Mais dès le premier plan montrant François Papineau de profil, j'ai acheté la proposition. Le successeur est plus imposant que Claude Legault, mais reste en parfaite cohérence avec la nature du psychiatre Henri Lacombe. En d'autres mots, vous ne ferez pas le saut et la transition se fait tout doucement.

On ne croyait plus au retour de Cerebrum, tant de l'eau a coulé sous les ponts depuis la diffusion de la première série à l'hiver 2020 sur ICI Télé. Notre patience sera récompensée jeudi avec cinq nouveaux épisodes disponibles sur l'Extra d'ICI Tou.tv. Les cinq autres suivront le 30 juin.

C'est qu'outre la pandémie, Claude Legault, on le sait, a dû se retirer après le Bye Bye 2020, complètement épuisé. Le diffuseur et les producteurs chez Sphère Média lui ont laissé tout le temps pour se remettre mais il a finalement choisi de laisser sa place «sans amertume», a-t-il précisé dans un court mot en novembre dernier.

Sachez d'abord que j'ai beaucoup aimé ce que j'ai vu de la deuxième saison. Au nombre de séries qu'on voit, normal qu'on ne se souvienne pas de la fin de la première, de là un court montage au début de la saison deux pour nous rafraîchir la mémoire.

En gros, la femme du Dr Lacombe, qui le trompait avec son meilleur ami, a été tuée par l'épouse de celui-ci. D'ailleurs, Sophie Bérubé-Lacroix (Jacynthe René), folle à lier, subira son procès dans la deuxième saison en plaidant non-coupable.

Pour finir, Lacombe a tenté de se jeter du haut d'un édifice, sauvé in extremis par son infirmière en chef, Louise Pellerin (Marie-Chantal Perron).

Lorsqu'on retrouve nos personnages, il s'est écoulé environ six mois. De retour d'un long voyage à Tokyo, Henri Lacombe a tenté de se reconstruire et renoue avec sa profession, appuyé par ses enfants Marine et William (Marianne Verville et Henri Picard). Il est toujours hargneux à l'endroit de Richard Lacroix (Gabriel Sabourin), qui lui a «volé» sa femme.

Aussitôt revenu, Lacombe est la cible de menaces, qui se manifestent d'abord sous forme de messages codés, envoyés à l'enquêteuse Simone Vallier (Christine Beaulieu), toujours en service et qui entretient un lien particulier avec le psychiatre. Encore cette saison, ils seront appelés à se croiser très souvent, entretenant une certaine ambiguïté.

En plus de retrouver le coéquipier de Simone, Danno (Olivier Gervais-Courchesne), on entre dans la vie intime de l'enquêteuse des crimes majeurs, alors qu'elle fréquente Adèle (Chanel Mings), qui ne semble pas trop prête à s'engager.

Cerebrum rencontre Black Mirror

En parallèle, nous retrouvons un ancien patient du Dr Lacombe, Jules Côté (Alexis Martin), plus que jamais instable, qui vit dans la misère. Il en veut toujours terriblement à son psychiatre, qui l'avait interné cinq mois.

Un étrange personnage profitera de sa grande vulnérabilité, au moyen d'un téléphone cellulaire qu'il dépose devant sa porte. Commence pour Côté un long calvaire, dont il ne réussit pas à se défaire. Celui qui se fait appeler Angel le bombarde de messages, l'incitant à commettre un meurtre pour «devenir quelqu'un».

Exemple de message: «T'es pas tanné d'être le fantôme de ta vie?»

Habile, ce sombre personnage connaît plein de détails de la vie de Côté... de sorte qu'on commence à se demander qui peut donc se cacher sous cette voix.

C'est après avoir été lui-même la cible d'un total inconnu, alors qu'il était en début de vingtaine, que Richard Blaimert a construit cette histoire. L'homme, qui se faisait passer pour un producteur, s'est mis à entretenir des conversations avec lui. «Jusqu'où quelqu'un peut aller pour manipuler ce pauvre garçon, qui a une santé mentale fragile?» s'est interrogé l'auteur.

Tout en suivant l'enquête policière, on assiste aux séances du Dr Lacombe à l'Institut national de santé mentale avec d'anciens mais surtout de nouveaux patients, dont les intrigues s'étalent sur deux ou trois épisodes. Parmi eux, Marie-Thérèse Fortin incarne une femme sans filtre qui affiche d'étranges comportements en public, au point que sa fille (Virginie Fortin) ne sait plus comment réagir.

Sonia Vachon revient quant à elle dans le rôle de cette femme atteinte d'un trouble obsessionnel compulsif.

On ne peut pas nier qu'il y a un changement de ton dans cette deuxième saison, plus haletante. Les trois premiers épisodes m'ont paru durer la moitié de leur temps réel tant les choses bougent vite.

L'intrigue entourant le personnage d'Alexis Martin rappelle Black Mirror, la série d'anthologie de Netflix, par son lien avec le dark web. Dans sa nature comme dans l'interprétation d'Alexis Martin, il y a un côté lourdaud, un peu grotesque à ce personnage, qui paraît tomber dans la comédie à certains moments.

J'ignore si c'était l'effet souhaité, mais il faut dire que ça dédramatise la tragédie qui se joue devant nous.

Avant même que le tournage de celle-ci commence, Richard Blaimert avait entrepris l'écriture d'une troisième saison. Croisons-nous les doigts.

Guy Édoin, qui avait réalisé une partie de la première, revient derrière la caméra, partageant cette fois la tâche avec Catherine Therrien, qui a notamment réalisé la série Virage sur Noovo.

Cerebrum figure au top 10 des séries ayant généré le plus d'abonnements et de branchements d'ICI Tou.tv Extra.

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