La combinaison de ces trois éléments provoque de la magie. C’est ce qui semble être en train de se produire chez les Cataractes, à la recherche d’une première coupe du Président en cinq décennies d’histoire.
Le talent, tout le monde le voit. Deux choix de premier tour LNH – Mavrik Bourque et Xavier Bourgault – évoluent sous les ordres de Daniel Renaud. Ils sont bien entourés par les Nadeau, Coulombe, Lavallée, Veillette, Beaudoin, tous des gars à maturité élevés à Shawinigan.
La synergie, c’est l’affaire des leaders… et du groupe d’entraîneurs.
Il y avait bien des sceptiques dans la salle quand Martin Mondou a ramené Daniel Renaud à la barre de l’équipe. Le pilote est réputé proche de ses joueurs, allaient-ils le respecter quand viendrait le temps de serrer la vis? Visiblement, ce n’est pas un problème. Cette équipe se sacrifie. Et tout se fait dans la bonne humeur, une ambiance instaurée par Renaud et ses adjoints. Je côtoie l’équipe sur la route, je peux témoigner que les gars ont beaucoup de plaisir, malgré l’importance du moment. En fait, c’est rafraîchissant de voir un groupe se comporter ainsi.
Quant à la chance, c’est dur à cerner. C’est la pire de tes meilleurs amis, me disait lundi matin un entraîneur de longue date. La pire, car tu ne sais jamais quand elle va se pointer. Elle fait néanmoins partie des meilleurs, car lorsqu’elle le fait, son impact est énorme.
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Chez les Cataractes, elle a fait son apparition au match ultime de la demi-finale. Hey, Isaac Ménard est un défenseur et grâce à deux bonds capricieux, il s’est retrouvé en échappée alors que son équipe tirait de l’arrière 3-2 en troisième. Devant lui, son bon ami William Rousseau, qui connaissait une série extraordinaire. Rousseau a hésité à foncer vers la rondelle, qui était entre lui et Ménard. Il s’est avancé, puis il s’est ravisé. Il a laissé un trou pour Ménard, qui l’a déjoué! Une demi-heure plus tard, les Cataractes obtenaient leur laissez-passer pour la finale…
Dame Chance est revenue donner un coup de main en fin de match dimanche soir. À la mise en jeu, Xavier Simoneau s’est servi de sa main pour la gagner. C’est interdit, c’est une punition automatique. Le hic, c’est que ce n’est presque jamais appelé par les arbitres. Et là, en fin de match, un juge de ligne applique le règlement à la lettre et chasse Simoneau! Les Islanders venaient tout juste de prendre l’avance 3-2, ils croyaient sortir de l’aréna à égalité 1-1 dans cette finale. Le jeu de puissance des Cataractes a sauté sur l’occasion pour leur faire mal. Pierrick Dubé, encore lui, s’est chargé du but égalisateur. Puis Xavier BourGOAL a complété la remontée en prolongation! Cette série n’est donc pas égale 1-1, c’est 2-0 Cataractes et la série se transporte à Shawinigan!
Du gros boulot de Mondou
Il faut aussi admettre que si les Cataractes se retrouvent en si bonne position, c’est parce que Martin Mondou a été fort habile depuis un an pour compléter son puzzle.
C’est son quatrième cycle comme directeur général. Il y a eu les finales de 2009 et 2016, et la conquête de la coupe Memorial en 2012. À chaque fin de cycle, ses Cataractes sont sur le plancher de danse en fin de soirée.
Cette fois par contre, la route fut parsemée d’embûches. Il a perdu Anthony Beauvillier, Samuel Girard, Brandon Gignac, Gabriel Gagné et Simon Benoît plus rapidement que prévu chez les pros à la fin du cycle précédent. À part Beauvillier, ils auraient tous servi à aller chercher des munitions pour tonifier le cycle suivant. Mondou avait donc pas mal moins de leviers que ses rivaux pour bâtir l’équipe.
Il a dû se fier davantage au repêchage et au développement. Et compléter par des achats ciblés sur le marché des transactions.
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Il a commencé son travail l’an dernier en marchandant avec Rimouski pour obtenir Justin Bergeron et Zachary Massicotte. La facture a été salée. Il a été très critiqué dans les mois suivants, d’autant plus que les Cataractes ont éventuellement perdu au premier tour des séries face à l’Océanic! Un an plus tard, les critiques sont disparues. Massicotte joue un rôle essentiel dans cette formation. Sur et hors glace.
Autre coup dur l’été dernier, Vasily Ponomarev a décidé de rester en Russie. Il était différent, mais aussi dominant que Bourque dans son style de jeu. Quelle perte sèche! Mondou a eu besoin de temps, mais il a déniché un bon plan B en Ontario, réclamant Martin Has au ballotage. Il n’est pas aussi flamboyant que Ponomarev mais Has bouffe beaucoup de minutes dans le champ arrière. Premier duo de défenseurs avec Massicotte. Une pieuvre de 6’5’’, avec un bon tir. Il a stabilisé la défensive.
Puis il y a eu l’arrivée de Loris Rafanomenzantsoa, Pierrick Dubé et Daniel Agostino. Un choix de premier tour contre Rafanomenzantsoa et un choix de 3e tour, c’était le prix à payer pour un solide défenseur en mesure de contribuer durant une saison et demie. Les Ménard, Tourigny et Booth sont d’excellents distributeurs de rondelle, l’équipe voulait un gars de plus pour faire le ménage dans l’enclave. Rafanomenzantsoa cadrait pile dans ce profil.
Il y avait un risque qui venait avec Dubé. Il ne traînait pas la meilleure des réputations. Il refusait d’ailleurs de jouer à Baie-Comeau. Les Sea Dogs et les Olympiques ont eux aussi étudié l’option de l’acquérir. Mondou avait eu du succès en 2012 avec un joueur semblable, soit Kirill Kabanov, il a retenté sa chance. Le prix était modique, un choix de troisième tour et Marc-Antoine Pépin, qui perdait de toute façon son casier de 20 ans. Mavrik Bourque militait en sa faveur, convaincu qu’il pouvait devenir un actif. Il ne s’était pas trompé. Dubé est installé au sommet des buteurs de la LHJMQ ce printemps, avec 10 filets. Un trône qu’il partage avec Bourgault, Brett Budgell et Patrick Guay.
Finalement, il y a eu l’acquisition d’Agostino. Plus importante qu’elle ne paraît puisqu’il solidifie la profondeur de l’équipe avec sa fougue et sa dextérité avec la rondelle. Olympiques, Remparts et Islanders ont beaucoup de guerriers sur les 3e et 4e trios. Agostino, croyez-moi, n’est pas de trop pour leur tenir tête à ce chapitre.
Le travail n’est pas terminé
C’est ce groupe qui est à deux victoires de boire dans la coupe du Président.
Mais attention, ce n’est pas terminé.
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Il y avait deux équipes dans l’avion qui a atterri à Trois-Rivières lundi après-midi. Les Islanders sont blessés par la fin du match de dimanche, ils vont se présenter sur la glace mercredi avec la rage au cœur. C’est un club talentueux, hargneux, bien dirigé. Une victoire, une seule victoire, et la dynamique change complètement.
Dans l’histoire de la LHJMQ, il y a seulement deux clubs qui ont réussi à se relever d’un déficit de 0-2. Pariez qu’au moment où j’écris ces lignes, Hulton est en train de défier ses hommes de devenir le troisième.
Pour leur part, les Cataractes ont raison d’être confiants. Ils reviennent à la maison armés d’une avance 2-0, et il y a 10 000 fans survoltés qui les attendent.
Néanmoins, le plus dur reste à faire. Il y a 52 éditions des Cataractes qui peuvent en témoigner!
Dans les faits, Bourque et sa bande doivent gagner deux des cinq prochains matchs pour passer à l’histoire. Ils étaient les négligés avant le début de la finale. Deux matchs plus tard, ils sont favoris.
Ça change vite, dans le hockey.
Et c’est pour ça que je termine en vous disant qu’ils se faciliteraient grandement la vie en gagnant le prochain match…