En matinée mardi, le Conseil de la Nation huronne-wendat a diffusé un avis à ses membres, les convoquant à une rencontre sur l’affirmation territoriale le 14 juin.
« Des actions ont été présentées, incluant celle de remettre à l’état naturel toute nouvelle installation non autorisée sur notre territoire, le Nionwentsïo », peut-on y lire.
« Nous sommes conscients que défendre notre territoire provoque son lot de réactions et nous désirons rassurer les membres à l’effet que nous allons prendre toutes les mesures pour protéger nos droits collectifs », était aussi inscrit, un message qui a été répété par le Grand Chef Rémy Vincent dans une déclaration vidéo () publiée sur les réseaux sociaux en après-midi.
« Les gouvernements sont responsables d’une situation provoquée par une négociation sans consultation de notre Première Nation, a renchéri le Grand Chef dans la vidéo alors qu’il était accompagné de quatre autres chefs familiaux. Il ne faut pas oublier qu’une des pires pratiques colonialistes reconnues est celle de la négation de territoire exclusif d’une première Nation de s’installer sur ce territoire sans aucun droit ni consultation. Nous utilisons les mécanismes à notre disposition pour corriger la situation et c’est dans cette voie que nous nous sommes engagés. »
Malgré une demande d’entrevue, il a été impossible de parler à Rémy Vincent. Selon les informations que l’on peut trouver sur le site Web de Wendake, ce dernier fait référence à l’Entente de principe d’ordre général (EPOG) signée par Ottawa, Québec et des communautés innues. On peut y lire que la Nation huronne-wendat a entamé des procédures légales pour « empêcher la conclusion d’un traité final innu affectant ce territoire, à moins que le gouvernement fédéral n’ait, au préalable, consulté et obtenu le consentement de la Nation huronne-wendat ».
Les procédures ont mené à un jugement de l’honorable juge De Montigny, en décembre 2014, qui a ordonné que : « Le Canada doit s’engager sans délai dans des discussions sérieuses et approfondies avec la demanderesse en vue de concilier dans toute la mesure du possible et d’une manière conforme à l’honneur de la Couronne les divergences entre la Nation huronne-wendat et les Premières Nations de Mashteuiatsh et des Innus d’Essipit quant au territoire que devrait couvrir l’EPOG ».
Sur le site Web, on peut ensuite lire que le « processus de discussion est actuellement en cours ».
Malgré cette position présentée, le Grand Chef de Wendake estime aujourd’hui que le Traité Huron-Britannique de 1760 lui confère des droits jugés « exclusifs » sur le territoire.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/UKFJJNIWCJCQ3BR3JB73K5FUYY.jpg)
Un ultimatum de Mashteuiatsh
Du côté de Mashteuiatsh, le chef Gilbert Dominique reconnaît que les Hurons-Wendat ont des droits ancestraux, tout comme ceux de sa nation, mais que ceux-ci ne sont pas exclusifs et que le partage du territoire a toujours fait partie des valeurs des Premières Nations. « Je n’ai jamais vu ça », dit-il.
En fin de journée mardi, le conseil de bande de Mashteuiatsh a mis en demeure la nation huronne-wendat « de cesser dès à présent toute action, acte ou geste, de nature criminelle ou non, étant susceptible de porter atteinte à l’intégrité de notre territoire et aux camps des Pekuakamiulnuatsh qui y sont érigés. De même, vous êtes sommés d’intervenir auprès de vos membres afin que ceux-ci s’abstiennent de poser tout geste d’intimidation et de violence à l’égard des Pekuakamiulnuatsh. Finalement, nous vous accordons un délai de dix (10) jours suivant la réception de la présente mise en demeure afin de procéder à la remise en état complète des deux terrains qui ont été saccagés par des Hurons-Wendat ».
« Nous sommes consternés que votre Première Nation ait été jusqu’à commander la perpétration de tels actes visant personnellement des Pekuakamiulnuatsh, sous prétexte qu’elle fait valoir ses droits territoriaux. Aucune revendication ne peut justifier qu’une Première Nation, qui se dit agir en gouvernement responsable, commette des gestes aussi barbares. Ces « actions », comme vous les qualifiez, ne reposent sur aucune assise juridique et vont même à l’encontre de votre propre Loi concernant l’aménagement de sites et de constructions à des fins d’activités coutumières sur le Nionwentsïo qui, rappelons-le, ne s’applique qu’aux Hurons-Wendat et qui prône le respect et l’harmonie entre les utilisateurs du territoire », peut-on aussi lire dans le document.
Dans une allocution vidéo diffusée lundi soir, Gilbert Dominique a mentionné qu’il compte mobiliser les chefs des autres Premières Nations pour qu’ils se joignent « à nous » dans cette défense des droits de sa communauté.
Malgré les tensions liées à ce dossier, les chefs des deux communautés ont appelé leurs membres au calme et à la non-violence.
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, n’avait pas de commentaires à faire en lien avec les nouveaux développements. Lundi, il avait simplement prôné le dialogue et le rapprochement.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, n’a pas voulu commenter, car il n’a pas le mandat de se prononcer sur ce dossier.