La pénurie de main-d’œuvre chamboule la saison touristique au Bas-Saguenay

En raison de la pénurie de main-d’œuvre amplifiée par la pénurie de logements, des entreprises touristiques du Bas-Saguenay seront dans l’obligation de diminuer leurs prestations de services, cet été, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir de certaines d’entre elles.


La pénurie de main-d’œuvre touche effectivement le Bas-Saguenay, et ce, à quelques jours du lancement de la saison touristique estivale. La situation obligera la clientèle touristique à mieux planifier sa fréquentation des établissements, notamment dans la restauration.

Frank Turcotte, directeur du Village Vacances Famille (VVF) de Petit-Saguenay, affirme qu’à défaut de recruter les 12 employés supplémentaires qu’il lui faudrait, l’organisation devra accueillir les touristes avec les 58 employés en place, non sans couper dans les services offerts.



« Nos séjours incluent l’hébergement, les repas, les activités encadrées, déjeuners et soupers. Habituellement, on offre le dîner en supplément. Aucun dîner ne sera offert sur place cette année, faute de personnel », affirme M. Turcotte.

L’offre de dîners en supplément était utilisée par 15 % de la clientèle. La disparition du service signifiera donc, en fin de saison, une baisse de revenus correspondante. La présence d’un « shop café », avec l’offre de vente de conserves, pain, lait, œufs, en collaboration avec l’épicerie coopérative du village pour le prêt-à-manger, représente une alternative.

Côté main-d’œuvre, M. Turcotte mentionne que la situation laisse peu de marge de manœuvre au VVF pour remplacer les employés absents pour cause de maladie, les congés sociaux, etc.

À cette rareté de la main-d’œuvre s’ajoute la pénurie de logements pour les jeunes travailleurs. « On a trouvé des jeunes qui étaient prêts à venir travailler, mais qui ne sont pas mobiles. Je dois les loger sur le site avec une trentaine de places. À Petit-Saguenay, tout est plein. »



Plusieurs solutions ont été envisagées, dont l’achat de roulottes, mais ça nécessite des dépenses importantes pour se brancher au système de récupération des égouts, à l’électricité, l’aqueduc, de sorte que l’idée a été abandonnée.

Finalement, des employés acceptent de loger en mode camping dans des tentes prospecteurs avec un accès aux toilettes et douches du Village.

« On constate que cette année, c’est plus costaud. Ça varge à grands coups de deux par quatre », illustre-t-il. Pour offrir un peu de confort à ces employés, la direction a décidé de leur aménager une terrasse de dix pieds par quatorze au coût de 1300 $ uniquement en matériaux.

M. Turcotte se montre également critique envers le système d’immigration canadien puisqu’il a entrepris des démarches pour embaucher un travailleur étranger présent au Québec depuis quatre ans. Ces démarches étaient nécessaires en raison du fait que son permis de travail expire le 15 juin prochain. Après avoir déboursé 4000 $ en frais administratifs, M. Turcotte a reçu une réponse à l’effet que le délai de traitement pour le renouvellement du permis de travail varie entre six et 18 mois alors que cet employé potentiel avait été accepté il y a quatre ans.

D’autres potentiels travailleurs seraient les retraités d’expérience, sauf que les règles fiscales actuelles font en sorte de décourager ces personnes de 60 ans et plus, malgré les promesses électorales répétées.

Le directeur du Village rappelle qu’il y a trois ans, une analyse avait été faite dans le milieu afin de mutualiser les services de travailleurs dans les différents établissements du Bas-Saguenay. Sur 211 postes à pourvoir au Bas-Saguenay, seulement huit étaient mutualisables.



Malgré les difficultés de recrutement de main-d’œuvre, la clientèle du Village sera au rendez-vous, puisqu’au 25 mai, le taux de réservation se situe à environ 81 %, sur un objectif de 89 %.

L’Anse-Saint-Jean

Ailleurs au Bas-Saguenay, L’Anse-Saint-Jean vit la même situation de pénurie de main-d’œuvre, ce qui a incité les propriétaires du Café du quai, du Camp de base et du Bistro La Chasse-pinte à organiser l’offre différemment à la suite d’une rencontre, explique Ève Breton-Roy, directrice du marketing au Bistro la Chasse-Pinte.

« On veut s’assurer que la clientèle aura accès à des services de restauration malgré le fait qu’on offrira des services réduits », explique-t-elle. L’offre de services réduits en raison de la pénurie de main-d’œuvre fait en sorte que moins d’employés ont besoin d’être logés, ce qui vient atténuer la pénurie de logements temporaires.

C’est ainsi que le Camp de base ouvrira cinq soirs par semaine pendant l’été tandis que le Bistro la Chasse-Pinte n’offrira plus de services de repas au déjeuner et au dîner en raison de la difficulté à recruter cinq personnes à la cuisine et trois autres au service aux tables. L’établissement sera en opération du mercredi au dimanche de 15 h à minuit, mais sera fermé les lundis et mardis. Le Café du quai est ouvert sept jours par semaine, mais fermera pour sa part à 16 h.

À la suite de l’acquisition du restaurant Le Grillon par la Chasse-Pinte, Mme Breton-Roy a mentionné que cet établissement accueillera les boutiques Kao Chocolat et les produits de la boutique de la Ferme d’en haut, au cours des deux prochaines années. Cet accord est intervenu en raison des travaux d’assainissement des eaux et de réfection de pavage qui sont prévus sur la rue Saint-Jean-Baptiste.