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Une voix qui rentrait dans les maisons le matin comme une tonne de briques. Qui faisait trembler la ville et ses élites. Paralysait les projets et l’énergie des acteurs locaux.

Dictait l’agenda des médias qui pendant longtemps, se sont sentis l’obligation de le suivre tant son tirant d’eau était fort.

Journaliste débutant, au début des années 80, notre chef des nouvelles, souvent en panne d’imagination, se rabattait sur les histoires de Arthur qu’il nous demandait de reprendre.

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La cause du décès n’a pas été communiquée. Mercredi, il avait annoncé sur le réseau social qu’on lui avait découvert une broncho-pneumopathie chronique obstructive jamais diagnostiquée. Le décès est survenu à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Controversé, se qualifiant lui-même de polémiste, il a occupé les ondes de Québec depuis le début des années 80.

M. Arthur fut également député indépendant de la circonscription fédérale de Portneuf—Jacques-Cartier de 2006 à 2011.

Après sa défaite électorale, il avait effectué un retour à la radio, qui n’avait pas été sans controverses. Il a notamment été remercié par CHOI Radio X en 2016, puis par la radio BLVD 102,1, après avoir tenu des propos homophobes, en 2018.

«J’ai eu le privilège d’avoir eu une carrière de chauffeur d’autocar, d’arbitre de sport, d’élu à la chambre des communes comme indépendant sans allégeance à un parti, une place dans les médias qui j’espère n’a laissé personne indiffèrent et que j’ai réussi à vous faire rire», a-t-il écrit dans son gazouillis posthume.

André Arthur laisse dans le deuil son fils René, ses trois petits-enfants, sa fille Pascale, sa «tendre Lucy» et son frère Louis.

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J’ai eu le privilège d’avoir eu une carrière de chauffeur d'autocar, d’arbitre de sport, d’élu à la chambre des communes comme indépendant sans allégeance à un parti, une place dans les médias qui j’espère n’a laissé personne indiffèrent et que j’ai réussi à vous faire rire. pic.twitter.com/ub3RlKCro8
— André Arthur (@AndreAr94310915) May 9, 2022

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Une banale grippe chinoise devient un très féroce coup de pelle derrière la tête avec la découverte d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (COPD) jamais diagnostiquée.

Héritage de cigarettes abandonnées depuis plus de 40 ans.

*
— André Arthur (@AndreAr94310915) May 4, 2022

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À l’hôpital…

En début de soirée, j’arrive à mon 34e “mon cher” de la journée.

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On s’y résignait, à contre-coeur. On avait vite compris que les histoires de Arthur, ces scandales qu’il voyait partout, faisaient partie d’un spectacle dont il était le maître incontesté. Ce qui n’en faisait pas nécessairement des histoires vraies ou d’intérêt public.

Une de ses grandes habiletés a été de mobiliser ses auditeurs.

Il lançait une hypothèse, parfois bien intentionnée mais pas toujours et ouvrait ses micros.

«À la gang on sait tout». Une recette dévastatrice qui lui a souvent permis de mener le jeu de l’information locale.

Au moment d’annoncer sa propre mort sur Twitter, dernier refuge d’une liberté de parole que les médias traditionnels ne voulaient plus assumer, ce sont ces mots qu’il a choisi de laisser à ses 22 000 abonnés : «Faites-moi plaisir. À gang on sait tout!! Faut qu’on se parle». Comme s’il voulait poursuivre la conversation.

Un talent de communicateur et de vulgarisateur inégalé. Une culture politique et scientifique fabuleuse doublée d’une mémoire phénoménale des détails. Un sens de l'humour tonitruant.

Il méprisait en général les médias et les journalistes qu’il trouvait médiocres ou complaisants. Mais savait reconnaître le travail d’enquête bien fait, surtout lorsque la cible était les «élites» qu’il exécrait tant.

Je suis ainsi passé quelque fois à son micro où il était d’une gentillesse et d’un empressement qui n’avaient d’égales que ses mesquineries et basses attaques du lendemain.

Arthur avait une intelligence diabolique et ce sens critique exacerbé qui lui faisaient trouver des liens surprenant entre les faits et les personnes, y compris quand il n’y en avait pas.

Il se plaisait à répéter que rien n’arrivait par hasard, ce qui suggérait qu’il y avait toujours derrière un complot, un agenda caché ou une malversation.

Les faits lui donnaient parfois raison, mais pas toujours.

Le talent du «roi Arthur» était floué d’une mauvaise foi crasse. D’une méchanceté sadique à pourfendre et chercher à humilier ceux qu’il associait à l’élite.

Ou qui, simplement, défendaient des valeurs différentes des siennes. Des valeurs de «gauche» ou communautaires, d’ouverture aux différences sexuelles, ethniques ou religieuses.

Arthur était ailleurs. Dans la rectitude américaine de droite, irrévérencieuse et hargneuse, dont il était admirateur. Une parenté avec les Rush Limbaugh et Howard Stern.

André Arthur a passé sa vie d'animateur à dire que le Québec était un «pays de cul» et sa capitale, une ville qui «pétait plus haut que le trou».

Cela ne l’a pas empêché, à un moment où aucun propriétaire de radio ne voulait prendre de risque avec lui, d’accepter un poste à la radio touristique de Québec à la veille des fêtes du 400^e.

Avec Arthur tout était permis, y compris ses propres contradictions, conflits d’intérêts et vendettas, pourvu qu’il y trouve son compte et sa gloire personnels.

Lorsqu’il s’est fait élire comme député fédéral de Portneuf en 2006 et 2008 il a continué à conduire des autocars, négligeant souvent de se présenter aux Communes. (Dans une première version du texte, j'ai mentionné par erreur qu'il avait été élu comme conservateur, mais c'était comme indépendant. Les conservateurs lui avaient laissé le chemin libre en 2008).

On imagine le scandale s’il s’était agi d’un autre député et qu’il avait été au micro. Mais les électeurs de Portneuf le savaient et ont choisi de le réélire.

Jusqu’à la toute fin, il aura été celui qu’il annonçait dans son mot de présentation sur Twitter:

Un «polémiste désagréable et contrarieux. Le bonheur pour un arbitre de sport, c'est quand personne ne le remarque. Ou que les deux équipes le détestent». Il avait manifestement choisi cette seconde option.

Trois jours avant son décès, il s’en prenait sur Twitter au personnel à son chevet à l’hôpital.

«À l’hôpital… En début de soirée, j’arrive à mon 34^e “mon cher” de la journée. Prononcé avec la petite voix de gardienne de garderie, ça use le moral».

Dans les jours qui ont précédé, ce fut Régis Labeaume et sa nouvelle chronique dans La Presse.

«Labeaume plonge dans l’écriture pour LaPresse et frappe aussitôt le mur du narcissique. Tous compte fait, il n’y a que lui d’intéressant.

Le déficit de tibia».

Ce fut «la bêtise syndicale», les vieux «snow birds» des militaires.

Le ton grognon et le cynisme, jusqu’à son dernier souffle.

Il avait mis en scène son départ sur Twitter.

«Une banale grippe chinoise devient un très féroce coup de pelle derrière la tête avec la découverte d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (COPD) jamais diagnostiquée. Héritage de cigarettes abandonnées depuis plus de 40 ans».

Il avait planifié son départ et cette série de messages mis en ligne sur Twitter quelques heures après sa mort:

«Aujourd’hui, le 8 mai 2022 à l’hôpital Laval je suis mort. Je laisse dans le deuil mon fils René (Jade), mes 3 merveilleux petits enfants, ma fille Pascale (Louis), ma tendre Lucy et mon frère Louis (Réjane)».

«J’ai eu le privilège d’avoir eu une carrière de chauffeur d'autocar, d’arbitre de sport, d’élu à la chambre des communes comme indépendant sans allégeance à un parti, une place dans les médias qui j’espère n’a laissé personne indiffèrent et que j’ai réussi à vous faire rire».

Il nous a parfois fait rire. Impressionné et enseigné. Mais aussi beaucoup déçu, choqué et dégoûté pour un animateur aussi talentueux.

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