Les femmes plus nombreuses à travailler au salaire minimum

Les femmes sont payées en moyenne 3,50 $ de moins l’heure que les hommes.

Depuis dimanche, le salaire minimum est passé de 13,50 $ à 14,25 $ l’heure. Une personne qui travaille 40 heures par semaine terminera l’année avec un salaire brut de 29 640 $ et peinera à joindre les deux bouts.


Avec la hausse du prix de l’essence, des loyers et de l’épicerie, on constate facilement qu’un employé au salaire minimum n’arrive tout simplement pas à arrondir leurs fins de mois. Et la plupart du temps, les femmes sont davantage touchées par cette situation. Au Québec, 58 % de la population féminine qui travaille gagne le salaire minimum.

«Dans la région, les hommes gagnent en moyenne 3,50 $ de plus pour chaque heure travaillée comparativement aux femmes», note la coordonnatrice à la Table de concertation des groupes de femmes Saguenay-Lac-Saint-Jean (Récif 02), Gisèle Dallaire. L’organisme joint sa voix aux dizaines d’autres qui demandent de hausser le salaire minimum à 18$ l’heure.

«C’est une véritable course à obstacles pour une femme, image Mme Dallaire. Toute petite, à l’école, elle se fait orienter vers des métiers traditionnellement féminins comme l’enseignement, la santé ou la coiffure. Tous ces secteurs d’emploi sont moins rémunérés. Même les stages, il est démontré qu’ils sont plus souvent rémunérés dans les domaines traditionnellement masculins.»

Cette disparité est visible également dans les demandes faites aux organismes. L’intervenante souligne que 81 % des appels pour des demandes d’aide sont faits par des femmes.

Un revenu viable pour tous

Gisèle Dallaire fait partie de ceux qui croient à un salaire minimum garanti pour que tous aient une chance de se sortir de la pauvreté.

Selon l’Institut de recherche et d’information socioéconomique (IRIS), le revenu viable à Saguenay était en 2021 de 24 433 $ pour une personne seule, 43 183$ pour un ménage monoparental avec un enfant en CPE et 58 695 $ pour un couple avec deux enfants en service de garde.

Ce revenu permet à la personne de se sortir de la pauvreté et de vivre dignement. En ce sens, Gisèle Dallaire souligne que pour rester active sur le marché du travail, l’employée doit avoir un minimum de dépenses. «Pensons à des vêtements convenables, un cellulaire et une voiture. Il faut minimalement cela pour rester dans la game. Au salaire minimum, c’est déjà beaucoup», souligne-t-elle.

À 14,25 $ l’heure, le filet de sécurité n’est pas grand et chez Récif 02, les intervenantes voient beaucoup trop souvent des gens qui par fierté ont attendu un peu trop longtemps avant de demander de l’aide. «Certains vont avoir deux ou même trois emplois pour tenter de joindre les deux bouts», termine Mme Dallaire.