Mr. Devil». À cause de sa grande loyauté.
Retirer le numéro 25, à Ottawa, demanderait une bonne dose de courage. Mais ce ne serait pas complètement farfelu.
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Anthony LeBlanc et moi, on est d’accord sur un truc. Pour une équipe de la Ligue nationale de hockey, les anciens joueurs sont importants.
Moi, ça fait longtemps que je le dis. Et que je l’écris. Je maintiens que s’ils avaient mieux utilisé leurs retraités, les Sénateurs auraient trouvé la traversée du désert des cinq dernières années un tout petit peu moins douloureuse.
M. LeBlanc s’est ouvert sur le sujet, vendredi.
Il est vrai que le contexte s’y prêtait. La conversation se déroulait en marge du tournoi de golf des Anciens Sénateurs, je vous le rappelle.
D’abord, il m’a vu venir de loin, avec mes sabots. Il s’est vite mis à parler de ceux qui brillaient par leur absence.
«Je me suis assis avec Chris Phillips, la semaine dernière. J’ai eu la chance de rencontrer Daniel Alfredsson, récemment», a-t-il affirmé.
On ne parle pas, ici, d’anciens joueurs «ordinaires». Ce sont probablement ceux qui ont eu le plus grand impact, au sein de l’organisation et dans la communauté, au cours des trois dernières décennies.
Phillips et Alfie ont choisi de s’installer à Ottawa, à la retraite, mais ils évitent soigneusement l’aréna où ils ont connu leurs plus beaux hivers.
Ça en dit long, à mon humble avis, sur le climat qui régnait au Centre Canadian Tire.
M. LeBlanc se frotte dans les mains avec satisfaction. La campagne de renouvellement des abonnements annuels fonctionne rondement. Le taux de renouvellement est supérieur à celui des 10 dernières années. Des commanditaires qui avaient tourné le dos à l’organisation souhaiteraient revenir.
Ce sont de très bonnes nouvelles.
«Tandis que nous continuons à développer de bonnes relations, au sein de notre communauté. Nos relations avec les anciens font partie des aspects les importants à développer», me dit-il.
M. LeBlanc pense que les anciens peuvent être utiles, entre autres, dans les relations avec la communauté. «N’importe qui pourrait passer trois heures à écouter Chris Neil nous raconter ses anecdotes du temps où il jouait.»
J’irais un peu plus loin.
Les anciens pourraient aider encore davantage.
Les Sénateurs sont en sortie de crise. À Ottawa, ce n’est pas une énorme surprise. Les gens qui connaissent le marché se doutaient bien que ça finirait par arriver.
Ailleurs, ce n’est pas nécessairement le cas.
La réputation de l’organisation a pris un sérieux coup, depuis 2017. Des gens qui observent de loin ont fini par croire que la capitale fédérale n’a pas vraiment sa place, dans la LNH.
Alfie, Phillips et les autres joueurs qui ont connu les moments glorieux de la franchise pourraient contribuer à leur rafraîchir la mémoire.