«Il te donnerait une bonne colonne», avait-il affirmé.
«C’est le joueur le plus intelligent de toute la LHJMQ», avait-il précisé.
En plus, c’est un gars de la place. Un Gatinois!
Bon. On commence à connaître Robitaille. Il est arrivé au Centre Slush Puppie avec l’idée de mieux faire connaître les Olympiques. Disons qu’avec son petit côté vendeur, le coach ne craint pas l’hyperbole.
Ce jour-là, je m’étais quand même présenté. J’avais répété à Maisonneuve les paroles de son entraîneur.
Naturellement, ça l’avait indisposé.
«Des joueurs intelligents, il y en a plein d’autres», m’avait-il répondu en fixant le sol.
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Je m’étais promis de retourner voir Maisonneuve, la saison prochaine, pour avoir une bonne discussion, entre deux gros cerveaux.
Finalement, la vie a précipité les choses.
Vers la fin de la semaine dernière, le jeune homme de 18 ans a reçu une bonne nouvelle. L’Alliance Sport-études lui a remis sa Bourse nationale d’excellence académique.
Bon. Il n’est pas l’unique récipiendaire. Dans une année record, près de 60 jeunes athlètes ont été récompensés pour leur «excellence» dans les salles de classe. Dans ce groupe, il y a quatre autres joueurs de la LHJMQ.
Et, salutations aux professeurs de l’école Nicolas-Gatineau, qui ont visiblement bien fait leur travail. Deux autres Gatinois, Conor Frenette et Mathieu Gagnon, se retrouvent au tableau d’honneur.
Au strict minimum, tout cela veut dire que Robitaille n’exagérait pas tant que ça, quand il m’a suggéré un sujet de chronique.
J’ai donc repris la conversation avec Maisonneuve. J’ai pu constater, assez rapidement, qu’il sait compter.
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«Je ne sais pas encore ce que je vais faire, plus tard, dans la vie. C’est pour ça que j’essaie d’avoir les meilleures notes possible. Je veux juste garder les portes ouvertes», me dit le jeune homme, d’entrée de jeu.
C’est curieux. J’avais cru comprendre qu’il avait un penchant pour les Sciences comptables...
«En ce moment, c’est pas mal ça. Je pourrais me diriger vers une carrière en comptabilité, mais je change souvent d’idée. Par exemple, avant, je m’intéressais aussi à l’ingénierie. J’avais eu cours de mécanique et le prof était hot. Je pensais donc au Génie mécanique. J’avais aussi cru comprendre qu’il y aurait un grand besoin, en Outaouais, pour des ingénieurs en informatique. J’avais donc jeté un coup d’oeil de ce côté-là, aussi.»
Maisonneuve acquiesce. Il n’est jamais malheureux, au cégep, quand il doit rédiger un travail en mathématiques.
Les devoirs de français et de philo suscitent chez lui un peu moins d’enthousiasme.
«La physiothérapie pourrait m’intéresser aussi. Ça pourrait me permettre de rester dans le monde du sport. Ce serait le fun de pouvoir suivre une équipe, un peu comme Noémie Chartier-Lefrançois.»
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Quand les joueurs de la LHJMQ parlent d’une carrière dans le monde du hockey, ils ne rêvent pas trop souvent de soigner les joueurs. Ils rêvent de marquer des buts et de gagner des championnats.
Les joueurs de la LHJMQ rêvent de jouer dans la LNH.
Maisonneuve, lui, se construit des projets ailleurs. Peut-être a-t-il fait le calcul. Il n’a pas réussi à gagner un poste avec les Olympiques, à 17 ans. On l’a cédé aux Griffons du Collège de l’Outaouais. Il a passé un hiver complet, par la suite, à se tourner les pouces. Le hockey collégial n’a jamais décollé, à cause de la COVID-19, en 2021.
Cet automne, à 18 ans, le fiable défenseur a réussi à gagner sa place. Encore là, rien n’a été facile. Il a participé à seulement 28 parties, en saison régulière.
Durant la conférence de presse de fin de saison, on pouvait cependant lire entre les lignes et comprendre qu’il en a fait juste assez pour gagner la confiance de la direction.
À 18 ans, Tristan Luneau et Noah Warren seront les piliers de la brigade défensive des Olympiques. Olivier Boutin aura 19 ans. Il sera la force stabilisatrice. Robitaille a l’air de souhaiter le retour d’Isaac Belliveau, mais il a fait savoir à Evgeny Kashnikov qu’il devrait se trouver un autre endroit où jouer.
Ça laisse de la place, dans un troisième duo.
«On ne sait pas ce qui peut arriver, réagit Maisonneuve, en prenant bien soin de mesurer la portée de ses mots. Je vais essayer de connaître un gros été. Je vais me présenter au camp d’entraînement dans le but d’obtenir un plus grand rôle. Mais dans le hockey, on ne sait jamais...»
Je me permets d’insister. L’an dernier, il avait un poste à gagner. Cette année, il aurait un poste à perdre. Il faut que ce soit bon pour la confiance.
«C’est certain que je sais à quoi m’attendre. Je connais le calibre du hockey junior majeur. Je sais que je peux suivre le rythme. Et j’ai la conviction que je peux en donner plus. Mais avant tout, il faut que je performe.»
Maisonneuve ne regrette pas d’avoir choisi la LHJMQ. Surtout qu’il peut jouer chez lui. Avec une équipe qui, selon toute vraisemblance, pourrait tout gagner l’an prochain.
«Notre noyau revient pas mal. Nos quatre joueurs nés en 2004 auront 18 ans. Dean et Boutin auront 19 ans. On aura de bons joueurs de 20 ans. C’est certain qu’on aura une bonne équipe. Je suis assez confiant qu’ont peut gagner.»
Et Maisonneuve, on le rappelle, sait compter. Il a sans doute pris le temps de bien analyser la compétition, avant de livrer cette affirmation.