Chronique|

Une autre fin abrupte pour les Remparts

Québec aura encore une bonne équipe l’an prochain, même si on ne sait jamais ce qui pend au bout du nez d’une équipe junior.

CHRONIQUE / La saison de «plus belle édition» de la deuxième génération des Remparts de Québec se termine comme toutes les autres, c’est-à-dire sans coupe du Président.


Les hommes de Patrick Roy ont trébuché devant leurs partisans, mercredi soir, lors du cinquième et décisif duel de leur demi-finale contre les Cataractes de Shawinigan. Cette élimination laisse un goût amer après une saison couronnée de succès.

Même s’il n’y a rien de gênant à se rendre jusqu’à une petite victoire de la finale, la fin de parcours précipitée des Remparts est décevante, car plusieurs de leurs gros canons sont tombés au neutre en même temps.

Avant le match de mercredi soir, les trois meilleurs pointeurs du club québécois contre Shawinigan étaient deux défenseurs (Louis Crevier et Vsevolod Komarov) et leur centre du quatrième trio, Xavier Filion. Pas normal pour une équipe qui a surtout été transportée par son gros trio toute la saison. Relégué au troisième trio, Conor Frenette a sauvé la face de la première unité dans le dernier match avec trois points (sur quatre dans la série), alors que Théo Rochette (deux points en cinq matchs) et Zachary Bolduc (un seul but) ont été éclipsés. 

Le fait que les Cats aient terminé au septième rang du classement général ne change pas grand-chose à l'analyse. Tous savaient avant même le début de la série que Shawinigan, durement frappé par les blessures en saison, avait une bien meilleure équipe que l’indiquait son dossier de 40-24-1-3. 

À Québec, tous les espoirs étaient permis après la dernière saison des Remparts, même s’ils seront davantage à maturité l’an prochain. Est-ce que l’inexpérience de plusieurs éléments clés, âgés de 18 ans, a fait la différence? On ne saurait dire, mais plusieurs n’ont pas livré la marchandise.

Une troisième élimination dans le carré d'as

Résultat des courses, les Remparts ont perdu six de leurs sept derniers matchs décisifs en séries, dont cinq joués sur leur propre glace. Cette série d’insuccès s’ajoute aussi au fait que pour la troisième fois de leur histoire, les Diables (beiges en séries) ont encore été incapables de boucler la boucle après avoir été sacrés champions de la saison régulière. En 1998 et de 1999, lors des deux premières années de l’équipe, les représentants de la capitale avaient aussi été éliminés dans le carré d’as de la LHJMQ.

Rien ne battra la déception de 2015, même si les hôtes du tournoi de la coupe Memorial avaient terminé quatrièmes, à 16 points de l’Océanic de Rimouski. Les six premiers matchs de la finale contre Rimouski avaient été gagnés par l’équipe visiteuse et les trois derniers duels décidés en prolongation. Dans le match numéro 6, les partisans des Rouges se préparaient à sabrer le champagne, en milieu de deuxième période, lorsqu’ils ont vu leurs préférés se forger une avance de 4 à 1.

Puis, Alexis Loiseau et Samuel Laberge ont joué les trouble-fêtes, orchestrant une remontée désespérée. À égalité 4 à 4 après soixante minutes, Jan Kostalek a jeté une douche d’eau froide sur le vieux Colisée en forçant la tenue d’un septième match en marquant après 1:03 de jeu à la prolongation. L’Océanic a aussi gagné le match suivant dans le Bas-Saint-Laurent. 

Incidemment, le but qui a mené à l'élimination en 2015 suivait une pénalité décernée par Olivier Gouin, l'officiel qui a chassé les Remparts avant le but décisif mercredi soir, avec une minute à jouer, après quelques gestes soient passés sous silence du côté de Shawinigan.

La défaite d'hier fait mal, mais celles de 2015 sont assurément les plus cruelles de l’histoire de la deuxième génération des Remparts de Québec. L’équipe a bien gagné la coupe Memorial en 2006, mais n’a jamais pu soulever la précieuse coupe du Président, ce qu’ont fait les Remparts en or à cinq reprises dans les années 70.

Qu’on le veuille ou pas, c’est une ombre au tableau du bilan des Remparts depuis leur renaissance, qui ont connu beaucoup, beaucoup de succès au fil des saisons, sans jamais pouvoir décrocher l’ultime honneur de la LHJMQ. Comme les Cataractes de Shawinigan d’ailleurs…

Ce qu’il y a de plus décevant avec la dernière édition, c’est que son étoile a pâli rapidement à partir du deuxième tour éliminatoire. Les hommes de Patrick Roy ont perdu leur superbe contre Rimouski, et n’ont jamais réussi à retrouver leur élan contre Shawinigan, une équipe plus rapide et plus expérimentée. Plus résiliente surtout!

Québec aura encore une bonne équipe l’an prochain, même si on ne sait jamais ce qui pend au bout du nez d’une équipe junior. Avoir une autre chance, c’est exactement ce que se disaient les Remparts, en 1999 et en 2006, jusqu’à temps que Simon Gagné (Flyers de Philadelphie) et Marc-Édouard Vlasic (Sharks de San Jose) gravissent les échelons et demeurent dans la LNH, décisions qui ont bouleversé l’échiquier du club junior de Québec.

Qui sait si l’ascension de Zachary Bolduc ne pourrait pas être plus rapide que prévu chez les pros l'an prochain? Le franc-tireur de Trois-Rivières a été discret en séries, mais il est rempli de talent. Que dire de Théo Rochette? Son futur à Québec semble plus incertain que jamais, mais sa situation pourrait évoluer au repêchage de la LNH.

Signe que le succès est bien éphémère au hockey junior, les Rouges ne sont qu’à quelques coups de dés de se retrouver sans coupe du Président pour un petit bout de temps encore.

Le temps d’une reconstruction... que Patrick Roy choisira peut-être de ne pas entreprendre.