Le hasard fait parfois bien les choses. Ou c’est peut-être qu’il n’y en a pas, de hasard, justement, philosophe la chanteuse originaire du Lac-Saint-Jean. Lorsqu’elle a demandé à ses fans, au terme d’un énième concert virtuel, en pleine pandémie, ce qu’ils souhaitaient entendre comme reprises, on lui a soumis des artistes et des chansons qu’elle aurait elle-même choisies.

À commencer par Ginette Reno, dont elle a repris le répertoire pour faire un premier opus À ma façon en début d’année, et par Céline Dion, autour duquel tourne le nouvel album de cette série, qui sera lancé ce vendredi.

« C’était un prétexte pour moi de la chanter. J’ai grandi avec le début de sa carrière, alors quand Céline a sorti ses premiers 33 tours dans le temps, moi j’étais la première à courir pour aller les acheter. Je mettais ça sur mon tourne-disque dans ma chambre, je chantais par-dessus Céline Dion, j’essayais d’atteindre ses notes, de faire tout ce qu’elle faisait, parce que c’était une nouvelle chanteuse qui me rejoignait vraiment », raconte Guylaine Tanguay.

Une inspiration

Du loin de son « petit village », dans sa famille modeste et « pas du tout dans le show-business », cette dernière trouvait en Céline Dion un exemple, une preuve que l’ascension était possible, jusqu’à la télévision. « Parce que quand j’étais jeune, chanter à la télé, c’était le summum de la carrière, dans ma tête. Je me disais que ça se pouvait, si eux avaient réussi à le faire et n’étaient pas une famille riche. […] Ça m’a donné beaucoup d’espoir de la voir aller. »

Avec Céline À ma façon, Guylaine Tanguay revisite ces titres qui l’ont bercée, qui l’ont fait pleurer et qui lui ont presque servi de cours de chant, tellement elle les a chantés. L’album porte toutefois bien son nom, puisqu’elle le fait à sa façon, avec une saveur country, juste assez décalée pour donner un nouveau souffle aux versions originales, sans leur faire ombrage.

La Jeannoise reprend autant les grands succès de Céline, tels que Pour que tu m’aimes encore et My Heart Will Go On, que les chansons qui ont aidé à lancer sa carrière, comme Mon ami m’a quitté et D’amour ou d’amitié, qui figuraient également parmi les demandes du public.

« J’étais contente, parce que ça, c’est mon époque à moi, c’est là où j’ai chanté Céline du matin au soir dans ma petite chambre rose à Girardville. Ces chansons-là me manquaient et je n’étais pas seule. C’est une preuve que mon public fit bien avec moi aussi, on a les mêmes goûts et la même envie d’entendre certaines chansons. »

À défaut d’avoir obtenu la bénédiction directe de l’artiste à qui elle rend hommage avec ce projet, comme ce fut le cas avec Ginette Reno, Guylaine Tanguay a eu celle de la sœur de Céline, Claudette Dion, avec qui elle partage une belle amitié.

Celle-ci sera même à ses côtés pour le lancement virtuel, ce vendredi à 20h sur la plateforme Live dans ton salon, dans un rôle d’animatrice. « Ce qu’on voulait créer, c’est d’amener le pourquoi de ces chansons-là, de l’expliquer, d’en parler. […] C’est de ramener toute l’importance que Céline Dion a dans la vie de bien des chanteuses et chanteurs, et dans ma vie à moi. Tout ce qu’elle a amené et qu’elle m’amène encore, puisqu’à mon âge, je chante enfin ses chansons sur un album. »

En attendant, son spectacle-lancement sera disponible entre le 6 et le 16 mai sur Live dans ton salon. Le troisième chapitre de la série À ma façon, aussi prévu pour 2022, réunira quant à lui les coups de cœur du public de Guylaine Tanguay et accordera une grande place à la chanson française.

« Je l’ai tellement écoutée quand j’étais jeune, parce qu’elle était toujours à la télévision. Même si les textes étaient trop vieux pour moi, j’aimais son répertoire », a raconté l’artiste à l’occasion d’une entrevue téléphonique accordée au Quotidien. Avant de pousser la note, cependant, elle tenait à obtenir le feu vert de Ginette Reno, par l’intermédiaire de son fils Pascalin.

« À mes yeux, c’était super important de lui parler afin de savoir ce que sa mère pensait de ce projet. Elle a exprimé son accord et nous devions nous faire photographier ensemble, mais le confinement a rendu la chose impossible. Par contre, Ginette a écrit un mot touchant qui figure sur l’album », rapporte Guylaine Tanguay.

Une fois dans le studio, bien sûr, il n’était pas question de produire un calque des enregistrements originaux. Il fallait ouvrir une perspective différente et tout naturellement, Ginette à ma façon a épousé des couleurs country. Elles émanent de la voix de la chanteuse et de la steel guitar, sans toutefois détourner l’attention des textes.

« Moi et Sébastien Dufour, qui a assuré la réalisation, nous souhaitions intégrer la steel avec finesse. Je trouve cet instrument tellement réconfortant », fait valoir l’interprète. Quant au travail vocal, il n’a pas été aussi ardu qu’on pourrait le croire, et d’après la principale intéressée, une part du mérite revient au public.

« Il y a eu des coups de cœur de sa part, des titres qui revenaient tellement souvent que c’en était drôle. L’essentiel, par exemple, de même que Ça va mieux, Un peu plus haut, un peu plus loin et Je ne suis qu’une chanson, relate Guylaine Tanguay. En même temps, ceux qui me suivent depuis longtemps ont choisi des pièces qui m’allaient bien. Des pièces que moi-même, j’avais le goût de faire. »

Céline au printemps

Disponible depuis le 11 février, Ginette à ma façon a donné lieu à un spectacle virtuel présenté ce jour-là, par le truchement de Live dans ton salon (avis aux amateurs, on peut le visionner jusqu’au 15 février). C’était un juste retour des choses, puisque la décision de sortir trois albums cette année découle des nombreuses apparitions de Guylaine Tanguay sur cette plateforme.

« Il s’agit d’un bel outil et je crois que même après la pandémie, on continuera de s’en servir, estime la chanteuse. Si j’ai un projet spécial qui ne justifie pas de partir en tournée, un spectacle de Noël, par exemple, le virtuel constituera une option intéressante. L’important, c’est de proposer des productions de qualité, comme le fait Live dans ton salon. »

À l’image de tant de camarades, c’est la fermeture des salles qui l’a poussée à explorer ce médium. Elle y a repris ses différents spectacles, avant d’étrenner une formule baptisée À ma façon. Le public était invité à soumettre des demandes spéciales et plus le temps passait, plus des tendances se dégageaient, ce qui a mis la puce à l’oreille de son mari et gérant, Carl Bazinet.

« C’est lui qui m’a suggéré de faire trois albums à partir de ça. Le premier, c’est Ginette Reno, tandis que le deuxième, qui doit sortir au printemps, sera consacré à Céline Dion. Quant au dernier, il regroupera des pièces variées. On va l’appeler Vos coups de cœur à ma façon et il sera disponible à l’automne », révèle Guylaine Tanguay.

Un spectacle inspiré par ces enregistrements sillonnera le Québec en octobre et novembre. Il comportera également des extraits tirés de Country, un album qui a été mis en marché dans les premiers mois de la crise sanitaire. « On va mettre du gaz dans le char et prendre la route », lance la chanteuse avec entrain.

D’ici là, elle promènera deux concepts qui l’ont aidée à garder le contact avec le public, Thérapie country et À deux mètres du bonheur. Le moment est venu d’honorer les reports, en espérant que la reprise amorcée cette semaine ne constituera pas un mirage. « Avant, c’était compliqué de sortir parce que les normes changeaient tout le temps. Là, je vais me payer la traite », assure Guylaine Tanguay.